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| + i see flowers everywhere (w/timothy) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: + i see flowers everywhere (w/timothy) Mar 22 Jan - 2:31 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------D’un geste de main fébrile, elle verrouilla le loquet de la porte, y enfermant ses démons et ses hantises. Là, de l’autre côté, dans le couloir d’asphalte et de pierres taillées qu’elle emprunterait d’ici quelques heures à nouveau. Pour se rendre au même endroit. Pour frissonner des mêmes craintes quotidiennes que celles qui avaient secoué sa journée, et qui la laissaient hagarde, silencieuse, épuisée plus que de coutume. Dans ces moments-là, elle avait le vague sentiment d’avoir oublié la plénitude d’un Poudlard en paix ; l’époque glorieuse de Dumbledore, où elle s’était sentie en sécurité entre ces murs. A sa place. Le Directeur de Poudlard n’était plus, et une main de fer s’était à présent refermée sur le château, glaçant d’horreur chaque parcelle, chaque pierre de celui-ci. Même les appartements où Juliet passait une bonne partie de l’année n’avaient plus la même allure accueillante. Restaient cependant, ses petites marques de présence, les fleurs qu’elle avait cueillies, des années auparavant, et qui continuaient de vivre une pleine jeunesse comme à leur premier jour (la magie avait du bon parfois), ou encore ses affaires à elle, tout ce qu’elle entassait ci et là. Il y avait des livres, près d’un fauteuil non loin d’une cheminée qu’elle ne parvenait jamais à allumer autrement que par magie, il y avait de la paperasse inutile, des objets sans grande valeur. Ne manquaient que les photos de sa famille, les albums qu’elle avait constitués les étés quand elle rentrait de Poudlard, pour les emporter à l’école et ainsi se sustenter d’une certaine présence des siens, malgré la lourdeur de la distance. Ceux-ci, elle les avait cachés, ou rendus à ses parents, voire détruits, un pincement lui arrachant le cœur, mais son esprit lui rappelant que c’était la meilleure chose à faire.
Et on pouvait presque croire qu’elle s’était déjà résignée à cette tâche, à n’être rien. Les épaules retombées avec lassitude, son gilet de laine ayant glissé, découvrant le laiteux de sa peau, elle fixa toute son attention sur le journal qu’elle avait ramené avec elle. Depuis la rentrée déjà, elle esquivait la Grande Salle et les repas interminables et baignés de tension où les Mangemorts régnaient en maître. Avec la complicité du Professeur McGonagall et d’autres, elle passait en cuisine à une heure bien tardive, avant de se réfugier ici, presque chez elle. Les articles en première page du journal lui avaient cependant coupé l’appétit. Ce torchon hurlait de plus en plus ouvertement sa servitude indéniable au Mage Noir et à ses disciples, et, dans un coin de page, il vantait presque la disparition de quelques noms impurs de familles moldues ayant engendré des sorciers. Buckett, Smith, Boyle, les noms de n’importe qui ; de – peut-être – des proches des élèves qui étaient actuellement à Poudlard. Des proches de ceux qu’elle laissait constamment tomber, en préférant se protéger, se préserver elle plutôt que de les aider eux. Quand elle imaginait la bravoure avec laquelle certains de ses collègues professeur agissaient, elle se maudissait plus encore. Voilà comment Juliet rendait justice au nom des Moseley, à sa famille et à la chance qu'elle avait, de pouvoir agir, de pouvoir faire quelque chose.
Ce n’était guère surprenant ; elle avait beau être une sorcière, elle se disait parfois qu’elle occupait la place que Dumbledore aurait confiée à un Cracmol – comme Rusard – celle d’une bibliothécaire qui vivait par procuration, à travers des livres écrits par d’autres. Si seulement, parfois, elle pouvait avoir leur courage, leur volonté ; elle ne manquait pas de soif de vie, pourtant. Si ces soucis avaient souvent préoccupé l’esprit de la jeune Moseley à une époque, il n’en était plus pareil à présent : la guerre était dehors, et la nuit, déjà tombée sur les plaines rocailleuses d’Ecosse, lui paraissait de plus en plus épaisse à chaque nouveau crépuscule. Le temps n’était plus à rêver, plus à voyager ou à partir découvrir le monde qui se fanait peu à peu, c’était trop tard, pour des occupations si triviales. La triste réalité l’englobait, l’emprisonnait dans un carcan de velours indélicat : le luxe de vie dans lequel elle s’était baignée avec tant de facilité, la menait peu à peu à sa perte. En s’écartant de la porte, elle déposa le journal sur le premier meuble qui se présentait à elle, avec pour projet silencieux de jeter cette horreur au feu sitôt qu’elle se serait donnée la peine d’en allumer un, rien que pour ajouter un peu de chaleur à la pièce. D’une œillade azurée, elle trouva la pile d’objets emballés dans du papier kraft qu’elle gardait soigneusement cachée à la vue de n’importe quel visiteur imprévu : elle attendait le bon moment pour envoyer ces objets, alimentant le vain espoir qu’il y ait, d’ici peu, une journée propice à se livrer à de tels détails que le courrier de Noël. C’était la première fois, depuis le début de sa vie, qu’elle n’assistait pas à cette célébration avec les siens : cette année, elle s’était enterrée au Trois Balais ; elle avait voulu assister à la messe de Pré-Au-Lard, rien que par curiosité, avant de finir par comprendre que celle-ci n’aurait pas lieu. Il n’y avait, de toute manière, que de rares âmes égarées dans le petit village ci-bas – quelques courageux, et des Mangemorts. Pas de quoi faire une célébration de Noël. La bièraubeurre avait su chasser ses mauvais démons toute la soirée durant, mais plus les jours passaient, et plus la grisante sensation de vide l’envahissait.
Ni courrier, ni cadeau ; elle tenait sa promesse jusque-là, parfois avec plus de difficulté qu’elle ne l’aurait cru et ce soir, alors qu’elle demeurait sans nouvelle, solitaire en une pareille soirée de désarroi, la tâche s’avérait presque insurmontable. Elle avait passé trop d’années à être accrochée aux siens, et aux idéaux d’une enfant qu’elle ne devait plus être : la chute était rude, mais heureusement, dans le silence de ses appartements, personne n’était là pour voir les illusions s’effacer, le doux visage de Juliet s’affaisser. Elle n’était pas la seule, prisonnière dans cette guerre, victime des horreurs du château. Il y avait des élèves, des enfants ici sans cesse torturés par la peur au ventre, ou par des coups de baguette qui allaient au gré des humeurs des professeurs et des surveillants particuliers. Alors pourquoi, pourquoi est-ce qu’elle s’octroyait le droit de pleurer ? Elle s’en rendit compte lorsqu’un sanglot manqua de pointer entre ses lèvres, qu’elle dut chasser quelques larmes du coin de ses yeux pour y voir clair à nouveau. Elle s’était laissée tomber, de fatigue ou par simple réflexe mécanique, contre un fauteuil confortable, resserrant l’étreinte chaleureuse de son gilet autour de ses épaules. Peut-être était-ce parce qu’aujourd’hui encore, et demain encore ainsi que tous les jours à venir, ses espoirs seraient annihilés par cette crainte viscérale, par son impuissance ? Chaque nouveau sorcier traqué, chaque nouvelle famille moldue tuée pouvait guider les suppôts de Voldemort aux siens, mais elle restait là ; là, figée dans son incapacité à faire autre chose qu’espérer, rêver, idéaliser le monde. L’amertume la faisait pleurer, une certaine haine d’elle-même, de ce qu’elle prenait parfois comme un manque de courage désespérant. Et voilà qu’elle était à nouveau plus pitoyable que quelques minutes plus tôt. Et on frappa, la ramenant, dans un sursaut nerveux, à la réalité. A ses ennemis, ses potentiels tortionnaires, meurtriers, qui pouvaient se trouver de l’autre côté de la porte. A rire, sûrement, de sa bêtise, de l’entendre pleurer de l’autre côté, juste pleurer et ne rien faire d’autre.
Mais est-ce que les Mangemorts venant cueillir un né-moldu, un sang impur se donnaient la peine de frapper à une porte ? D’autant plus au sein même de Poudlard ? Elle souffla à cette idée, pinçant les lèvres et, usant enfin d’une certaine dose de courage pour se lever. Hésiter, faire le tour de son fauteuil dans l’espoir de trouver la réponse à ses questions dans le dossier de celui-ci. Et puis finalement s’engager vers la porte. Mais s’arrêter, chercher un miroir, n’importe quoi qui reflèterait son visage de manière à ce qu’elle puisse en effacer toutes les marques de malheur déplacé. Rien. Manquant de pester, elle se contenta donc d’un revers de main sous l’œil droit, et puis d’un autre sous l’œil gauche, quelques vagues caresses de ses doigts sur ses joues et une vaine tentative de placer une mèche rebelle derrière son oreille. Au cas où sa voix était enrouée, elle toussota légèrement également, en ouvrant la porte sur son visiteur imprévu. Peu d’élèves connaissaient l’emplacement de ses appartements, mais la surprise de Juliet ne fut que demie, lorsqu’elle reconnut le facies de Timothy, à la lumière des torches de Poudlard rencontrant celle qui émanait de ses appartements. La sorcière eut l’espace d’un instant l’air stupide de celle, la bouche vaguement ouverte, qui cherchait ses mots, et se maudissait vraiment de ne pas avoir trouvé un miroir pour mieux arranger son visage et son allure. Il pouvait toujours croire qu’elle était fatiguée. Ou ne pas poser de question. Ou… « Monsieur Sweetlove, hem… Et les mots lui manquaient déjà, tout son esprit était concentré sur la tête qu’elle pouvait avoir, les potentielles traces de larmes qu’elle avait mal effacées, son foutu gilet, qui était à nouveau retombé - qu’elle remonta bien vite. Je… je n’attendais pas vraiment de visite. Il est tard… » C’était totalement impoli comme accueil, elle s’en rendit compte et heureusement, son regard clair avait trouvé d’instinct les livres qu’il avait avec lui, elle tenta de se rattraper, dans un sourire. « Je veux dire, vous êtes en retard. Encore. » Si elle n’avait pas usé d’un ton charmant, on aurait presque pu discerner un agacement dans la voix de la jeune femme. Heureusement, rien qu’une présence rassurante – surtout celle de Timothy – suffisait à la faire sourire. En désespoir de trouver une meilleure réplique, elle s’écarta, invitant d’un signe son interlocuteur à entrer, entrer dans son sanctuaire de désespoir et de solitude. Et d’autres choses. « Vous devriez entrer. Je ne voudrais pas qu’un élève ait à entendre un de ses professeurs se faire réprimander par la bibliothécaire de l’école. » Elle l’avait prévenu, après tout ; car oui, c’était ça, son jeu de scène quotidien, se laisser aller à tous ses doutes le soir venu, mais, dès le lendemain, tout effacer pour redémarrer à zéro. Ce serait presque déplacé de l’admettre, mais Timothy au moins, représentait un point d’accroche dans la vie de Juliet, il était un de ces êtres, qui parvenait à chasser ses démons d’un simple regard. |
| | | | Sujet: Re: + i see flowers everywhere (w/timothy) Mar 29 Jan - 22:16 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------Assis sur un rebord de fenêtre gelé de la volière, j'avais laissé mon regard se perdre sur l'immensité du loch magique écossais. Le domaine de Poudlard était enveloppé depuis la veille d'un épais manteau neigeux, recouvrant par la même occasion le lac d'une couche glacée. Habituellement un moment de fête, la période Noël était l'une des plus gais de l'année, même chez les sorciers. Les pensées cruellement nostalgique, je me remémorais les repas de Noël passés au château, les rôtis de dragons à la sauce au poivre, les puddings farfelus aux épices, les crackers pétaradants que nous faisions exploser à la fin des repas. Les soirs de réveillons avaient toujours été très chaleureux à Poudlard. La frivolité des bals de Noël, les parties de Quidditch improvisées sur le lac gelé et les batailles de boules de neiges ensorcelées me manquaient terriblement. Pour avoir passé plusieurs vacances de Noël à Poudlard lors de ma scolarité, j'avais gardé des souvenirs impérissables de l'ambiance qui régnait au château à cette époque. Même éloigné de ma famille, j'avais su profiter de la magie qu'offrait ces quelques jours de relâche. Les amis, les professeurs et les elfes de maison se transformaient en une joyeuse famille de remplacement le temps d'une semaine. Faisant oublier les examens, la séparation et tout les autres problèmes qui pouvaient occuper l'esprit d'un jeune de sorcier de premier cycle. Les cadeaux et les cartes de voeux étaient alors accueillis avec la plus grande joie, gommant durant quelques minutes le pincement au coeur que l'on pouvait ressentir.
C'est en lâchant un soupir de lassitude, que j'effaçais ces heureux souvenirs de mon esprit. Avec amertume que je m'étais résolu à accepter que ces temps chaleureux étaient à présent bien révolus. Les Noëls avaient perdu toute leur signification de paix et de partage, tandis que Poudlard avait égaré son âme depuis le retour du Mage Noir. Posté à l'un des points culminants du château, je repensais au corps du professeur Dumbledore chutant depuis le haut de la tour d'astronomie. Mes yeux se clôrent un moment et j'abaissais le menton, comme s'il fallait se soumettre. Je n'avais pas passé Noël avec mes proches cette année, le phare gallois des Sweetlove était resté vide la nuit de l'avent. Habité d'une peur indéniable, ma mère avait convaincu mon père d'aller passer la période de Noël en Irlande dans ma famille moldue. Après un interrogatoire forcé au Ministère de la Magie, mon père qui travaillait au Département de Régulation des Créatures Magiques avait décidé donner son congé pour suivre ma mère dans son projet. Ma petite soeur Aurora avait également fait le déplacement, laissant sa boutique de Pré-au-lard derrière elle. La fuite, aussi lâche qu'elle avait paru, s'était avérée être pour ma famille la stratégie la plus sûre qu'elle n'avait jamais suivi. Je préférais savoir ma famille loin de moi et sûre, qu'à proximité et exposée au danger. Pour ma part, j'avais décliné l'invitation de mes parents pour rester au domaine. Entre la rébellion des centaures, la maltraitance infligée aux nombreuses créatures qui habitaient Poudlard, les elfes de maisons qui étaient persécutés ou encore les "consignes" prodiguées par le Directeur Rogue, je n'avais pas manqué de raisons pour rester à Poudlard. De plus, je savais que ma place était ici. Je n'avais pas voulu laisser le champ libre aux Carrows pour que ceux-ci profitent des vacances pour maltraiter encore plus d'élèves. Je n'avais pas la chance ou plutôt le courage de faire partie de l'Ordre du Phénix, mais ce n'était pas pour autant que je n'agissais pas dans mon coin. Protéger mes élèves, mes animaux et toutes les personnes auxquels je tenais à Poudlard avaient été des raisons motivantes pour rester cloitrer ici durant cette période d'hiver.
Alerté par des battements d'ails, je relevais les yeux pour apercevoir le plumage moucheté de ma chouette Héra. J'attrapais au vol l'enveloppe qui se déroba de ses serres et ôtais mes gants en cuir de dragons pour décacheter le seau des Sweetlove. Timothy. Toute la famille va bien et nous pensons très fort à toi. Si jamais tu changes d'avis, n'hésite surtout pas à venir nous rejoindre, même sans prévenir. Nous espérons que tu te portes bien et t'embrassons très fort. Prend soin de toi et écris-nous encore. Tes parents et ta petite soeur qui t'aiment. Après lecture, mes doigts replièrent le parchemin et un étrange sourire s'accrocha à mon visage. J'étais à la fois triste et rassuré. Ma famille avait passé un Noël doux loin de Londres et de l'Ecosse. Un Noël de l'autre côté de la mer. Recouvrant mes esprits, je rangeais l'enveloppe dans ma poche de blouson et me relevais en prenant appui sur les pierres immaculées de la volière. Le soleil se couchait sur le lac noir faisant prendre au ciel une teinte indigo. Il allait bientôt faire nuit et le repas allait être servi dans la Grande Salle. Interdiction d'arriver en retard, tels avaient été les mots du Directeur Rogue. Un dîner dans le silence où tout le monde se regardait en chien de faïence, n'osant poser sa fourchette trop fort de peur de se recevoir un sort, c'était un programme qui donnait envie. Enfin, il fallait profiter d'avoir à manger dans son assiette. Encore quelques temps et les Carrows priveraient de desserts tout ceux qui ne se soumettraient pas. C'en était très drôle quand on y pensait. Ou non d'ailleurs. Parfois je me disais que le mieux pour moi serait de quitter Poudlard. Peut-être pour m'installer à Pré-au-lard, mais très vite cette idée me semblait futile. Le village sorcier n'était pas beaucoup plus accueillant que les sombres murailles qu'étaient devenues le château de Poudlard.
Une heure et demie plus tard, je prenais la direction des escaliers pour regagner mes appartements. La journée avait été longue et mouvementée. Faire la police durant mes cours et supporter le comportement supérieur des sangs-purs commençaient à m'éreinter. Je poussais la porte de mes quartiers avec une certaine nonchalance et lassitude. La pièce était plongée dans le noir. Le rayonnement lunaire faisait luire le pelage de Poopy, le chartier que je possédais et dont je distinguais la silhouette endormie paisiblement sur un coussin du canapé. Dans la cheminée un feu enchanté crépitait tout doucement, enveloppant la pièce d'un peu de chaleur. Retirant mes bottes rongées par la neige, j'allais m'allonger sur le divan en faisant attention à ne pas déranger la créature qui dormait dessus. L'une de mes vertèbres fût alors gênée par un objet légèrement contondant. Je me redressais presto et passais ma main dans mon dos pour me saisir de l'objet. C'était un livre. Je me mis à sursauter et attrapais alors ma baguette dans la poche de mon jean. D'un geste fluide, la lumière fusa dans la pièce me permettant de lire le titre de l'ouvrage. 101 Espèces de Dragons. Je frappais le haut de mon crâne d'un revers de la main. J'avais une fois de plus oublié de rendre en temps voulu le fameux ouvrage que Juliet avait dégoté pour moi dans la réserve de la bibliothèque. Quel piètre professeur je faisais. Incapable de rendre ses livres à l'heure, un bel exemple pour les élèves. Je me retournais pour jeter un regard sur la pendule située au dessus de la cheminée et constatais qu'il était neuf heures bien passé. La bibliothèque était fermée à cette heure-ci, pour mon plus grand malheur. Je portais mon pouce à mes lèvres pour réfléchir quelques instants. Après une légère hésitation, je décidais d'aller voir si la charmante Juliet était encore debout. Elle s'était donnée du mal pour me trouver cet ouvrage. Peut-être me pardonnerait-elle (encore une fois) si je venais lui rapporter en main propre avec un joli sourire ? Je ne pouvais que tenter l'exercice avec un petit espoir dans un coin de la tête.
Mon poing s'écrasa sur le panneau de bois des appartements de Juliet. Malgré l'heure avancée, j'espérais que la jeune bibliothécaire ne dormait pas encore. J'étais soudain pris d'un doute, peut-être la dérangeais-je ? C'était inconvenant comme visite après tout. Si seulement j'étais capable de me souvenir des jours inscrits sur ce ticket de prêt, peut-être que je ne serrais pas obligé de venir ennuyer la petite fée des livres qu'était Juliet. Après quelques secondes, la porte s'ouvrit sur les yeux bleus azurés et le visage blême de la jeune femme. Un étrange halo rougeâtre maquillait le contour de ses yeux. Je grimaçais de bêtise, j'avais certainement du la réveiller. « Monsieur Sweetlove, hem… » dit-elle cherchant ses mots. Je baissais les yeux, couvert de honte, puis les relevais pour afficher une mine gênée. « Bonsoir Juliet. Je suis navré de vous déranger, je... » commençais-je moi-même mal à l'aise tout à coup. Juliet était quelqu'un de réellement adorable et je m'en voulais d'être aussi désordonné. La pauvre jeune femme faisait les frais d'un sorcier à la tête dans les nuages. « Je… je n’attendais pas vraiment de visite. Il est tard… » dit-elle en remontant le gilet qui avait découvert ses épaules. Je mordais une fois de plus ma lèvre inférieure en abaissant machinalement mon regard vers le bas. Je fixais soudain l'ouvrage que j'avais encore les mains, cherchant tout à coup une aide quelconque venant de sa part. « Je veux dire, vous êtes en retard. Encore » dit-elle soudain avec un ton plus souriant. Je me redressais pour lui rendre le sourire que je pouvais à nouveau percevoir avec bonheur aux coins de ses lèvres. Juliet avait un sourire radieux. C'était toujours un réel plaisir de venir emprunter un livre à la bibliothèque ou de lui demander un conseil. Pour moi, elle ressemblait à une petite fée bienveillante, il y avait quelque chose de très rassurant dans son sourire et aussi de très maternelle. Depuis la rentrée, elle était dénigrée par le Directeur Rogue à cause de la nature de son sang. Mais pour moi, elle valait une centaine de sang-pur et même plus. « C'est pour ça que vous m'appréciez n'est-ce pas ? » tentais-je en plaisantant pour détendre l'atmosphère. Je lui tendais le livre à deux mains en tremblant légèrement, lorsque la jeune femme s'écarta doucement de la porte, m'ouvrant le chemin vers l'intérieur de ses appartements. « Vous devriez entrer. Je ne voudrais pas qu’un élève ait à entendre un de ses professeurs se faire réprimander par la bibliothécaire de l’école » dit-elle accompagné d'un léger sourire aux coins des lèvres. J'étouffais un bref rire à sa taquinerie bienvenue, avant de me faufiler à l'intérieur de la pièce d'un pas glissant. C'était la première fois que j'entrais à l'intérieur des appartements de Juliet. Ils étaient décorés à son image, simples, épurés, des livres disposés dans chaque recoin. J'imaginais l'espace d'un instant Juliet assise au coin du feu, enroulée dans une couverture écossaise, lisant un livre à la lumière des flammes. Tant de douceur se dégageait d'elle. « Merci. Mais vous n'allez pas me réprimander, pas vrai ? » lui dis-je soudain en mettant les mains derrière mon dos et en haussant les épaules. Mon ton de petit garçon suppliant prit en faute était de retour, pour une énième tentative d'intimidation de la jeune bibliothécaire. La pauvre, elle devait penser que je moquais d'elle. Si elle savait que c'était tout le contraire, peut-être m'accorderait-elle plus de crédit. Je devais peut-être me conduire un peu plus en adulte responsable. « C'est la dernière fois...pour cette année. Je vous le promets » dis-je en esquissant un sourire pâteux. « En tout cas, merci beaucoup Juliet, d'avoir recherché cet ouvrage pour moi. Si je peux faire la moindre chose pour vous remercier, surtout n'hésitez pas. Si faire une chevauchée à dos d'hippogriffe vous tente un jour, vous n'avez qu'à demander » lançais-je d'un ton enjoué en souriant. Je me rendais compte que je n'avais rendu l'appareil à Juliet pour tout les retards qu'elle m'avait accordé. Pourtant, elle méritait une attention toute particulière pour supporter cela. |
| | | | Sujet: Re: + i see flowers everywhere (w/timothy) Mer 6 Fév - 0:45 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------Chaque aube nouvelle n’était qu’un combat de plus, qui vrillait son esprit et détruisait peu à peu les volontés qu’elle avait eues, en d’autres temps. Il était parfois difficile, dans les moments de solitude qu’elle vivait, de voir la Juliet optimiste et souriante qui s’exposait à la vue de tous quand elle le devait. Au fond, derrière ces apparats, restait la sorcière qui se questionnait sans cesse sur sa place, son utilité dans une bataille sombre qui semblait vouée à durer une éternité ; une sorcière qui craignait constamment pour sa vie, à cause de ses origines et plus particulièrement, pour la vie des siens. Ceux qu’elle avait laissés derrière elle à Londres, peu désireuse de les mêler aux trafics de l’Ordre du Phénix, qui auraient malgré tout pu lui permettre de vivre chacun de ces mois l’esprit tranquille. Sa famille n’appartenait pas au monde de la magie, encore moins aux guerres intestines qui réduisaient celui-ci en miettes, et Juliet s’acharnait à croire encore qu’elle avait pris la bonne décision. Qu’ils étaient mieux, plus en sécurité là où ils étaient qu’en plein milieu du champ de bataille, ou dans un camp de réfugiés du fin fond de l’Ecosse. Ou de plus loin, encore. A chaque aube, répondait un crépuscule noir qui lui enserrait les entrailles, l’instant où elle allumait cette radio, cherchant pendant de nombreuses minutes la fréquence de la radio pirate de l’Ordre, attendant, l’estomac noué, l’énoncé long et pesant des noms des sorciers et moldus disparus, ou tombés en combat. Peut-être bien que les Moseley bénéficiaient d’une étoile qui veillait sur eux, d’une manière ou d’une autre. Mais ici, entre les murs de Poudlard, le fardeau de Juliet s’alourdissait au fil des jours : tous ces secrets qui la mettaient en danger, tous ces Mangemorts qui aventuraient leurs pas à proximité de la bibliothèque, ces envies qui traversaient chaque fibre de son corps quand un étudiant se faisait martyriser à coup de Doloris juste sous ses yeux. Etait-ce une force, de la bravoure que de réussir à tenir bon malgré les doutes qui tenaillaient son âme avec violence, ou une lâcheté indigne d’une sorcière ? Ces questionnements étaient particulièrement acerbes, quand il s’agissait de s’infiltrer dans son esprit et de s’y accrocher avec force : ils ne la quittaient jamais vraiment, et peut-être bien que même la fin de cette guerre ne suffirait pas à les faire taire. Si cette bataille devait finir ce soir même, elle aurait été de ceux qui n’ont guère daigné lever le petit doigt, de ceux qui ne pensaient qu’à eux, qu’à leur sécurité illusoire et qui se contentaient de détourner le regard juste pour se sentir mieux.
Ce n’était pas ce qu’elle voulait, et peut-être bien que ce n’était pas ce qu’elle était, là, sous cette peur instinctive qui lui brûlait la peau. Et chaque soir, de plus en plus, ce qu’elle faisait et ce qu’elle était se livraient à des affrontements lancinants, où tout était irrémédiablement remis en cause. Peut-être bien qu’elle avait hérité, elle seule parmi les siens, du don d’être une sorcière pour justement, en faire quelque chose et ainsi permettre d’inverser la balance dans cette guerre précisément ? Les héros des livres qu’elle avait si avidement parcouru dans son enfance, dans sa vie, ou même chaque jour depuis qu’elle avait élu domicile à Poudlard n’étaient-ils pas faits de ça ? De destinée, de volonté ; parfois, elle se sentait dépourvue de tout ceci, bien loin de faire preuve d’autant de bravoure que tous ceux qu’elle a enviés, à quelque moment de son existence. Elle était loin, l’intrépide gamine qui se voyait aisément parcourir des terres arides et sauvages pour défendre une cause noble et juste. Si tant est, qu’elle ait existé un jour, qu’elle n’ait pas été qu’un carcan de triste naïveté. Ce n’était pas faute, pourtant, de ne pas se sentir à sa place, parfois, au sein même de l’école de magie : quand elle frissonnait en croisant un Mangemort, quand elle cauchemardait que certains d’entre eux viennent la cueillir à la sortie même de ses appartements, elle avait alors mille raisons de désirer fuir cet endroit ; ce foyer qu’elle avait toujours apprécié, mais qui n’était aujourd’hui qu’un repère à vermines, que le réceptacle de ses pires hantises. Au milieu de tout ça, il y avait Timothy. Timothy et les rares doucereux sentiments qu’il éveillait chez elle : un incompréhensible sentiment de confiance, de sécurité… et la plus grande simplicité du monde, embaumant son esprit et son cœur, ramenant l’enfant qu’elle avait été, ou juste l’optimiste et souriante Juliet, qui se sentait presque capable de tout. Presque. Car ce n’était que trop court, trop illusoire, les attentions qu’il avait à son égard, celles qu’elle avait au sien, le monde de livres et de rêveries qui les faisait graviter l’un avec l’autre, dans un univers si particulier. Trop particulier, peut-être bien, en des temps pareils. C’était dur, ce soir. Dur de jouer sur les illusions, sur les airs qu’elle pouvait se donner par force de l’habitude : dans la solitude de ses appartements, elle avait pour réflexe de survie de laisser s’échapper tous ses doutes, toute la culpabilité grisante qui la rendait si aisément pleureuse à outrance. Le temps passait, elle se perdait de plus en plus et l’absence de tous les repères qu’elle avait pu avoir jusqu’alors pour faire ses choix de vie, n’étaient désormais que des miettes de son passé qu’elle devait taire. Peut-être avait-elle alors assez de prétextes pour justifier son pathétique état, lorsqu’elle ouvrit la porte au professeur de Poudlard. Sa place de bibliothécaire aurait sûrement exigé d’elle qu’elle fasse plus attention à se présenter digne et souriante à tout élève, tout professeur ou même tout Mangemort frappant par chez-elle. Ou alors, était-ce tout l’inverse ? Beaucoup ici, semblaient la considérer avec indifférence, ce qui la protégeait encore ; voilà qu’elle jouissait de son inutilité aux yeux de certains, pour ne pas atterrir à Azkaban.
« Bonsoir Juliet. Je suis navré de vous déranger, je... » S’acharner à croire que ses soucis n’empièteraient pas sur son rôle de bibliothécaire – aussi secondaire soit-il – était la seule promesse qui empêchait Juliet de se noyer dans la culpabilité, jour et nuit. Aussi, en ramenant son gilet sur son épaule, elle tenta de se faire plus aimable à l’égard de l’un des rares professeurs de Poudlard qui daignaient remarquer son existence. Peut-être était-elle bêtement stupide, lorsqu’elle croyait que tout était simple avec Timothy, assez simple pour qu’elle lise en lui comme dans un livre ouvert, un livre offert à elle sans détour : mais cette impression se confirma plus encore alors qu’elle voyait le visage de son vis-à-vis se dépeindre de toute la gêne que ses mots avaient créée chez lui. Cette façon de baisser les yeux, de pincer les lèvres ou même d’hésiter dans ses paroles ; il n’y avait peut-être pas besoin de le connaître particulièrement pour lire chez lui un certain malaise, mais malgré tout, avec toute la bonne volonté qui soit, Juliet s’acharna à rattraper ses erreurs en quelques paroles, quitte à forcer légèrement ses humeurs. La fatigue ferait peut-être d’elle une mauvaise actrice pour ce soir, mais le ton légèrement plus enjoué qu’elle usa sembla satisfaire les doutes du professeur Sweetlove ; elle croisait à nouveau son regard avec plaisir, avec un vague sourire (soudainement plus léger à porter) sur les lèvres. Elle en arrivait à se dire que Timothy Sweetlove, le sorcier et professeur de Poudlard, avait un don quelconque d’ôter les soucis en un clin d’œil, une attention quelle qu’elle soit, un simple regard, ou la plus douce tendresse possible. Ils n’étaient pas amis… ou peut-être pas vraiment, pas comme d’autres pouvaient l’être avec celui-ci, mais la bibliothécaire n’avait jamais douté que ces êtres-là, étaient, eux, particulièrement chanceux d’avoir trouvé les bonnes personnes pour leur entourage. Juliet, elle, avait surtout Greed ; Greed à qui elle confiait tout, et qui valait tout l’or du monde aux yeux de la jeune née-moldue, mais Timothy c’était… différent, d’une manière ou d’une autre. « C'est pour ça que vous m'appréciez n'est-ce pas ? » A croire qu’il disait ça pour répondre aux pensées qui germaient dans l’esprit de Juliet, ou plutôt, à celles qu’elle avait bien souvent, lorsqu’elle évoquait le fameux sorcier. Il rendait ses livres en retard, elle en arrivait presque à penser qu’il n’en avait rien à faire - d’elle, des livres ou de son travail – elle l’imaginait mettre les livres qu’il empruntait dans un coin, et les oublier avec le temps : alors certainement qu’un être dépeint d’une telle manière dans l’esprit de la jeune femme, ne bénéficierait pas d’une telle affection venant d’elle. Alors… alors, c’était autre chose. Un questionnement trop philosophique, peut-être bien. Elle avait eu au moins l’habitude de ces petites joutes verbales avec le professeur, tant et si bien qu’elle répondit, dans un léger rire, presque du tac au tac : « Qui a pu bien dire que je vous appréciais ? C’est sûr que ce ne serait pas votre légendaire ponctualité que je pourrais apprécier, il me semble bien. Je vais y réfléchir, peut-être bien que j’apprécie votre manière de vous excuser. » Il avait toujours eu, et même devant sa porte ce soir, ce petit air attendrissant, un sourire mi-figue mi-raisin, pas très assuré qui appelait forcément la naïve clémence de la sorcière généreuse et douce qu’elle avait toujours été.
Généreuse assez, pour l’inviter à entrer, dans son sanctuaire de larmes et de palpable culpabilité, l’endroit qu’elle n’avait rejoint que depuis trop peu de temps, et qui témoignait très bien du désordre d’esprit auquel elle était exposée ce soir. Tant pis : les frères de Juliet l’avaient apprivoisée au bazar masculin typique, alors sans doute que cette pièce pourrait paraître ordonnée à l’humble avis du professeur Sweetlove. Restait l’empreinte légendaire du soin que Juliet mettait dans chaque parcelle de sa vie, de ses tenues toujours soigneusement choisies, à l’ordre précis avec lequel elle gérait la bibliothèque de Poudlard, ainsi que chacun des livres qu’elle prêtait aux élèves et professeurs : un précieux équilibre fragile, que Timothy perturbait plus souvent qu’il ne se l’imaginait. Alors qu’il était entré, elle avait saisi le livre qu’il lui rendait, l’inspectant vaguement comme il était coutume de le faire. Non pas qu’elle l’imagine arracher des pages pour faire un devoir en particulier, comme l’auraient fait certains élèves, mais plus par réflexe de vie, ou pure curiosité quant à savoir s’il l’avait vraiment lu, ou laisser périr dans un coin de ses appartements. Mais comme tous ceux qu’il avait rendus, le retard indéniable dont il faisait preuve quant au délai de retour, n’entachait en rien l’état de l’ouvrage dans lequel il le rendait : propre et bien soigné. Le voir, de toute manière, ramener un livre dans le pire état qui soit, serait la dernière pierre à l’édifice pour éveiller l’impatience de Miss Moseley la bibliothécaire – un exploit, en soi. Elle déposait le livre sur la table, ayant laissé quelques secondes à Timothy pour une vague reconnaissance des lieux, avant que celui-ci ne reprenne de plus belle, avec ce ton qui la faisait forcément sourire, cet air qui apaisait même la plus tenace des amertumes qu’elle avait à son égard : qu’elle était faible, décidément. « Merci. Mais vous n'allez pas me réprimander, pas vrai ? » A cela, elle répondit par un rire avant tout, discret et léger, avant de reprendre le cours de ses pensées : si souvent elle se laissait dérouter par l’air désolé et curieusement enfantin du professeur, elle s’en rendait compte, sans pour autant changer à ces habitudes tout à fait plaisantes. Elle n’allait tout de même pas se le mettre à dos pour quelques livres, n’est-ce pas ? « Je pense que mes menaces ne sont plus prises au sérieux. Je devrais vraiment vous réprimander, pour remplir mon rôle de digne bibliothécaire. J’ai passé beaucoup de temps à chercher ce livre, après tout. » Une confidence qu’elle ne lui avait sans doute pas fait, jusque-là, pour une attention bien particulière qui lui avait fait plaisir, juste vraiment plaisir au milieu de cet océan de désespoir qui submergeait Poudlard. « La réserve… c’est un vrai labyrinthe. » Elle se retrouvait gênée, pinçant les lèvres en se mordant l’intérieur de la joue, dans le vague espoir qu’il ne relève pas plus que de mesure cette délicate attention qu’elle avait eue pour lui : ce n’était certainement pas la première fois qu’elle le faisait pour lui.
Et elle aurait pu prolonger son discours en soulignant qu’elle le faisait aussi pour d’autres professeurs, bien entendu ce qui, malheureusement, n’était ces derniers temps que trop peu vrai. Il faisait encore des promesses, elle en perdit légèrement son sourire, l’acerbe pensée de ne sans doute plus servir en tant que bibliothécaire l’an prochain pour essuyer à nouveau ses retards, la rendant quelque peu amère. Elle ne dit rien cependant, son sourire ne servant que de réponse à celui de Timothy. « En tout cas, merci beaucoup Juliet, d'avoir recherché cet ouvrage pour moi. Si je peux faire la moindre chose pour vous remercier, surtout n'hésitez pas. Si faire une chevauchée à dos d'hippogriffe vous tente un jour, vous n'avez qu'à demander » Au moins, il réussit à la faire rire de bon cœur, cette fois-ci. Quittant sa place, elle contourna un fauteuil pour prendre une bouilloire qui traînait par ici : si le principal des repas se faisaient généralement dans la grande salle, les appartements de Poudlard bénéficiaient malgré tout du strict nécessaire : et de quoi faire le thé, faisait indéniablement partie du strict nécessaire. « Je suppose que je préfères les hippogriffes des livres à une véritable chevauchée... vous savez. » Pour appuyer ses paroles, elle se désigna de haut en bas, dans une légère grimace : petite, fluette, pas vraiment de taille à affronter un hippogriffe enragé si elle faisait un faux pas, c’est sûr. « Peut-être bien que la meilleure récompense que je pourrais avoir ce serait… une que vous estimeriez à la hauteur de ma patience sans limite. » Lâcha-t-elle en un léger rire, un haussement d’épaules en prime. Les créatures magiques de ce monde-là avaient presque le don de la mettre mal à l’aise : sans ses cours à Poudlard, elle serait sans doute incapable de savoir dépasser la théorie des simples livres avec la plupart d’entre elles. C’était beau de rêver, mais encore une fois, peut-être bien que ce n’était pas assez. « Je fais du thé. Vous vous joignez à moi ? » Ca ne pourrait que lui remonter le moral, et qui sait, une présence comme celle de Timothy suffirait probablement à panser son malheur de ce soir. « J’espère en tout cas, que le livre vous a intéressé. Et ne vous a pas donné l’idée d’éduquer un dragon chez vous. » L’idée saugrenue avait déjà atteint l’esprit de Hagrid lui-même, alors Poudlard était fait de tout, déjà, et au moins, Timothy disposait de ce brin de courage, de folie, cette force de franchir le pas de la théorie à la pratique dont elle semblait totalement dénuée. |
| | | | Sujet: Re: + i see flowers everywhere (w/timothy) Lun 11 Fév - 0:09 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------Je me demandais parfois ce qui me poussait à rester à Poudlard. La passion pour mon métier d'enseignant ? La possibilité qu'offrait les grandes étendues du domaine ? La magie des lieux ? J'aimais énormément Poudlard, mais à voir ce qu'il était devenu, j'avais parfois l'impression d'y être étranger. L'aspect austère qu'il avait pris et l'atmosphère étouffante qui y régnait rendaient les jours moroses et monotones. Pendant qu'on me le permettait encore, je profitais de mon statut de professeur de soins aux créatures magiques pour m'enfuir dans le parc quand l'envie m'en prenait. Je prenais l'une des barques pour faire un tour sur le lac, montais un hippogriffe pour prendre de la hauteur ou allais chasser dans la Forêt Interdite et m'entrainer au tir à l'arc. De temps à autres, je rendais visite à Hagrid, pour prendre le thé en sa compagnie, ou plus exactement l'éviter de boire du Cognac lorsqu'il n'avait pas le moral. Le semi-géant n'était plus que l'ombre de lui-même depuis que le Professeur Dumbledore nous avait quitté. Qui ne l'était pas parmi tous les gens bien qui l'avaient connu ? Il avait très certainement été l'un des meilleurs directeurs de Poudlard. Un homme et un sorcier respectable. Il était difficile de ne pas éprouver du dégoût à l'égard du professeur Rogue, lorsque l'on savait que c'était lui-même qui l'avait tué. Le voir se pavaner dans Poudlard, sans aucune gêne, sans aucune expression sur son visage que celle froide qu'il arborait constamment. C'était une telle honte. Alors pourquoi m'entêtais-je à rester entre les murs de cette prison déshumanisée ? J'aurais pu démissionner au début de l'été. Partir loin pour une autre contrée. Me cacher quelque part où personne ne me retrouverait. Être à l'abri de cette guerre qui foudroyait le monde des sorciers. Une attitude bien lâche et pourtant tellement légitime. La fuite paraissait la meilleure solution pour se protéger. J'essayais de m'en convaincre, même si les portraits placardés des fuyards sur les murs semblaient me prouver le contraire.
Je restais à Poudlard, parce que j'étais terrifié. Par le passé, j'avais chassé des loups-garous, des vampires et d'autres créatures effrayantes encore. Pourtant, la peur que je ressentais n'était pas la même que la dose d'adrénaline qui circulait dans mes veines lorsque j'étais en chasse. Face à un être ou une créature magique, je savais que la seule personne qui prenait un risque était moi-même. Aujourd'hui face aux mangemorts, je savais que tout le monde était en danger. J'avais des élèves innocents, des amis chers et une petite soeur fragile qui vivaient sur le domaine de Poudlard durant l'année scolaire. A chaque mot plus haut que l'autre, mon sang se glaçait de peur que quelque chose de malheureux arrive. Il était hors de question de laisser tous ces gens qui comptaient tellement pour moi. Même si les temps étaient durs, avoir les deux yeux sur les personnes que j'aimais me rassurait. J'avais pourtant laissé partir ma petite soeur durant ces vacances de Noël. Mais après tout, nos parents veillaient sur elle. Il me restait Sofia et d'autres personnes auprès de qui je pouvais me sentir utile. Je protégeais les gens à ma manière, loin des courageux membres de l'Ordre du Phénix, je jouais les preux chevaliers dans mon coin. Malgré ma position évidente au sein cette guerre, je ne voulais pas rejoindre les rangs de l'Ordre. Pour moi, cela revenait à se rendre au front en première ligne. Je voulais résister, mais pas attaquer. Les risques étaient bien trop grands et les conséquences possibles bien trop funestes. Il y avait certainement une part d'égoïsme dans ma manière de réagir. Hier encore, je m'étais précipité à la boutique HoneyDucks où travaillait Aurora, pour lui faire la leçon, à la fermeture. La radio pirate avait parlé de nouvelles recrues, dont une travaillait à Pré-au-lard dans un magasin très connu. Ne m'évertuant pas à chercher si j'avais pu faire un contre sens en interprétant le langage codé, j'avais immédiatement pensé à Aurora et mes poils s'étaient dressés sur ma peau. A la fin de mes cours, je m'étais rendu à Pré-au-lard dans l'intention de faire la morale à ma petite soeur, lui affirmant dans un grand discours que c'était un engagement inconscient et déraisonné. J'avais vite déchanté, lorsqu'en me retrouvant dans le magasin face à elle, celle-ci m'avait affirmé que rien de ce que je lui disais n'était vrai. Beaucoup auraient pu penser qu'elle disait cela simplement pour me rassurer. Mais je connaissais bien trop ma petite soeur pour savoir reconnaître lorsque celle-ci mentait ou disait la vérité. Il y avait entre nous ce lien indéfectible qui faisait de nous les plus grands legimens, sans en avoir réellement les facultés. Le mensonge n'existait pas entre nous. Les Sweetlove ne pouvait se mentir les uns aux autres. Même si la vérité faisait parfois mal, la confiance réciproque servait à panser nos maux. Je n'étais pas prêt à perdre ma petite soeur, ni quiconque auquel je tenais. S'investir dans la guerre, c'était prendre ce risque inconsidéré à mes yeux, qu'était celui de mourir au combat.
Bien loin du champ de bataille, des mangemorts et des heures sombres, Poudlard recélait encore certaine perle. L'une d'entre elle se nommait Juliet Moseley. La jeune femme était la plus charmante des bibliothécaires, mais également la plus patience. Face à un homme aussi tête en l'air que moi, beaucoup d'autres n'auraient pas fait preuve d'autant d'indulgence. J'avais la mauvaise habitude depuis le début de ma scolarité de rendre les livres que j'empruntais constamment en retard. Ce n'était pas volontaire la plus part du temps. C'était soit un oubli de ma part, soit que j'étais trop occupé. Au final, cela revenait pratiquement à la même chose. J'empruntais un ouvrage, le lisais, le relisais avec passion, jusqu'à en oublier de le rendre. Une fois de plus, ma mémoire m'avait faite défaut et je me retrouvais à frapper à une heure tardive chez la jeune Juliet pour lui rendre l'ouvrage qu'elle avait cherché pour moi. « Qui a pu bien dire que je vous appréciais ? C’est sûr que ce ne serait pas votre légendaire ponctualité que je pourrais apprécier, il me semble bien. Je vais y réfléchir, peut-être bien que j’apprécie votre manière de vous excuser » me dit-elle dans un petit rire. Elle avait terriblement raison, j'étais à blâmer. Dans ma jeunesse, j'avais hérité de quelques heures de retenues pour avoir accumulé un nombre de retards trop conséquent à la bibliothèque. Bien entendu, ce n'était pas un détail à raconter en présence de Juliet. Cela en finirait de lui donner des sueurs froides. Quoiqu'il en soit, elle semblait assez m'appréciait pour me pardonner d'être inconvenant avec elle. Encore une fois, il n'y avait rien de calculer là dedans, juste une simple bêtise de ma part. Je me disais souvent que je ne méritais pas sa gentillesse. Ce soir encore, alors que je montrais une nouvelle fois que j'étais au dessus des règles de la bibliothèque, elle me faisait entrer dans ses appartements en signe de d'amitié. Il y avait trop de peu de gens comme elle dans ce bas monde. Bien qu'elle souriait, je pouvais deviner que Juliet était agacée par mon comportement et un de mes sourires n'y changerait pas grand chose. « La prochaine fois, je viendrais avec un gâteau pour vous amadouer » dis-je tout de même pour continuer à plaisanter. Je ne savais pas si je faisais bien d'utiliser de l'humour aussi tard. Mais après tout, qui ne tente rien n'a rien. Si Juliet aimait ma façon de m'excuser, l'idée de venir avec un gâteau la prochaine fois n'était peut-être pas une mauvaise idée. Refermant la porte derrière moi, la jeune femme traversa la pièce pour aller déposer le livre sur une table. Sa démarche était nonchalante, presque flottante. Une tenue qui dépareillait avec l'enthousiasme qui illuminait son visage. Elle devait en avoir marre d'essuyer mon manque de correction. « Je pense que mes menaces ne sont plus prises au sérieux. Je devrais vraiment vous réprimander, pour remplir mon rôle de digne bibliothécaire. J’ai passé beaucoup de temps à chercher ce livre, après tout » dit-elle en se pinçant les lèvres. Je n'avais soudain plus envie de rire, me sentant terriblement en faute. La pauvre Juliet se donnait tellement de moi pour moi, sans pour autant que je lui rende. Ce n'était pourtant pas compliqué de faire un peu attention. Je me rendais compte que j'avais été bien ingrat envers elle. La jeune femme se mettait en quatre pour me faire plaisir et je lui donnais l'impression que je m'en moquais. A ses mots, mon regard s'assombrit. Je baissais les yeux confus sur mes doigts qui se tordaient de gêne. Les mots me manquaient soudain. J'avais perdu le temps d'un instant mon éloquence légendaire. « Pardonnez-moi Juliet. Je ne voulais pas vous manquer de respect. Vous faites un travail exemplaire » avouais-je à demi-mots avec sincérité. La jeune femme ne sembla pas tenir rigueur de mes pitoyables excuses. Elle souriait mais plus faiblement. J'allais encore devoir faire des efforts pour me rattraper. En voyant le visage de Juliet, je me jurais cette fois-ci de tenir ma promesse. Foi de Poufsouffle ! Plus de retards et plus d'attentions pour Juliet afin de la remercier.
Alors que je lui proposais de bon coeur une chevauchée à dos d'hippogriffe en dédommagement, Juliet allait s'emparer d'une des bouilloires qui occupaient tout appartements de Poudlard et commença à faire du thé. « Je suppose que je préfères les hippogriffes des livres à une véritable chevauchée... vous savez » dit-elle en se désignant pour faire référence à son corps frêle. Sentant que la tension s'était légèrement apaisée, je m'avançais vers elle, les mains derrière le dos. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'elle venait de dire. Sa petite taille ou sa silhouette fluette ne pouvait l'empêcher de monter un hippogriffe. Les plus grands jockeys étaient des hommes de relativement mince et de petite taille. Les poids plume étaient d'ailleurs préférables en équitation. « Pourtant, aucun livre ne vous donnera les sensations d'une vraie chevauchée... » lui affirmais-je d'un ton devenu soudain séducteur. Les créatures magiques étaient ma spécialité. Je n'en avais pas peur (ou plus peur), mais je pouvais comprendre la réticence de certain sorcier. Juliet ne savait pas ce qu'elle manquait à ne rêver qu'à travers les livres. « Peut-être bien que la meilleure récompense que je pourrais avoir ce serait… une que vous estimeriez à la hauteur de ma patience sans limite » lâcha la jeune femme en un léger rire, un haussement d’épaules en prime. Je baissais les yeux un moment pour les relever quelques instants après et poser un regard bienveillant sur la jeune bibliothécaire. Une récompense à la hauteur de sa patience sans limite ? Des tas d'idées me venaient à l'esprit. Je pouvais lui offrir tout un tas de choses. Du farfelus, de l'exotique, de l'envoûtant, tout dépendait de ce qu'elle attendait. Après réflexion, je crois que la récompense qu'elle attendait le plus de ma part, c'était du respect. « Celle-ci est inestimable j'en ai bien peur. Mais à coeur vaillant rien n'est impossible » lui répondis-je dans un sourire tendre. C'était ma manière ‒ la plus sincère ‒ de lui promettre que j'allais me reprendre. Peut-être que ma nature me rattraperait à un certain moment, mais j'étais bien décidé à lui montrer que je prenais soin de ses livres comme de son avis. « Je fais du thé. Vous vous joignez à moi ? » demanda-t-elle alors qu'elle préparait déjà deux tasses sur un plateau. Je répondis dans un sourire en ajoutant un évident : avec plaisir, tandis que Juliet servait un thé fumant et parfumé. Il était un peu tard pour la pause anglaise, mais un britannique de ce nom ne refusait jamais un thé. « J’espère en tout cas, que le livre vous a intéressé. Et ne vous a pas donné l’idée d’éduquer un dragon chez vous » dit-elle en plaisantant. Je prenais alors un air plus sérieux et fronçais les sourcils, comme si elle venait de dire une bêtise. « Qui vous l'a dit ? » lui demandais-je sans battre d'un cil. Je vis alors le visage de la jeune femme se décomposer et après quelques secondes à l'observer, je relâchais les muscles de mon visage pour retrouver un sourire moqueur. « Je plaisante. Il était passionnant. Encore milles fois merci Juliet » repris-je en mettant à rire. Loin de moi l'idée d'élever un dragon. La possession d'une telle créature magique était d'ailleurs réglementée. Réglementation sur laquelle notre cher garde-chasse Hagrid avait fait l'impasse quelques années plus tôt. Malgré que les dragons soient des créatures fascinantes, ils en restaient pour le moins dangereux. Échangeant un regard complice avec Juliet, je m'emparais d'une tasse de thé pour la porter à mes lèvres. Le breuvage avait un arrière goût de cannelle, ce qui était approprié pour la saison. Je regardais la jeune femme et pensais soudain que je ne la voyais que trop rarement. Elle semblait éteinte ce soir, alors que son visage rayonnait à l'habitude. « Pourquoi ne venez-vous plus manger dans la Grande Salle Juliet ? » lui demandais-je en reposant délicatement la tasse de thé sur la soucoupe. L'atmosphère n'y était pas des plus accueillants à l'heure des repas, mais la présence de Juliet était des plus douces à côté de celles de Carrows. |
| | | | Sujet: Re: + i see flowers everywhere (w/timothy) Ven 8 Mar - 1:30 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------Aussi imprévue soit-elle, la visite de Timothy avait le don d’apporter un brin de fraîcheur à la morosité de cette soirée : ce visage enjoué, cet air excessivement désolé et ces retards incessants (qui en devenaient, parfois, selon l’humeur de la sorcière, amusants), avaient le don d’occuper ses pensées de façon à ce qu’elle en arrive presque à chasser ses inquiétudes et ses incessants cauchemars. Depuis qu’il était entré dans ses appartements, au moins, elle avait arrêté de penser à ses proches, aux fêtes de Noël qu’elle passerait seule et à l’emprise des Mangemorts qui se resserrait chaque jour de plus en plus et sur Poudlard et sur ses alentours. Sans doute était-ce le professeur McGonagall, et quelques autres qui continuaient de s’arranger les uns avec les autres pour que la née-moldue de bibliothécaire qu’était Juliet, puisse encore rester dans un endroit pareil sans être capturée du jour au lendemain par une horde de Mangemorts et envoyée tout droit à Azkaban, avec pour seule assurance, celle que sa famille paierait le prix de son affront. Si elle était dotée d’un tant soit peu de courage, elle serait déjà partie, à toutes jambes et sans réfléchir, à travers le pays ou seul Merlin savait où, pour protéger sa famille, se protéger elle-même des conséquences auxquelles elle ne s’exposait que trop en restant confortablement installée dans ce château. Sa famille en valait la peine, indéniablement, mais la sorcière restait ici, dans la gueule du loup elle-même, presque avec imprudence et toute l’arrogance que pouvait lui octroyer le fait de ne pas encore s’être faite repérer par qui que ce soit. En arrivant à la direction de Poudlard, le professeur Rogue avait commencé par chasser tous les professeurs désignés comme impurs, affichant sans vergogne la nouvelle de la mort du dernier professeur d’étude des moldus en date : l’école magique avait perdu bien de sa splendeur, l’époque où Dumbledore régnait en ces murs semblait bien loin à l’heure actuelle et Juliet doutait de plus en plus qu’un quelconque miracle ne vienne sortir et les élèves, et les professeurs restant d’ici du cauchemar qu’ils vivaient au quotidien. Elle ne savait pas ce qui la retenait à Poudlard : elle ne faisait rien de particulier, ne protégeait ni les élèves, ni les aidait – tristement, elle se contentait de faire son travail, futile et inutile, frissonnant à chaque fois qu’elle sentait un regard trop s’appesantir sur elle, se nourrissant de l’unique espoir de ne jamais se faire remarquer plus que de coutume. Aujourd’hui au moins, elle se rendait compte qu’elle avait bien souvent, pendant sa scolarité à Poudlard, idéalisé son courage tout autant que le Choixpeau s’était planté dans sa répartition à Gryffondor : elle n’avait rien d’une Gryffondor et constamment, elle remettait cette appartenance en question, alors que les doutes brûlaient chaque parcelle de son esprit et de ses entrailles. Sans doute qu’être brave, courageuse et entêtée aurait été plus facile, dénuée de peur quant aux conséquences de ses actes, elle aurait peut-être bien pu rejoindre l’Ordre du Phénix et faire un tant soit peu changer les choses. Ou mourir dans la volonté de le faire et non pas en se cachant comme une lâche juste sous le nez de l’ennemi.
Timothy avec sa légèreté, Timothy avec ses livres, dont elle n’avait presque pas cure à présent, il représentait une dose de liberté qui faisait disparaître cette chape de plomb, enserrant la poitrine de la sorcière : avec lui, elle n’avait ni honte, ni peur – peut-être à tort, d’ailleurs. Il semblait l’accepter, la comprendre telle qu’elle était et ne pas se poser plus de questions, quant à son statut du sang, son passé ou même son incapacité à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Elle le savait, quelque part, si elle devait mourir demain, elle accueillerait celle-ci sans aucune bravoure, pleurant sans doute toutes les larmes de son corps, incapable de soutenir le regard de celui qui aurait pour mission de la réduire au silence. Pitoyable. Dans un monde en guerre, leur discussion sur les livres que le professeur ne ramenait jamais à l’heure semblait bien frivole, mais en cette soirée particulièrement déplaisante, Juliet s’en contentait très bien, un sourire simple et dénué de tout mensonge plaqué sur les lèvres : de moins en moins souvent, elle se prenait à sourire de la sorte et au combien le sorcier était à blâmer pour ses retards, pour ses incessants oublis et l’agacement qu’il faisait parfois naître chez la bibliothécaire minutieuse et précise qu’avait toujours été Juliet, il savait l’apaiser, assez pour qu’elle trouve toujours un moyen de lui pardonner ses excès. « La prochaine fois, je viendrais avec un gâteau pour vous amadouer » La réplique lui fit lâcher un léger rire ; un gâteau, ils ne pouvaient définitivement pas faire plus accessoire comme conversation, plus décalé comme sujet par rapport au chaos qui régnait partout autour. Lèvres pincées à cette pensée, elle haussa les épaules, finissant par observer ses mains comme si elles étaient devenues subitement très intéressantes. « Je ne sais pas si le gâteau sera nécessaire pour m’amadouer. Vous y arrivez très bien tout seul, j’ai l’impression. » A d’autres époques, elle se serait maudite pour tomber si facilement dans le panneau, pour à chaque fois sourire devant son air contrit et désolé, et ignorer les inchangés qui continuaient de rythmer leur relation : sans doute que le retard était un fait génétique qui ne quitterait jamais Timothy Sweetlove ou ses descendants, quels qu’ils soient. Tout le monde ne pouvait pas avoir la précision et la maniaquerie de Juliet elle-même sur ce point-là, et si les retards devaient lui permettre de passer un moment si enjoué en compagnie du professeur, alors elle s’en contenterait sûrement. Rougissant légèrement sous ses dernières paroles, la sorcière laissa son sourire suspendu à ses lèvres, reprenant vaguement contenance. « Je veux dire que… vous êtes plutôt doué pour faire en sorte que je ferme les yeux sur vos retards. » De toute manière à part le remettre gentiment en place avec des paroles doucereuses et mielleuses, elle ne pourrait pas faire grand-chose de plus – elle n’avait pas envie de se le mettre à dos, alors qu’il représentait la seule personne capable de la faire sourire si aisément, de la défaire de ses soucis en un clin d’œil, juste par sa présence. Nonobstant, ce n’était pas la place d’une bibliothécaire, que de reprendre les professeurs sur ce qu’ils faisaient des ouvrages disponibles à Poudlard, ou le temps qu’ils les occupaient ; aujourd’hui, elle ne réprimandait même plus les élèves eux-mêmes, fermant les yeux sur tout et n’importe quoi, rien que pour se donner l’illusion qu’elle faisait quelque chose pour aider les dizaines de gamins piégés entre ces murs.
Elle essayait vaguement de faire bonne figure, aussi mit-elle quelques secondes avant de remarquer que leur joute verbale finissait par laisser le professeur quelque peu déconfit. Gênée par l’effet que semblait faire ses quelques sympathiques réprimandes et de ne pas s’être rendue compte plus tôt des limites à ne pas dépasser, Juliet ne sut quoi dire pendant quelques secondes, balbutiant légèrement, le regard fuyant, avant de se reprendre. « Non, non. Pardon. Je n’aurais pas dû… continuer sur cette lancée. Je me doute que vous avez d’autres choses à penser que les livres de la bibliothèque. Ou que moi. Qui doit… faire du rangement et des comptes – ce n’est pas grave, c’est mon travail. » Elle se tut juste à temps, retenant la fin de sa réplique. Et elle devait en profiter, tant qu’elle pouvait encore l’avoir, personne ne savait pour combien de temps encore. Une chose était sure en tout cas, elle ne voulait pas en profiter pour se mettre à dos qui que ce soit, encore moins lui, encore moins ce soir, à vrai dire. « Ce n’est plus un problème, le livre. Oublions ça pour ce soir… on verra, la prochaine fois. » Parce qu’elle espérait bel et bien qu’il y aurait une prochaine fois, qu’il n’éviterait pas la bibliothèque, trop culpabilisé pour venir la voir à nouveau et lui demander son aide. Elle vivait pour ça, presque et seul Timothy lui accordait assez d’égard pour s’excuser en cas de retard, ou la remercier pour l’aide qu’elle lui fournissait. Et ce, avec toutes les propositions les plus extravagantes qui soient, Juliet en fit bien vite les frais, lâchant un rire tout ce qu’il y a de plus naturel et vrai, alors qu’il parlait d’hippogriffes, de balades sur le dos de ces bestioles relativement terrifiantes, que la jeune femme s’était toujours contentée de voir dans les livres ou dans ses rêves les plus fous. Jamais au grand jamais, elle n’aurait pu être professeur de soin aux créatures magiques, peut-être au fond, que Timothy avait lui-même plus du Gryffondor que la sorcière elle-même. « Pourtant, aucun livre ne vous donnera les sensations d'une vraie chevauchée... » Les sensations, malgré elle, elle les imaginait terrifiantes, vertigineuses et à même de lui arracher le cœur sous la trouille – elle n’était même pas capable d’affronter un Mangemort en le regardant droit dans les yeux, alors une créature aussi haute, digne et noble qu’un hippogriffe… Indéniablement, ses cours de soin aux créatures magiques avaient été faits de Niffleurs, de crabes de feu ou même de Croups ; mais jamais rien de plus grand que le chien d’Hagrid. Il pouvait dire ce qu’il voulait – elle pouvait même avoir la carrure idéale pour grimper sur des créatures de ce genre, elle ne s’en sentait pas les épaules et le pauvre Timothy finirait par la fuir s’ils venaient à vivre un tel moment tous les deux, et que Juliet laisserait alors libre cours à toute la trouillarde rêveuse et idéaliste qu’elle pouvait être parfois. Au moins était-elle plus habile avec les paroles, tentant d’effacer l’hippogriffe de la conversation – aussi tentée pouvait être une part d’elle-même pour laisser la possibilité au professeur Sweetlove de jauger sa patience et la récompense en or que celle-ci méritait. Elle ne s’attendait de toute manière pas à ce qu’il aille plus loin que des excuses – et un gâteau, à la limite – et ce, malgré ses paroles tout à fait sympathiques et sincères. Les temps ne se prêtaient pas aux promenades en hippogriffe, ou aux évadées quelles qu’elles soient.
Elle avait au moins encore l’illusion de croire qu’ils se prêtaient à une pause thé tout ce qu’il y avait de plus simple et inconséquent, tendant une tasse bien chaude à son interlocuteur qui avait accepté de se joindre à elle : dans sa famille, Juliet avait pris pour habitude de boire du thé à n’importe quelle heure et non pas seulement au tea time traditionnel ; elle se souvenait encore des longues discussions qu’elle avait avec sa mère, ou quelques-uns de ses frères et sœurs autour d’une tasse de thé fumante à des heures de la nuit plutôt avancées. Ce soir, c’était Timothy qu’elle initiait à de telles pratiques, et c’était loin de la déranger. Il était, dans ce château, la meilleure compagnie qu’elle pouvait attendre, et celle qui lui faisait le plus de bien. L’espérait-elle en tout cas, alors qu’il la faisait sourire, rire avec toute la légèreté qu’elle ne se serait pas attendue à avoir ce soir, alors que la nuit avait plutôt mal commencé, et qu’elle s’était apprêtée à brasser tous ses mauvais songes. Bien entendu, son air monotone n’avait pas échappé au professeur, et une des brûlantes questions qu’elle fuyait le plus finissait par percer l’atmosphère presque chaleureuse qui régnait ici. Par réflexe, le regard de Juliet se perdit alentours, vers la tasse de thé qu’elle tenait entre ses doigts, ou vers ses pieds, le sol, n’importe où qui lui permettait d’éviter le regard clair du professeur qui, elle le sentait, la sondait en l’attente d’une réponse. Manger à la Grande Salle, au risque de se faire remarquer au moindre faux pas, au risque de s’imposer la vue de tortures sur les élèves encore plus longtemps. Non. Le Professeur McGonagall s’était entendue avec elle sur ça, et à l’atmosphère régnant là-bas, à l’omniprésence des Mangemorts dans ces lieux, elle préférait largement sa triste solitude. Lèvres closes, mâchoires serrées, la sorcière ne dit mot pendant quelques longues secondes, laissant échapper un léger toussotement mal à l’aise. « Je ne veux pas y aller. Je préfère… me contenter de passer de la bibliothèque à ici, avec quelques trajets par-ci, par-là. C’est… trop difficile, sinon, de voir tout ce que Poudlard est devenu. » Ca et le fait qu’elle était une née-moldue, la seule à ne pas s’être faite remarquer jusque-là, la cible idéale à toutes les sales intentions des Mangemorts si jamais ils venaient à remarquer son existence. « Vous savez… je pense que je ne devrais pas être ici. Je ne sais pas pourquoi j’ai cru pendant un moment qu’il pourrait rester une trace de… du professeur Dumbledore. Mais je n’appartiens pas à cet endroit, à présent. » Peut-être qu’elle aurait pu se contenter de lui dire qu’elle ne mangeait pas le soir, fuir toute conversation sérieuse sur ses ressentiments – ils étaient après tout, des collègues qui acceptaient les tares de l’un et de l’autre (elle, surtout), qui se souriaient et se vouvoyaient sans grande complicité. Pourtant, elle avait eu le vague sentiment qu’elle pouvait parler librement, sans avoir à mentir sur tout ce qu’elle fuyait, sans être incapable de réellement s’évader. « A vrai dire vous êtes un peu… la seule personne qui ne me soit pas hostile, je suppose. » Gênée, elle lui accorda malgré tout un fin sourire, avant de porter sa tasse de thé à ses lèvres – peut-être devrait-elle commencer à vigoureusement envisager un départ de Poudlard, elle n’en savait rien et ce soir, elle était encore plus perdue qu’à l’accoutumée. - Spoiler:
Pardon pour l'attente
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| | | | Sujet: Re: + i see flowers everywhere (w/timothy) Mar 12 Mar - 11:45 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------L'heure du couvre-feu venait d'être sonnée à Poudlard. La nuit était tombée depuis longtemps et le château avait fermé ses portes à double tour. Tous les élèves avaient regagné leur dortoir respectif et tous devaient dès à présent dormir, en théorie. Malheureusement pour ce soir-là, comme toute règle qui se respectait, il y avait une exception. Cette exception justement, je l'entendis frapper à la porte de mes appartements privés. Il devait être aux alentours des onze heures trente et j'étais en train de finaliser la correction de quelques copies d'examens. A l'entente des coups donnés sur ma porte, je stoppais instantanément mon activité et fronçais les sourcils. « Qui est-ce ? » demandais-je à haute voix. Il n'y eut aucune réponse. J'entendis seulement de petits gémissements presque inaudibles. On frappa à nouveau. Je fronçais les sourcils de plus bel et quittais mon bureau pour me dirigeais lentement vers la porte, baguette à la main. D'un mouvement de poignet, je déverrouillais la serrure et la porte s'ouvrit d'elle-même avec lenteur. Ma baguette pointée s'arrêta alors sur le visage d'un gamin en pleure. C'était Freddie McGuiness, un de mes élèves de troisième année de la maison Gryffondor. Il était en bas de pyjama et portait un pull bleu marine à rayures. Il mordillait avec angoisse une manche de ce dernier, tout en essuyant son nez humide avec l'autre. « Freddie, mais qu'est-ce que tu fais là ? » demandais-je effaré en abaissant ma baguette. « Je...je...les...les...autres...ils...i...i...m... » essaya-t-il d'articuler entre les nombreux sursauts que lui donnait ses larmes. « Viens, entre » finis-je par lui dire en l'entrainant à l'intérieur de mon bureau. Je jetais un coup d'oeil dans le couloir pour vérifier qu'il n'y avait personne, puis je refermais la porte derrière nous. « Par la barbe de Merlin, Freddie que fais-tu ici en pleine nuit ?! Comment es-tu sortit de ton dortoir ? Comment as-tu réussi à venir ici sans que quelqu'un te voit et pourquoi pleures-tu ? » demandais-je sur un ton strict. Il échappa un autre sanglot et plissa les yeux. « Si quelqu'un sait que tu es là à cette heure-ci, tu sais ce que tu risques ? Et moi aussi d'ailleurs... » constatais-je tout à coup en sentant ma gorge se serrer. Freddie lâcha un nouveau sanglot qu'il essuya d'un revers de la manche. Le pauvre garçon paraissait complètement désemparé. D'un côté, ce gamin n'avait que treize ans et venait de traverser le château en pleine nuit pour venir me voir, tout en sachant ce qu'il risquait. Il devait sûrement y avoir une bonne raison à cela. Je m'efforçais alors de prendre une grande respiration afin de me radoucir. Il était nécessaire d'éclaircir la situation. « Très bien Freddie, assis-toi s'il te plait » lui dis-je en lui montrant un fauteuil non loin de là. Il s'exécuta et alla s'installer dans un siège face à moi. « Maintenant tu vas respirer et essayer de te calmer, d'accord ? Tu vas m'expliquer tranquillement ce qu'il se passe et pourquoi tu es dans un état pareil » lui demandais-je calmement en faisant de grands gestes posés. Je sortais un mouchoir de ma poche pour le lui tendre et le garçon finit par se détendre petit à petit. Lorsqu'il eût repris une respiration presque normale, celui-ci commença son explication. « J'ai été enfermé dans les toilettes de Mimi Geignarde » avoua-t-il en se mordant les lèvres. Je poussais un long soupir et venais déposer mon visage dans la paume de ma main. « Je n'ai pas besoin de te demander qui a fait cela... » lui répondis-je en me lissant les sourcils d'un air désabusé. On frappa soudain à la porte et nous fîmes volte-face. Le temps d'un silence et un nouveau coup s'abattit sur la porte, me faisant frissonner. « Professeur Sweetlove ? » demanda une voix grave et peu rassurante. Je reconnus le ton froid du surveillant principal, Monsieur Rusard. Mon regard se posa instinctivement sur Freddie. « Dans l'armoire. Vite et en silence » chuchotais-je doucement en lui montrant le meuble-dit. Freddie s'y dirigea à tâtons et la porte de l'armoire se referma au même moment où celle de mes appartements s'ouvrit. Je vis alors apparaître la figure inquiétante de Rusard. « Oh bonsoir Monsieur Rusard » lançais-je en m'efforçant de paraître naturel. « Bonsoir » me répondit-il en inspectant la pièce des yeux. « Vous étiez seul ? » demanda-t-il d'un ton accusateur. « Oui, je...je finissais de corriger quelques copies » répondis-je immédiatement en affichant un sourire plus que crispé. « Ah bon...j'avais cru entendre une autre voix » ajouta-t-il alors que sa chatte commençait à faire le tour de la pièce. « Oh oui bien sûr ! Ce sont les tableaux. Je discute souvent avec eux vous savez, cela m'évite de me sentir seul le soir » lançais-je d'une voix un peu trop enjouée pour les circonstances. « Oui, peut-être... » souffla-t-il entre ses dents. Il inspecta attentivement la pièce de ses yeux et mon coeur se mit à battre à toute vitesse lorsque je vis sa chatte se rapprocher de l'armoire. Par chance, mon chartier Poppy se réveilla au même instant et gonfla le dos pour chasser l'intrus. Miss Teigne prit peur et se réfugia dans les jambes de son maitre. Visiblement déçu, le surveillant s'en retourna et sorti mes appartements. J'attendis que ce dernier ait complètement quitté le couloir pour refermer la porte à clé et libérer Freddie. « Mon statut d'enseignant me donne normalement l'obligation de te dénoncer au directeur, tout en sachant ce que cela implique » fis-je remarquer à Freddie avec peu de convictions. « S'il vous plait Monsieur Sweetlove, ne me dénoncez pas. J'ai rien fait, c'est pas ma faute ! » me dit-il en se jetant contre moi pour m'entourer de ses bras. « Je te crois Freddie, je te crois » lui assurais-je en lui tapotant affectueusement la tête.
------------------ ◊ ----------------- Le temps n'était plus aux excuses avec Juliet. Qui pouvait se targuer d'avoir autant de patience qu'elle ? Très peu de personnes, encore moins moi-même. La patience et la bienveillance étaient de manière générale devenues des qualités inexistantes à Poudlard. Depuis que le Professeur Rogue avait pris la direction, le château avait perdu de sa splendeur d'en temps, mais surtout de son humanité. Entre les Carrows et les élèves de sang-purs pro-voldemort, il était difficile de se sentir bien entre ces murs. Des mangemorts à Poudlard, rien que l'idée en elle-même prouvait à quel point l'école avait sombré dans un profond trouble. Pouvait-on seulement affirmer que Poudlard était encore une école ? Chaque déplacement était surveillé, les hiboux contrôlés et les élèves torturés. Tout cela avait plus les traits d'un camp militaire ou tout simplement d'une prison. Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi avaient-ils besoin de s'en prendre à des enfants ? Si l'un d'entre eux avaient ne serait-ce qu'une once de bon sens ou de coeur, il se dirait que faire subir cela à des enfants n'a aucun sens, ni aucun but. Qu'est-ce que cela pouvait-il bien leur apporter ? Plusieurs réponses, toutes plus atroces les unes que les autres me venaient alors à l'esprit. Cherchaient-ils à faire une armée de petits soldats mangemorts ? Ou peut-être se servaient-ils des enfants pour tenir sous leur joug leurs parents ? Je frissonnais rien qu'à cette pensée. Faire du mal à des êtres humains m'était déjà difficile à accepter, alors faire cela à des enfants c'était encore plus révoltant. Si je ne pouvais agir autant que je le souhaitais, en m'engageant de front dans cette lutte, je savais que ma présence pouvait éviter bien des désagréments à certains élèves ou même certains adultes du château. Si je pouvais aider quelqu'un par la moindre petite action ou la moindre petite parole, je me sentais alors utile et rassuré. « Je ne sais pas si le gâteau sera nécessaire pour m’amadouer. Vous y arrivez très bien tout seul, j’ai l’impression » m'avoua Juliet en se tordant les mains. Retrouvant le sourire, je me satisfis de voir que les âpres excuses que j'essayais de formuler depuis maintenant plusieurs minutes n'étaient pas vaines. J'étais heureux de voir, que je pouvais avoir de l'influence sur elle et surtout qu'elle me croyait enfin. Je ne souhaitais pas qu'elle me voit comme un beau-parleur, car j'étais véritablement décidé à faire en sorte que mes retards ne se réitèrent plus à l'avenir. Pour cela j'étais prêt à m'acheter un rappeltout ou alors à ensorceler n'importe quel objet qui pourrait m'aider à retenir les dates butoirs. Juliet était décidément très charmante, mais était-ce une légère teinte rouge que voyait apparaître sur ses pommettes tout à coup ? « Je veux dire que… vous êtes plutôt doué pour faire en sorte que je ferme les yeux sur vos retards » rajouta-t-elle prestement en détournant le regard. Un intense sentiment de béatitude, mêlé à un soupçon d'embarras me traversa subitement le corps à ces quelques mots. Si j'étais doué pour arriver à la faire fermer les yeux sur mes retards, elle était douée pour me troubler...et pas forcément dans le mauvais sens du terme. Reprenant un gorgée de thé, j'en profitais pour faire disparaître le sourire certainement trop forcé sur mon visage. Je laissais alors le loisir à Juliet de répondre à ma proposition d'effectuer une chevauchée à dos de hippogriffe si cela la tentait. Etrangement, elle semblait septique, ce qui ne m'étonnait guère à vrai dire. « Je saurais vous convaincre » lui dis-je en clignant de l'oeil. L'avenir nous dirait si j'avais raison.
Malgré le sourire apparent sur les lèvres de Juliet ce soir, il semblait évident qu'une profonde mélancolie la rongeait. Pourquoi plus ce soir que n'importe quel autre me direz-vous ? Les raisons d'être accablé par les temps qui couraient étaient très nombreuses. Cela expliquait peut-être la lueur brillante que j'avais cru voir dans ces yeux en entrant ; et que j'avais stupidement pris pour de la fatigue. La jeune femme en avait certainement assez de cette atmosphère oppressante, la poussant à rester cloitrée dans ses appartements, évitant les lieux de vies du château trop exposés. « Je ne veux pas y aller. Je préfère… me contenter de passer de la bibliothèque à ici, avec quelques trajets par-ci, par-là. C’est… trop difficile, sinon, de voir tout ce que Poudlard est devenu » dit-elle dans un raclement de gorge mal à l'aise. Je ne pouvais que la comprendre et compatir à son sentiment. J'avais moi-même la même vision des choses, même si à son inverse, je me poussais à l'effort pour me montrer. D'un autre côté, j'avais l'avantage d'être un fils de sorcier, ce qui n'était pas le cas de Juliet. Le meurtre de Charity avait fait la une de la Gazette, intensifiant la pression autour des sorciers nés de parents moldus. Rien ne devait être facile pour la jeune femme. C'était même encore étrange qu'elle soit au château, même si cela me faisait plaisir. « Vous savez… je pense que je ne devrais pas être ici. Je ne sais pas pourquoi j’ai cru pendant un moment qu’il pourrait rester une trace de… du professeur Dumbledore. Mais je n’appartiens pas à cet endroit, à présent » dit-elle d'une voix tremblante. Un nœud se forma dans ma gorge et j'essayais alors de le chasser. Reposant ma tasse de thé dans sa soucoupe de porcelaine, je baissais les yeux soudain pensif. Le sujet était terriblement sensible depuis le début de l'année et je m'en voulais à présent de l'avoir évoqué. La jeune femme semblait si fragile et si désemparée, que je me maudissais d'être aussi maladroit. Pourtant, je n'étais pas entièrement d'accord avec l'ensemble des propos qu'elle venait d'avoir. Il y avait toujours un espoir parmi une zone d'ombre. Un lueur scintillante qui pouvait faire pencher la balance. Cette lueur n'était plus Dumbledore, mais à présent nous-même. « Vous avez toujours eu votre place à Poudlard, Juliet. C'est ce que le professeur Dumbledore voulait et c'est sans aucun doute ce qu'il voudrait encore... Pour ma part, c'est ce qui me pousse à rester ici. Le simple fait d'être à Poudlard, de lui faire face, de leurs faire face, prouve que nous sommes encore debout. Fuir est tellement simple... » lui dis-je en plantant mon regard dans le sien. Je ne cherchais pas à me rendre convainquant à ces yeux, car je savais que cette capacité en présence de Juliet était aliénée. Pour autant, mon ton était affirmé. « Vous êtes la plus courageuse de nous tous en restant ici, sachant ce que vous risquez » ajoutais-je en essayant de piquer son coeur de lionne rouge et or. Pour avoir été envoyé à Gryffondor des années auparavant, Juliet devait regorger de capacités qu'elle ne devait soupçonner elle-même. « A vrai dire vous êtes un peu… la seule personne qui ne me soit pas hostile, je suppose » dit elle un peu gênée. J'étais touché par ces mots à mon égard. Peut-être plus que je ne l'imaginais. Je réalisais la solitude qu'elle devait ressentir et à laquelle ne n'avait jusque alors pas prêtée attention, à ma grande faute. « Je ne vois aucune raison de vous être hostile, bien au contraire. Je vois beaucoup de raisons de vous être amical » lui répondis-je en posant un regard bienveillant sur son visage angélique. Un nouveau sourire s'inscrit sur mon visage et j'échangeais un regard complice avec la jeune femme, bien décidé à lui faire oublier ses tracas. |
| | | | Sujet: Re: + i see flowers everywhere (w/timothy) Lun 8 Avr - 17:06 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------Une étrangère : elle avait le sentiment d’être devenue une étrangère. Partout et nulle part à la fois. Etrangère à sa vie, puisqu’elle n’avait nullement l’occasion de se raccrocher à ces petits plaisirs de son existence, qui l’avaient tant faite sourire pendant des années. Etrangère à elle-même, qui voyait tous les jours des injustices proférées juste devant ses yeux, sans qu’elle ne lève le petit doigt. Etrangère à ces lieux, dont chaque détail lui rappelait la maison de son enfance, mais où il était plus risqué que jamais de rester. La vie de Juliet était devenue un enchevêtrement de paradoxes et de pensées contradictoires – au milieu de tout cela, elle était incapable de prendre la moindre décision réfléchie. Fluette, petite et aussi discrète qu’une souris, elle pouvait encore se targuer d’être une folle dénuée de raison, que personne n’avait remarqué cependant – ce n’était pas faute de côtoyer des êtres détestables toute la journée durant. Elle n’osait guère soutenir leur regard, ni mêle leur adresser plus de quelques mots : ce qui faisait qu’irrémédiablement, ils passaient plus de temps à se moquer d’elle avec sarcasme plutôt qu’à s’intéresser à elle. La pauvre bibliothécaire qui ne disait mot, qui errait, invisible au milieu de cette guerre – rien ne la faisait se détacher du gros des troupes : elle n’était plus qu’une pâle figure de la jeune sorcière idéaliste qu’elle avait été, qui elle, avait renfermé assez de poigne, assez de bravoure pour que le Choixpeau se décide à l’envoyer au sein de la maison des Gryffondors. Cette part d’elle, loyale et courageuse, devait être morte ; ou enterrée sous la peur. Viscérales craintes qu’elle ne gardait que pour elle la plupart du temps, mais qu’elle était incapable de transposer à d’autres : qu’est-ce qu’elle devrait raconter à sa famille si elle survivait à cette guerre ? Qu’elle était vivante, mais que des élèves avaient été détruits à jamais, réduits à néant par des êtres haineux juste sous son nez, sans qu’elle n’ait fait le moindre geste pour aider ? Qu’elle était vivante, mais que sa vie ne valait rien, rien d’autre qu’un amoncellement de lâcheté et de remords qui n’auraient de cesse de la torturer qu’à son dernier souffle ? Au fond, elle savait déjà que ça n’avait rien de glorieux de survivre dans de telles circonstances – que bien des élèves eux-mêmes s’avéraient plus braves qu’elle : on entendait murmurer dans les couloirs que l’Armée de Dumbledore, si célèbre pour avoir été fondée par Harry Potter lui-même continuait de lutter en plein dans la gueule du loup. Les élèves qui en faisaient partie, eux, se préparaient à la grande bataille qui finirait irrémédiablement par opposer ces forces paradoxales et ennemies – bien d’autres personnes méritaient de survivre avant elle, c’était un fait indéniable, mais à chaque fois qu’elle se laissait aller (dans l’intimité silencieuse de sa chambre) à espérer pouvoir faire preuve d’un peu plus de courage à la nouvelle aube que la vie lui offrait, rien ne venait. Toujours, ses entrailles se serraient à l’idée de subir le moindre outrage, le moindre sortilège impardonnable : elle n’était pourtant pas née dans la peur du Seigneur des Ténèbres, ses parents n’avaient jamais frissonné à la pensée du Mage Noir, mais elle était parmi les êtres les plus lâches de sa génération. C’était à peine si elle défendait sa cause, ici – elle n’était sous aucun étendard hormis le sien : même les Mangemorts eux-mêmes aussi fous soient-ils, s’avéraient être des êtres bien plus dévoués qu’elle. Ce qui la faisait réduite au silence, sous les questionnements du professeur Sweetlove était peut-être la honte, la honte de ne rien faire et d’être incapable de se décider à faire quelque chose. Pouvait-elle toujours blâmer Poudlard, la morose ambiance qui y habitait, c’était bien à cause d’elle-même qu’elle se retrouvait ici, qu’elle frissonnait de peur à chaque recoin de couloir et qu’elle restait tristement enfermée entre sa bibliothèque poussiéreuse et ses appartements paisibles.
Elle était là, à parler de balades à dos d’hippogriffe, à parler livres et thé avec un professeur de Poudlard, comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit, et tout son être détestait cette sympathie, cette douceur déplacée dont elle se grimait à longueur de journées. Ses sourires, elle le savait, n’apportaient rien au milieu des ténèbres de Poudlard : les élèves n’en avaient cure, ils subissaient toujours avec la même ardeur et les mêmes douleurs lancinantes des punitions des Mangemorts. C’était à peine s’il était légitime qu’elle pleure l’ambiance réconfortante d’antan à Poudlard, puisqu’elle n’était pas celle qui subissait le plus ardemment les derniers changements au château. « Vous avez toujours eu votre place à Poudlard, Juliet. C'est ce que le professeur Dumbledore voulait et c'est sans aucun doute ce qu'il voudrait encore... Pour ma part, c'est ce qui me pousse à rester ici. Le simple fait d'être à Poudlard, de lui faire face, de leur faire face, prouve que nous sommes encore debout. Fuir est tellement simple... » Les paroles de Timothy ne tombèrent pas dans l’oreille d’une sourde, mais le premier réflexe de la sorcière fut de lâcher un souffle plus amer qu’autre chose. Incapable de soutenir plus longtemps le regard du professeur, elle se perdit dans la contemplation ténébreuse des résidus de feuille de thé, tournant au fond de sa tasse avec un calme inébranlable. Ce qu’elle aurait aimé que sa vie soit ainsi, sans embuche, coulant comme l’eau dans son lit : elle aurait au moins pu vivre avec la sensation d’être elle-même et à la hauteur de la vie qu’on lui offrait. Fuir n’avait rien de simple ; fuir se présentait à l’esprit de la jeune sorcière comme l’insurmontable, le mur de sûreté derrière lequel il serait sage de se cacher, mais qu’elle était incapable de franchir. Fuir, c’était quitter le confort de sa vie, abandonner les siens à tout ce qui pourrait leur arriver – ce n’était pas abdiquer, c’était lutter avec plus d’acharnement encore. « Vous êtes la plus courageuse de nous tous en restant ici, sachant ce que vous risquez » Elle ne savait pas ce qui poussait le professeur à se montrer si clément avec elle : était-ce comme cela qu’il voyait les choses, ou essayait-il de se montrer doucereux pour la pauvre pleurnicharde qu’elle était ? Son pouce dessinant le contour de porcelaine blanche de sa tasse, Juliet se perdit dans un songe de quelques secondes, avant d’avoir un rictus sarcastique marquant la commissure de ses lèvres. « Vous avez une bien haute estime de moi, je pense. » Ca n’avait été qu’un murmure, ces mots, adressés à lui ou peut-être plus à elle. Il ne l’aidait pas en se montrant si empathique pour la pauvre coquille vide qu’elle était. Il pouvait la plaindre autant qu’elle voulait, son sort n’avait rien de pire que celui des élèves ici. Le courage n’était pas l’une de ses qualités affichées, indubitablement. Elle rangeait, triait, prêtait des livres – rien de plus. Un jour, elle finirait peut-être bien par atterrir à Azkaban, après un procès éclair qui l’aurait privée de sa baguette : parfois, la sorcière se disait que ce serait le signe du destin qui lui ferait faire pénitence pour tout ce sur quoi elle fermerait les yeux. Si elle ne faisait rien, de toute manière, elle savait déjà qu’elle vivrait avec le fardeau de l’inaction pour le restant de ses jours ; qu’elle serait hantée plus encore par les images qui voilaient déjà ses yeux lorsqu’elle cherchait le sommeil. A Poudlard, elle ne servait à rien – se dresser contre les Mangemorts serait du suicide, un suicide irréfléchi et stupide, mais ce serait déjà ça, sans doute.
Dehors, il y avait des sorciers qui se battaient pour les gens comme elle, il y avait ces fameux gens comme elle qui luttaient du mieux qu’ils le pouvaient, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la mort. Qui était-elle pour rester confinée ici, dans ce carcan sécurisant qu’était Poudlard ? Elle se mentait à elle-même, en des exagérations désastreuses : il y avait le professeur McGonagall, d’autres parts de résistance encore qui ne lui étaient pas forcément hostiles, mais elle se plaisait à accentuer sur son malheur pour ne pas se voir trop comme l’unique chanceuse, au milieu d’un champ de cadavres. « Je ne vois aucune raison de vous être hostile, bien au contraire. Je vois beaucoup de raisons de vous être amical » Le regard ailleurs, Juliet songea de longs instants aux paroles du professeur Sweetlove. Il lui était amical, comme peu de gens ici, certes, mais elle méritait plus d’être secouée comme un prunier et ramenée à la réalité plutôt que rassurée dans sa lâcheté. Posant sa tasse sur la table devant eux, Juliet finit par se lever, faisant disparaître un pli à sa jupe d’un geste réflexe de la main, resserrant l’étreinte de son gilet autour de ses épaules. « Je sais que vous êtes bien gentil avec moi. » A côté de toutes les attentions qu’il avait pour elle, rendre ses livres en retard n’était qu’une broutille dont elle encombrait l’esprit du jeune homme : en temps de guerre, beaucoup de gens avaient d’autres choses à penser que ça. Posant ses yeux clairs au travers de la petite fenêtre de ses appartements, Juliet se prit à observer, des dizaines de mètres plus bas, le calme apparent de la forêt interdite qui s’étendait sur des kilomètres. « Et je n’ai pas de meilleur moyen pour vous remercier que celui de vous mettre potentiellement dans des ennuis bien trop grands pour vous. » Peut-être n’aurait-il jamais dû venir jusqu’ici, peut-être ne devraient-ils pas être amis – ces pensées, pleines de réalisme lui déplaisaient tout autant que les paroles qu’elle proférait, cependant, il fallait se rendre à l’évidence : lui, pouvait au moins s’essayer à traverser cette guerre assez paisiblement, elle, c’était une toute autre histoire et si elle devait chuter, quelque part, elle ne voulait pas l’entraîner dans les méandres de sa condition. « Peut-être... Elle se tut, hésitante, sourcils froncés dans une lourde expression de ses questionnements bourdonnant à ses oreilles. Peut-être que vous feriez mieux de ne pas m’être amical. » Elle avait beau se cacher comme un rat dans son trou, si les Mangemorts devaient tomber sur elle un jour, elle ne voulait pas que le professeur Sweetlove ait à subir quelque conséquence que ce soit pour l’amitié qui pouvait les lier. « Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose, par ma faute. » Et au fond, la sorcière avait assez de soucis à se faire pour sa famille – autant qu’elle appréciait Timothy, la sagesse aurait dû lui imposer de ne jamais se lier d’une quelconque amitié naissante avec celui-ci : les Mangemorts savaient tout (ou presque) ici, et Merlin savait qu’ils étaient capables de tout également. Signant négativement de la tête, comme pour se rappeler de faire preuve d’un tant soit peu de politesse, Juliet feignit un nouveau sourire à sa bouche, avant de poser à nouveau ses azurs sur le professeur, qui devait surement se sentir plus déstabilisé que jamais. Elle passait de l’accueillante et sympathique compagnie à un être froid en apparences, qui pourtant parlait de choses qui auraient dû sonner raisonnables à leurs oreilles. « Je suis désolée, de dire tout ça. » Admit-elle au moins, le regard baissé pour un instant – elle n’était pourtant pas désolée d’avoir de telles pensées, ou même de reconnaître un quelconque attachement (autre que professionnel) pour le professeur : dans un monde où tout semblait déséquilibré et fruit d’incessantes injustices, l’amabilité courtoise de Timothy était bien plus agréable que toutes les compagnies du monde.
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| | | | Sujet: Re: + i see flowers everywhere (w/timothy) Mar 16 Avr - 20:21 | |
| LOST HIGHWAY, CARRY ON. lost highway way too fast headlights burnin all my laughs. ------------------ ◊ -----------------Je pensais toujours avoir les mots pour réconforter. Jusque là, j'avais cru en mon don d'éloquence, puisqu'il avait fait ses preuves jusqu'à présent. Ce soir pourtant, je me sentais totalement démuni face à cette timide bibliothécaire. Elle semblait effacée, apeurée et malgré le sourire évident que je pouvais constater sur ses lèvres, celui-ci se brisait souvent en une fraction de seconde. Je regrettais de ne pouvoir la rassurer. Peut-être était-ce parce que je commençais moi-même à prendre espoir ? J'en avais soudain le doute. Malgré tout, j'arrivais à faire revenir l'enthousiasme et la joie sur le visage de ma petite soeur lorsqu’elle n'allait pas bien. J'arrivais à faire rire ma mère lorsqu'elle était morose. J'arrivais à faire parler son père lorsque celui-ci se murait dans le silence. Alors pourquoi n'arrivais-je à rien ce soir ? Le temps était pourtant clair dehors. Aucun mauvais présage n'avait été annoncé et cependant l'atmosphère dans les appartements de Juliet se faisait plus lourde. Je me disais alors que le soir était sûrement mal choisi pour venir faire la conversation. La jeune femme avait peut-être appris une mauvaise nouvelle qui l'affectait au plus haut point. Ma présence devait alors la laisser indifférente. J'espérais ne pas l'importuner, mais cette pensée me semblait ridicule sachant que c'était elle qui m'avait invité à entrer. Elle était triste, c'était indéniable. Malheureusement, je ne sentais pas assez proche d'elle pour creuser plus loin et lui demander de se confier. Après tout, nous étions juste de simples collègues qui échangeaient quelques mots par-ci par-là. Le terme d'amis semblaient inconvenants, même si pour ma part je la considérais déjà comme telle. Il était impossible qu'elle soit du côté du Seigneur des Ténèbres de part sa simple condition de née-moldue. Je ne pouvais pas donc pas la considérer comme une ennemie, ni lui être hostile. Elle était chaleureuse, souriante, bienveillante. C'était un plaisir de l'avoir à Poudlard, encore plus par des temps aussi sombres. Même si nous nous connaissions très peu, je ne serais pas contre la compter dans mes amis. Après tout c'était une Gryffondor et la majorité de mes amis actuels avaient été réparti à Gryffondor. Quelques choses devaient me plaire en eux, peut-être leur bravoure que j'admirais tant. Je pouvais ressentir ce trait de caractère chez Juliet, mise à part que ce soir, elle semblait las et seul de la peur émanait d'elle. Plus les minutes avançaient et plus je comprenais que ma visite avait été mal venu. Je n'avais rien arrangé avec mon nouveau retard qui ne faisait que confirmer à la jeune femme la légèrement dont je pouvais faire preuve. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle avait toutes les raisons du monde de me dédaigner, même si ce n'était pas mon souhait. Je comprenais sa peur et sa peine que j'essayais de faire disparaître avec le rêve de quelques hippogriffes. Si ma proposition paraissait ridicule de l'extérieur, elle n'en était pas moins sincère. Elle avait aussi pour but de pouvoir changer les idées de la jeune femme. Chasser l'anxiété qu'elle avait, l'aider à s'évader durant un moment. Mais visiblement je m'étais trompé, Juliet n'était pas de ce genre-là. Brave, mais pas aveugle. « Vous avez une bien haute estime de moi, je pense » dit-elle dans un soupir presque audible. Ses mots semblant susurrés pour elle me firent me mordre les lèvres. Encore une fois, j'aurais peut-être mieux fait de me taire. Elle ne semblait pas voir ce que je percevais en elle. Il était rare que je me trompe et je pouvais assurer que Juliet valait bien plus qu'elle ne voulait l'avouer. Au lieu de répondre quelques choses de déplacés, je préférais me taire et reprendre une gorgée de thé.
Je ne savais où guère me placer à cet instant précis par rapport à Juliet. Je parvenais de moins en moins à percevoir ses pensées malgré que je sache qu'elles étaient ternes. Cela me faisait du mal de voir tant de chagrin perdu dans la douceur de son visage. C'était son sourire et sa bonne humeur qui faisait vivre la bibliothèque. Triste côté que je découvrais de la jeune femme ce soir. Celle-ci posa sa tasse sur la table devant nous et fit quelques pas pour s'éloigner dans la pièce. Je me retrouvais alors seul, une tasse presque vide dans les mains, presque indicateur de son geste. « Je sais que vous êtes bien gentil avec moi » dit-elle en resserrant le gilet autour de ses épaules nues. J'esquissais un sourire embrassé puis me ravisais réalisant l'ironie qui pouvait se trouver dans sa phrase. J'avais soudain l'impression qu'elle se moquait de moi. L'adjectif "bien" se heurtait à mon oreille. Il semblait de trop dans la phrase pour que celle-ci soit un véritable compliment. Peut-être l'avais-je définitivement énervée avec ce retard de plus ? Non, il y avait autre chose, j'en étais persuadé. Mais quoi ? De dos, je n'arrivais pas à lire sur son visage. Par moment, j'aimerais posséder le don de voyance de mon amie Sofia. Cela serait une capacité qui me serait bien utile. « Et je n’ai pas de meilleur moyen pour vous remercier que celui de vous mettre potentiellement dans des ennuis bien trop grands pour vous » dit-elle d'une voix bien sombre. J'éloignais la tasse de mes lèvres, fronçant les sourcils à tant de mystères. Elle me faisait peur tout à coup. Que voulait-elle insinuer ? Que pouvait-elle cacher pour prononcer à tel avertissement à mon égard. Sans m'en rendre compte, mes doigts se mirent à trembler et se crispèrent sur la tasse que je tenais entre les mains. Je baissais les yeux, cherchant un poing de fuite auquel me raccrocher. J'essayais de mieux penser, de déchiffrer à bon escient les mots qu'elle avait prononcé pour trouver leur vrai sens. Hostile ou amical ? Je retrouvais quelques instants mes esprits pour enfin m'exprimer. « Quels ennuis ? » demandais-je avant de me rendre compte de la stupidité de ma question. Qu'est-ce qui m'était passé par la tête ? J'étais terriblement ridicule, digne d'un benné. Croyais-je vraiment que celle-ci allait me répondre ? Si je ne pouvais trouver la réponse par moi-même, elle n'allait certainement pas me la donner. Alors que je m'injuriais de l'intérieur, Juliet reprit la parole pour en finir de me déstabiliser. « Peut-être... Peut-être que vous feriez mieux de ne pas m’être amical » déclara-t-elle dans un soupir. Je manquais de m'étouffer avec ma gorgée de thé. Celle-ci glissa dans mon œsophage accompagnée d'une bulle d'air, qui me fit toussoter. Fébrile, je reposais définitivement la tasse sur la table à côté de celle de Juliet. J'avais peur d'avoir compris ce qu'elle avait dit et sans même réfléchir, je compris que je devais me rendre à l'évidence. Elle me chassait. La jeune bibliothécaire venait de gentillement me faire comprendre que j'étais de trop dans cette pièce, peut-être dans son environnement tout court. Désarçonné, je quittais ma place pour entreprendre de me diriger vers la porte. Je n'avais pas l'habitude d'être rejeté d'une tel manière, même avec une personne que je connaissais peu. J'avais du aller trop loin dans la confidence. Mes mots rassurants avaient en fait eut l'effet d'une bombe sur la jeune femme qui me demandait expressément de bien vouloir la laisser tranquille. Je me sentais terriblement mal, prit d'un sentiment de honte profond d'avoir osé trop de gentillesse et de familiarité. Même les alliés semblaient ne plus se faire à ce genre de comportement. « Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose, par ma faute » ajouta-t-elle en tremblant presque. Je n'écoutais pas, au point de manquer le véritable témoignage d'affection qu'elle venait de me faire. Je cherchais un moyen de me dérober de cette situation plus qu'embarrassante, au risque d'être malpoli. Je regardais autour de moi, ne sachant réellement comment agir. D'habitude si à l'aise, je me rongeais les lèvres et mes doigts se crispaient et se décrispaient inlassablement signe évident de perte de contrôle. Me dirigeant vers la porte, je vis du coin de l'oeil la jeune femme se retourner. Je me stoppais net devant le panneau de bois. « Je suis désolée, de dire tout ça » admit-elle le regard baissé pour un instant. Prit sur le fait, je me retournais vers Juliet en me grattant le sourcil pour éviter soigneusement de croiser son regard. Je me sentais mal à l'aise et maladroit. « Hum, ça ne fait rien. Je crois que je vais vous laisser. Je...Je n'aurais pas du venir ce soir. Pardonnez-moi si je vous ai offensé » bafouillais-je joignant mes mains l'une contre l'autre pour lui prier de m'excuser. Je fermais les yeux et soupirais. Cela ne servait à rien, j'avais bien trop demandé pardon pour une soirée. Il n'était pas nécessaire que j'en rajoute pour me ridiculiser une fois de plus. Je me retournais vers la porte et posais ma main sur la poignée avant de m'arrêter. Je n'avais pas été élevé comme cela. J'interdisais la fuite à Juliet alors que c'était exactement ce que j'étais en train de faire. Par Merlin, je pouvais me targuer de donner des leçons sans les suivre ! Il fallait que je me reprenne et très vite. Retrouvant une contenance, je me retournais finalement vers la jeune femme qui semblait aussi déstabilisée que moi. « Je ne crois pas que vous soyez aussi faible que vous semblez le penser Juliet. Vous voulez vous protéger et protéger ceux que vous aimez. Peut-être que je prends effectivement des risques à vous êtes amical, mais généralement je ne me trompe pas sur les gens » lui dis-je en posant à nouveau mon regard sur elle. Mon expression était neutre, ne trahissant aucune sympathie flagrante, seulement l'expression d'une éclatante vérité, un sentiment personnel que je ne pouvais démentir. Je ne voyais pas Juliet comme une ennemie, je l'appréciais réellement. Peut-être n'était-ce pas réciproque, ce qui serait bien dommage car Poudlard perdrait encore une fois une petite étincelle de vie. « Veuillez encore m'excuser pour le retard et merci beaucoup pour le thé » déclarais-je dans une respiration. D'un froissement de pommette, j'esquissais un sourire pâteux. Il se faisait tard, Juliet semblait fatiguée, il était temps que je rejoigne mes appartements. Je tournais la poignée et ouvrais la porte pour me glisser dans l'entrebâillement. Avant de faire un pas de plus, je tentais un dernier regard vers la sorcière. L'instant était troublant. « Bonne nuit Juliet » finis-je par dire avant de passer dans le couloir et de refermer la porte derrière moi. Je fermais les yeux pour pousser un long soupir. Quel imbécile j'étais... FIN
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