HÔPITAL SAINTE MANGOUSTE, ANNÉE 1980.
Noir. Noir. NOIR. Explosion sourde. Il y en a partout, à tel point que je ne distingue que ça. Je me retourne dans mon épais cocon, le sourire aux lèvres. Je me sens bien là-dedans, cela a toujours été ma maison, le seul et unique endroit que je connaisse. Le liquide épais et visqueux dans lequel je me baigne toute la journée est confortable, et me procure la chaleur dont j’ai besoin pour survivre. Et puis, il y a cette voix. Je l’entends me parler presque toute la journée, il m’arrive de me dire que c’est ma maison qui me parle. Ma maison est donc très gentille. Douce et chaleureuse à la fois, elle me rassure lorsque je commence à m’agiter et me chante des berceuses lorsque je ne parviens pas à m’endormir. Dans ma maison, c’est vraiment le paradis. Sauf que, il faut toujours un mais aux bonnes histoires. Celle-ci ne fait pas exception. Ce mais si peu convoité, le voici : au terme de nombreuses semaines à habiter seul dans ma maison, une explosion de couleurs viens me titiller le coin de l’œil. Puis, c’est au tour de voix plus fortes les unes que les autres, de venir perturber mon existence pourtant si paisible jusque là. C’est alors que l’on me sort complètement de chez moi ; on est venu me kidnapper par la force. Je me fais littéralement agressée par un flot perpétuel de lumière et de couleurs. Mes yeux me piquent et je ne vois plus que des tâches difformes. La vie en dehors de chez moi n’est faite que des formes indéfinies qui me donnent le tournis. Je veux retourner à la noirceur de mon cocon. Le brouhaha incessant de mes kidnappeurs manque de peu de me percer les tympans, chez moi, les voix de l’extérieur étaient atténuées. Je me sentais bien. Vraiment bien. Là, s’en est trop. Il faut que je fasse savoir mon mécontentement. Sauf que je ne sais pas comment leur dire, ils ne parlent pas la même langue que moi. Sans plus attendre, je fais ce que tout le monde aurait fait à ma place : je hurle de toutes mes forces.

MANOIR DES PANDERMAN, ANNÉE 1985.
« Je me demande bien où il a pût passer. » « Personne n’en sait rien… » « En tout cas, il ne doit pas être bien loin. » « Cinq ans. Cinq ans déjà qu’il a disparu. Seul nous continuons à le chercher, tout le monde a abandonné. » « Non, pas Lucius. » « Comment ça, pas Lucius ? » « Lucius n’a pas abandonné, il est à sa recherche, je le sais. » « Lucius a été le premier à abandonner les recherches et tu le sais très bien ! Lucius est… » La voix de ma mère s’interrompt brusquement tandis que je rentre dans la pièce. Son visage rendu écarlate par la colère, faisant rapidement volte-face dans ma direction. Elle ne semble pas attendrie par mon visage d’enfant. Ce n’est pas grave, ce n’est pas ce que je veux. Je veux juste savoir de quoi ils parlent, comprendre ses éclats de voix qui montent jusque dans ma chambre tous les soirs. J’avance un peu plus, d’un pas timide, dans la pièce. Le nez de ma mère se retrousse tandis qu’un sourire narquois et rieur s’installe sur le visage de mon père. Ce sera à qui craquera les premiers, qui ouvriront en premier la bouche. Malheureusement, en petit garçonnet de cinq ans, je ne fais pas le poids contre ces deux adultes. L’expérience en moins j’imagine. Aussi, je lâche les premiers mots prononcés depuis mon entrée dans la pièce. « Qui est-ce que vous cherchez ? Je l’ai peut-être déjà vu. Je peux vous aider à le trouver. » Ma voix s’est faite déterminée, mais apparemment, ma détermination ne compte pas. Ma dévotion non plus, puisque la voix de ma mère tranche aussitôt : « Qui t’as demandé de descendre ? Remonte dans ta chambre, tout de suite. » Mon grand sourire enfantin et bienveillant disparait tout de suite. Ici, on n’aime pas la bienveillance. Je ne sais pas si c’est mon sourire ou ma question qui la gêne, mais il est sûr qu’elle n’est pas fière de moi à cet instant présent. Je baisse alors la tête, me triturant les mains de manière convulsive, peu fier de moi. Faisant demi-tour, je me mets à m’avancer vers le couloir menant à l’escalier que je dois gravir pour me rendre à l’étage. C’est alors que la voix de mon père s’élève dans la pièce. « Non Joshua, reste. » Je me tourne vers lui d’un seul coup. Un sourire commence à apparaître sur mon visage tandis que j’emmagasine peu à peu ce qui est en train de se passer. Mon père me toise un court instant du regard avant de tourner légèrement son buste vers ma mère, signe qu’il va s’adresser à elle à présent. « Il est en droit de savoir. Laisse-nous avoir une discussion d’homme à homme, veux-tu ? » « D’homme à homme ? Mais ce n’est qu’encore un gamin. » « L’âge ne compte pas, ce qu’il faut regarder, c’est la mentalité. Et un enfant prêt à aider ses parents de lui-même, qui s’intéresse au monde qui l’entoure plus qu’à lui-même, qui sait à partir de quand un règlement peut être dévié sans encombre, qui comprend de lui-même qu’il peut avoir une conversation censée avec un adulte, n’est pas un gamin. Il y a des signes qu’il faut apprendre à voir. » Les derniers mots de mon père se font glacials. J’en frissonne, ce que personne ne semble remarquer. Mais dans un même temps, je suis ravi de tous les compliments que mon paternel m’a fait indirectement, même si ce n’était pas son intention réelle. Je regarde ma mère se lever avant de se diriger, le visage fermé, par la porte que j’ai utilisé pour entrer dans la pièce. Mon père me fait alors signe de m’asseoir à la place qu’elle vient de quitter et je m’exécute. Il commence aussitôt son discours, empli de belles paroles. « Tu as sûrement déjà entendu revenir plusieurs fois le nom de Lord Voldemort, Seigneur des Ténèbres ou encore de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, dans nos discutions de grands. Ou encore par les enfants d’autres sorciers lors de nos réunions. Ai-je raison ? » Je secoue la tête en signe d’approbation, mes yeux brillants face à cette mise-en-bouche fascinante. Cette nuit là, mon père me raconte toute l’histoire du plus grand mage noir de tous les temps, débutant ainsi mon éducation de jeune sang-pur.

MANOIR DES PANDERMAN, ANNÉE 1990.
« Alors commençons, tu veux bien ? » « Je suis prêt père. » « Très bien. Comment appelle-t-on un sang pur ? » « Pas de piège ici. Juste un sang pur. Un sorcier faisant parti de l’élite en somme. » « Un sang-pur sans pouvoirs magiques ? » « Un cracmol. » « La seule maison respectable de Poudlard ? » « Serpentard. » « La maison constituée du plus grand nombre d’imbéciles possible ? » « Poufsouffle, sans hésitations. » « La maison avec le plus grand nombre de prétentieux ? » « Serdaigle. » « La maison constituée de soi-disant courageux, bêtes comme leurs pieds ? » « Gryffondor. Que des attardés par là-bas. » « Un sang-mêlé ? » « Un sorcier dont l’une des pourritures de parent a trahi son sang pour faire un gosse avec un moldu. Une honte. » « Et pour finir, la plus importante. Un sorcier né moldu ? » « Un sang de bourbe. Vermine de la pure espèce. Ils ne méritent pas leurs pouvoirs et devraient être éradiqués de la terre. Des erreurs de la nature, présents uniquement pour essayer de nous rendre ridicules, nous autre sang-purs. » Mon ton de voix est neutre, mon teint pâle. Je récite ce que l’on m’a appris. Ce que mon père m’a appris, pour être plus précis. Cela fait cinq ans que ce questionnaire revient sans cesse, plusieurs fois par jour. Les questions sont toujours les mêmes, aussi je me demande souvent si mon père a peur que j’en oublie les réponses. Je ne pose pas de question cependant, me contentant de réciter ce que mon père m’a appris cette nuit de mille neuf cent quatre-vingt cinq. Mon père pose un regard froid sur moi, mais chaleureux à la fois. Je lui souris et même s’il ne me rend pas ma marque de courtoisie, je suis heureux et fier qu’il soit mon père. « Félicitations. Un sans faute, comme d’habitude. Tu peux allez retrouver tes amis à présent. » Je déglutis, pour tenter de ravaler mon excès de fierté, survenu grâce aux mots de mon père. Je me lève lentement de mon fauteuil et m’approche à pas lents et mesurés de la porte. Juste avant de sortir, je me tourne une dernière fois vers mon paternel et lui lance : « Merci père. Merci pour tout. » Je contemple un instant le sourire narquois et fier qui s’étend sur son visage, avant de tourner les talons et de sortir pour de bon de la pièce.

POUDLARD EXPRESS, ANNÉE 1991.
J’adresse un dernier signe à mes parents par la vitre du Poudlard Express, avant de les voir disparaître au loin. Je suis à peu près sûr qu’ils se tenaient à côté des Malefoy, cette famille dont mon père m’a très peu parlé. Et alors, je ne peux m’empêcher de me souvenir de cette soirée où mon éducation de sang-pur a commencé. Le prénom de Lucius était revenu plusieurs fois dans la conversation. Le père Malefoy était l’un des mangemorts les plus puissants. J’irais même jusqu’à dire qu’il était le bras droit du Seigneur des Ténèbres. Cependant, ma mère à l’heure de penser que c’est un traitre. Aussi, je me méfie de lui et de son fils comme de la peste. Le petit Drago me semble être la réplique parfaite de son père, autant par son apparence que par son mental. J’essaye d’oublier le fait que j’ai été élevé de la même façon que lui et tourne les talons avant de m’enfoncer dans le Poudlard Express. Je croise une brune aux cheveux ondulés, accompagnée d’un brun mal-à-l’aise tenant son crapaud dans ses mains. Je fais une mine dégoutée avant de m’enfoncer encore un peu plus dans le train. Plus loin, une jeune fille s’apprête à entrer dans une cabine jusque là libre. Elle n’a pas l’air méchant. Je m’avance vers elle, adoptant une attitude presque timide. « Bonjour, moi c’est Joshua. Je peux venir m’asseoir avec toi ? » Elle me toise un instant, le visage inexpressif. Puis, un immense sourire s’installe sur son visage tandis qu’elle se met à rire. Sans comprendre pourquoi, je me mets à rire avec elle, complètement à l’aise. Nous devons attendre un instant pour nous reprendre, avant qu’elle ne me dise : « Bien sûr, je t’en prie. Moi c’est Hester Isla-Rose Steadworthy. » Mes yeux s’écarquillent face à ce nom disproportionné. Est-ce réellement possible d’avoir un nom aussi long ? Apparemment oui, d’après cette fille. Elle contemple un instant mon visage éberlué, avant de rajouter : « Mais tu peux m’appeler Hester. » Mon expression de visage se décontracte alors, tandis qu’un grand sourire y reprend sa place. « Très bien. Hester, ça me va. C’est un joli nom. » Elle me sourit en retour, avant d’entrer dans le compartiment. Je reste sur ses talons

GRANDE SALLE DE POUDLARD, ANNÉE 1991.
Les jeunes Malefoy, Crabbe et Goyle finissent par être envoyés à serpentard, tous fiers comme jamais. Je regarde la joie illuminée leur visage, tandis qu’ils continuent les grandes lignées familiales menant à cette maison si précieuse aux yeux de mes parents. La seule maison acceptable même, à l’en croire. « Panderman, Joshua. » s’élève la voix du professeur McGonagall. Hester, la jeune fille qui a partagé mon compartiment dans le train, me pousse légèrement dans le dos, me faisant signe d’avancer. Je lui adresse un dernier regard reconnaissant avant de m’avancer vers le tabouret. La directrice adjointe me place alors le choixpeau magique sur la tête et celui-ci semble hésiter de la décision à prendre. Si bien qu’au bout d’un moment, l’adrénaline me monte le long de la colonne vertébrale. Je lève les yeux vers le bord du choixpeau que je vois dépasser au-dessus de ma tête, mais rien à faire, il a l’air de prendre son temps, ne prononce aucune parole pendant ce temps. Après avoir déglutit assez difficilement, je rebaisse les yeux sur la salle. Je rencontre le regard de Drago, posé sur moi. Son regard semble perdu. Du moins, c’est ce qu’il me semble, jusqu’à ce qu’il m’adresse un regard carnassier. Un frisson me parcourt alors le dos. Au même moment, la voix du choixpeau s’élève à nouveau : « GRYFFONDOR ! » Le professeur McGonagall enlève alors le morceau de tissus, maintes fois rabibochés, de sur la tête. La table des gryffondors entière se lève pour m’accueillir, même si certains voient ma venue dans leur maison d’un mauvais œil. Comme deux grands rouquins par exemple. Je garde la tête baissée vers mes pieds durant tout le reste de la cérémonie de répartition, me sentant sale et honteux. Je crois comprendre l’arrivée à la table d’un certain Harry Potter, dont mon père m’a parlé quelques fois. Le brun est responsable de la chute de Lord Voldemort d’après lui. Je ne relève même pas la tête, trop occupé à m’apitoyer sur mon sort. J’ai été envoyé dans la maison des attardés, au côté d’Harry Potter en plus. Mon père va me tuer. Je ne relève la tête que pour constater que l’amie que je me suis fait dans le Poudlard Express a été envoyée à serdaigle, dans la maison des prétentieux. Je soupire. Si seulement nous avions pût être dans la même maison !

MANOIR DES PANDERMAN, ANNÉE 1991.
Frigorifié et tremblant de froid, je claque la porte derrière moi après avoir fait un dernier signe au Magicobus qui m’a ramené jusqu’ici. Mes parents avaient dit que je devais rentrer à la maison pour noël et qu’ils viendraient me chercher à King’s Cross. Mais en descendant du Poudlard Express, il n’y avait personne. Je me suis donc décidé à prendre le Magicobus, ce bus magique dans lequel ma mère m’avait emmené plusieurs fois. Pour ne pas salir la maison, je me débarrasse de ma cape de sorcier couverte de neige et de mes chaussures humides à l’entrée, avant de m’avancer à pas lents vers le salon, les bras croisés sur le torse pour éviter de trembler de trop à cause du froid. « Ce n’est pas lui quand même ? » « Qui veux-tu que ce soit d’autre ? » Les voix de mes parents me parvient aussitôt, fermes et dépourvues de compassion. Derrière eux, j’entends des rires légers. Je m’avance vers le salon pour les découvrir, me toisant d’un regard dur qui me fait baisser la tête, entourés de plusieurs de leurs amis sorciers. Ceux-ci me regardent en ricanant, tous plus durs les uns que les autres envers moi. « Je t’avais bien dit que j’aurais dû l’envoyer à Durmstrang ! Regarde comment il est devenu. Mou, honteux et peu fier. Un vulgaire gryffondor, aussi débile que ces sangs-de-bourbes qui composent sa maison ! » Je redresse soudainement la tête, croisant alors le regard de mon père. Aucune émotion là-dedans, pas même le moindre sourire narquois. Mon cœur fait un raté tandis que je me rends compte d’à quel point je le déçois. L’émotion est plus violente encore que le jour où j’ai reçu sa beuglante, me disant à quel point il était honteux d’avoir un fils tel que moi. « Père… » « Hors de ma vue, tu n’est pas mon fils ! » me coupe-t-il d’une voix ferme, son regard se faisant encore un peu plus dur. Je déglutis difficilement avant de tourner les talons et de m’enfuir en courant, des larmes commençant à me rouler le long des joues.

PARC DE POUDLARD, ANNÉE 1992.
Assis côte à côte dans l’herbe, face au lac de l’école, nous en scrutons les eaux sombres. Nous ? Hester et moi. Ma meilleure amie, depuis la rentrée. Depuis que nous nous sommes rencontrés dans le Poudlard Express et que nous avons partagé ce compartiment tout le temps de la route ensemble. « Tu crois qu’il y a vraiment un monstre dans le lac de Poudlard ? » Je lui demande d’une petite voix. Hester se redresse légèrement pour mieux scruter la surface du lac. Au bout de quelques instants, elle finit par se rasseoir normalement à côté de moi. Elle se gratte un instant le menton comme si elle réfléchit, avant de se tourner vers moi. « Non, je ne crois pas. » « Ah ouais ? Pourtant, tout le monde le dit. » Elle me regarde alors que je lui réponds ce que tout le monde pense. Ou plutôt, ce que tout le monde dit. Bref, c’est la même chose. Elle baisse alors un instant la tête, semblant réfléchir de nouveau. Lorsqu’elle la tourne de nouveau vers moi, j’ai l’impression qu’un éclat nouveau brille dans son regard. Mais je ne sais pas ce que représente cet éclat. « Moi, je ne pense pas que c’est un monstre. Tout le monde dit que c’est un monstre, mais il est peut-être inoffensif et vraiment gentil. » A ce moment-là, nos regards se croisent et nous éclatons de rire, ensemble. Après nous être légèrement calmés, elle se tourne vers le lac et en fixe les profondeurs avant de me sortir sa deuxième phrase philosophique du jour : « Tu sais, tes parents disent que tu es un monstre parce que tu es un gryffondor. Mais moi, je te trouve vraiment gentil. » Je me tourne alors vers elle, les joues rougies par ce qu’elle vient de me dire. Elle aussi se retourne vers moi et nos regards se croisent alors. « Merci Hester, merci pour tout. T’es une fille bien. » Après quoi, je me laisse retomber lourdement sur la pelouse pour contempler le ciel sans nuage qui s’étend au dessus de Poudlard.

GARE DE KING’S CROSS, ANNÉE 1992.
Debout derrière la porte du Poudlard Express, j’attends qu’elle s’ouvre avec une petite appréhension. Mais pas moyen d’attendre encore un peu une fois la porte ouverte, tellement les autres élèvent se bousculent derrière moi, me poussant presque hors du train. Je me dépêche donc de mettre pied à terre, prenant grand soin d’emmener ma valise et ma chouette avec moi. J’adresse alors à Hester un dernier signe de main, avant de m’avancer sur le quai, en quête de mes parents. La jeune fille ne s’offusque pas par le fait que je ne leur présente pas, elle sait qu’elle risquerait de passer un mauvais moment avec des parents tels que les miens. Je crois qu’elle n’a pas vraiment envie de les rencontrer, après tout ce qu’il s’est déjà passé avec moi. C’est en me remémorant le début de l’année où j’ai reçu la beuglante de mes parents, pour me maudire d’avoir atterri à gryffondor, que je l’aperçois. Mon elfe de maison est sur le quai, me fixant droit dans les yeux. Je soupire alors, les larmes me montant aux yeux, tandis que je me rends compte que mes parents n’ont même pas pris la peine de venir me chercher à la gare de King’s Cross. Mais je refoule mes larmes, alors que je me dis que cette fois, ils ont au moins fait l’effort de m’envoyer quelqu’un, pour ne pas me faire revenir en Magicobus. Aussi, lorsque l’elfe me tend la main, je la saisis sans poser de question, avant de transplaner avec lui.

MANOIR DES PANDERMAN, ANNÉE 1993.
« Argh ! Comment il a fait pour s’en sortir ? » Mon père, fout de rage, commence à mettre toutes les affaires présentes dans la pièce par terre. Les vases, les tables, les tableaux, les cadres, les chaises, les fauteuils, tout. Il se tourne finalement vers moi, fou de rage. « Tu connais ce Potter ? » me demande-t-il violement, d’un air dégoûté. J’acquiesce en silence, ne voulant pas parler par peur que tout ne me retombe dessus. Mais il est tellement énervé que c’est inévitable. Il s’avance d’un pas énervé dans ma direction et me saisit par le col avant de me plaquer contre le mur, mes jambes pendant au dessus du sol. Au début, je me débats, avant de finalement me rendre compte que ça ne sert à rien. « Je ne suis… pas… ami avec… ce Potter. » J’articule difficilement à cause du morceau de tissus qui me sert le cou et m’empêche de respirer. Mon père me relâche alors d’un seul coup et se recule tandis que je m’effondre sur le sol. Je commence à me frotter le cou, tentant d’effacer la douleur qu’il me procure. Je redresse alors la tête vers mon père, resté près de moi. « Tu en as entendu parler ? » siffle-t-il d’un ton mauvais. J’acquiesce en silence, avant de me rendre compte que cela ne sert plus à rien de me faire discret. Je viens de me faire étrangler, que pourrais-je risquer de pire ? Mon père n’irait tout de même pas jusqu’à me tuer. Car même si je suis arrivé dans la maison gryffondor, je n’en reste pas moins un sang-pur. « La chambre des secrets, c’est ça ? » Mon père m’adresse une légère grimace avant d’acquiescer. Il se retourne alors et s’avance vers une chaise qu’il redresse avant de s’asseoir dessus. « Lucius a été incapable de mener à bien sa mission encore une fois. Il a contraint le Seigneur des Ténèbres à rester impuissant. Et il a été mené par le bout du nez par un gamin de douze ans. » Son nez se retrousse tandis qu’il parle. Moi, je me contente de déglutir. Après quoi, un frisson me parcourt la colonne vertébrale tandis que je me remémore cette terrible seconde année à Poudlard, qui a mal tourné pour la totalité de l’école. Je me surprends à penser que c’est bien heureux qu’il n’y ait aucun mort. Mais ce n’est pas ce que mon père aurait voulu que je pense, parce que mon père aurait voulu voir mourir des gens.

GRANDE SALLE DE POUDLARD, ANNÉE 1994.
« Black ! BLACK ! » La voix retentie, assourdissante dans le calme de la grande salle. Je me redresse lentement, les sourcils froncés et la mine déconcertée. Depuis mon entrée à Poudlard, aucune année ne s’est encore jamais passé tout à fait normalement. Ni la première, ni la deuxième. Et voilà que la troisième année, semble corrompue elle-aussi. Car si le monde magique est déjà au courant de l’évasion d’Azkaban du célèbre tueur Sirius Black, ce depuis plusieurs mois déjà, ce n’est certainement pas pour cela que le garçon est entré dans la grande salle en criant son nom. Non, quelque chose de plus récent a dû se produire. Je me laisse glisser sur le banc en face du jeune homme, pour pouvoir mieux écouter ce qu’il a à nous dire. Très vite, un petit attroupement se fait autour de nous, alors qu’il pose un journal – La Gazette du Sorcier – sur la table. « Il a été vu… A Pré-au-Lard ! » lâche-t-il finalement, haletant. Avec plusieurs personnes, nous nous mettons à lire le journal sorcier. Une fois cela fait, peu rassurés, nous repartons vers la salle commune des gryffondors. Mais là, une surprise nous attend. En effet, le tableau de La Grosse Dame est lacéré de coups de couteaux et il est impossible de trouver notre castafiore. Un vent de panique s’éprend alors de tous les élèves présents. « Où est-elle passée ? » je demande à mon voisin, attardé lui aussi sur l’escalier. Il hausse les épaules pour me montrer qu’il ne sait pas, avant de se remettre à regarder fixement la porte, le regard vide. Je lui lance un coup d’œil perplexe avant de me tourner vers les autres tableaux pour essayer de la trouver. Avec le poids qu’elle a, elle n’a pas dû aller bien loin. C’est à ce moment-là, qu’en plus des préfets qui crient depuis tout à l’heure de se calmer, le professeur Albus Dumbeldore fait son apparition dans l’escalier, suivi du professeur McGonagall et d’autres. Là, je comprends que la situation est vraiment grave.

COURS DE MÉTAMORPHOSE, ANNÉE 1994.
Durant les cours de métamorphose, les serdaigles et les gryffondors de quatrième année sont rassemblés dans la même salle, recevant l’éducation du professeur McGonagall. Dans ce cours, je suis donc dans la même pièce qu’Hester et nous ne pouvons pas dire que nous sommes très loin l’un de l’autre, en diagonale, nous sommes séparés par seulement trois élèves. Je me surprends moi-même à la regarder, un sourire béat sur mon visage. Ce que ne manque pas de remarquer mon voisin de table. « Alors, tu l’invites quand pour ce bal ? » Surpris, je me retourne vivement vers mon voisin, qui me montre l’endroit où se trouve Hester d’un bref signe du menton. Je ne regarde pas qui il me désigne, j’ai très bien compris. Mes joues se tentent alors d’une couleur pourpre tandis que mes pensées se font confuses dans ma tête. « Je… Je ne l’invite pas. » Il m’adresse un regard perplexe, avant de partir dans un rire léger, ne récoltant rien d’autre que le regard noir du professeur McGonagall. Nous baissons alors précipitamment la tête, en attendant que la directrice de la maison gryffondor dirige ses foudres sur quelqu’un d’autre. Lorsque je relève la tête, je vois Hester tournée vers moi. Nos regards se croisent et je tourne vivement la tête, tandis que mes joues se teintent une nouvelle fois de rouge. Mon voisin de table n’a pas manqué notre échange de regards. « Tu devrais, pourtant. » me souffle-t-il avant de se tourner pour recommencer à suivre le cours.

GRANDE SALLE DE POUDLARD, ANNÉE 1994.
« Je vais chercher de la Bieraubeurre, tu restes là hein ? » J’acquiesce en silence, la regardant sans vraiment la regarder. Elle remarque que je ne suis pas vraiment avec elle et elle se rapproche de moi, se mettant à me caresser légèrement la joue. Je secoue la tête, ce qui fait glisser sa main. Elle ajoute alors en rougissant. « Tu veux que j’aille t’en chercher une ? » Je redresse la tête vers elle et lui adresse un faible sourire. Vraiment très faible. « Non merci. » Elle acquiesce en silence avant de tourner les talons. Pendant ce temps là, moi je regarde la salle de bal. Mes yeux se posent tout de suite sur une silhouette, qui fait bondir mon cœur dans ma poitrine. Je pousse un profond soupir avant de me décider à m’approcher d’elle. « Hester ! » je lui souffle à l’oreille alors que je m’empare de son poignet pour l’emmener à l’écart. La jeune femme n’oppose aucune résistance et me suit docilement. Je m’arrête alors derrière une colonne, contre laquelle je la plaque doucement. « Joshua ? Qu’est-ce qui te prend ? » Elle arque un sourcil et je me reprends, la relâchant pour qu’elle puisse être de nouveau libre de ses mouvements. Je me recule un peu et me mets à admirer sa tenue, la regardant de la tête aux pieds, ne me gênant pas pour m’arrêter à certains endroits. « T’es vraiment pas mal ce soir. » je lui souffle finalement. Elle soupire légèrement. « Toi non plus. » me glisse-t-il avant de croiser ses bras sur sa poitrine et de m’observer de la tête aux pieds, de la même manière que j’ai fait pour elle. Je souris sans même m’en rendre compte. « Ton cavalier à l’air d’un gros nase. » Elle me lance un regard horrifié tout en ouvrant la bouche, légèrement choquée par mes paroles. Je mets à rire légèrement tandis qu’elle m’administre une légère tape sur les épaules. « Ta cavalière à l’air d’une grosse pouf. » Je me mets à rire une nouvelle fois avant de sauter sur cette occasion de complicité partagée, pour en rajouter une couche. « Elle n’a pas juste l’air crois moi. » Hester se met à rire, elle aussi. « Le mien non plus, il n’a pas juste l’air d’être un gros nase. » finit-elle par lâcher, tout en poussant un soupir lasse et désolant. « J’ai pas demandé à la bonne personne de m’accompagner, c’est un fait. » je finis par soupirer. Elle arque un sourcil interrogateur, ce qui me fait sourire. « Ha oui ? » Mon sourire s’élargit légèrement, tandis que je viens la saisir par la taille pour la pousser une nouvelle fois contre la colonne, d’une manière douce. Puis, fermant les yeux, je dépose un long baiser sur ses lèvres. Enfin.

MANOIR DES PANDERMAN, ANNÉE 1995.
« Même lui a raté ! » J’arque un sourcil, attendant une explication de mon père. Je n’ai pas très bien saisit ce qui s’est passé en cette fin d’année, malgré le long discours du professeur Albus Dumbeldore sur la mort de Cedric Diggory, le champion de Poudlard qui était dans la maison de poufsouffle. Une histoire sur un professeur de défense contre les forces du mal, qui n’en aurait pas été vraiment un. Bref, tout est encore un peu flou pour moi. « Tu parles du professeur Maugrey ? » Mon père m’adresse un regard noir, avant de se mettre à grommeler. Je sais pourtant qu’il va me répondre, il ne supporte pas l’idée que son fils unique soit un attardé qui ne comprend jamais rien au moment où il le faut. Je crois qu’il déteste cette idée plus que le fait de me voir rattaché à la maison de gryffondor. « Bartemius Croupton Junior. » me corrige-t-il en m’adressant un nouveau regard. Je hoche la tête en me pinçant les lèvres, attendant la suite. « Il avait eu ordre du Seigneur des Ténèbres de faire en sorte d’amener Potter jusqu’à lui, sauf que celui-ci a réussi à s’enfuir. » Je déglutis. L’histoire du cimetière qui a parcourut la salle commune des gryffondors juste avant de devoir partir rejoindre le Poudlard Express, était donc vraie. Je n’arrive pas à y croire, les mangemorts – mon père – étaient si près d’étriper ce Potter, qui ne me semble pas si antipathique que ça pour finir. Pour moi, je préfère qu’il aie réussi à s’en sortir quelque part, car je ne supporterais pas l’idée d’entendre mon père dire qu’il était aux premières loges pour le voir mourir, se révélant ainsi complice de meurtre.

PRÉ-AU-LARD, ANNÉE 1996.
Alors que je me ballade aux côtés d’Hester dans Pré-au-Lard, entrant une fois dans Honeydukes ou encore dans le magasin de farces et attrapes Zonko, je sens que l’on m’attrape par la manche. « Tu n’aimes pas Ombrage toi, pas vrai ? » me souffle alors une voix féminine que je ne reconnais pas. Je fais rapidement volte-face vers la jeune fille, qui à première vue ne me dit toujours rien. Je secoue alors la tête vaguement, en signe d’approbation. Je ne sais pas voir en peinture cette vieille truie du ministère qui vient fourrer son nez dans ce qui ne la regarde pas. Je fronce le nez en pensant à cette Ombrage. « Va voir à La Tête de Sanglier, ils préparent quelque chose là-bas, qu’ils appellent Armée de Dumbeldore. » Je tourne la tête pour échanger un regard avec Hester. Tout d’abord, aucun de nous deux esquisse un geste. Puis, finalement, la blonde se met à hocher la tête, comme-ci elle me donne l’approbation de faire ce que j’ai envie. Je lui adresse alors un sourire avant de me détacher d’elle. « Merci, je vais aller voir ! » je lance à la jeune fille qui ne me revient pas, avant de me mettre à courir en direction de la vieille taverne.

MANOIR DES PANDERMAN, ANNÉE 1997.
Les yeux rougis par les larmes, j’entre dans le salon en pensant à ce bon vieux professeur Albus Dumbeldore. Une lourde perte pour le monde magique et l’école de sorcellerie Poudlard. Mais mon père ne semble pas penser la même chose, vu la façon dont il saute dans la pièce comme un fou. « Dumbeldore est mort ! Dumbeldore est mort ! » hurle-t-il en riant, comme-ci il était retourne en enfance. Je déglutis avant de m’asseoir sur le fauteuil, tout en me mettant à siroter la Bieraubeurre que je viens de prendre, le cœur lourd. Mon père se tourne alors vers moi et fronce aussitôt les sourcils. « Tu as pleuré ? » Je m’apprête à secouer négativement la tête lorsqu’il ajoute : « Ne me mens pas. » Je déglutis alors une nouvelle fois avant de hausser les épaules. Loin de satisfaire mon père, cette façon de répondre à sa question le met plutôt en rogne. Il fronce les sourcils un peu plus et je me mets donc à inventer une excuse. « Ma chouette était couchée sur le sol de sa cage, j’ai crut qu’elle était morte. Mais elle va bien. » Mon père m’adresse alors un grand sourire, fier de pouvoir de nouveau croire que je ne pleurais pas la disparition du professeur. Je baisse alors les yeux tandis qu’il décide de me dire : « Au fait, cet imbécile de Drago a raté. Il n’est pas mieux que toi. » avant de tourner les talons et de s’enfoncer dans la cuisine en ricanant. Sa remarque me décroche un sourire. Venant de lui, cela ressemble même à un compliment.

MANOIR DES PANDERMAN, ANNÉE 1997.
« Joshua ! JOSHUA ! » hurle mon père en bas de l’escalier. Me dépêchant de sortir de mon lit, je m’empresse d’enfiler une robe de sorcier avant d’aplatir rapidement mes cheveux sur ma tête, pour ne pas montrer que ce sont ses cris qui viennent de me réveiller. Je descends deux minutes plus tard, quand je sens que tout est prêt. Mon père m’accueille avec un grand sourire, ce qui est assez inhabituel venant de sa part. Je lui adresse un regard interrogateur tandis qu’il m’attrape pour m’emmener vers le salon. Une fois assis côte à côte sur le canapé, il me dit : « Tu ne devineras jamais. » Je fais la moue, me demandant de quoi il parle. Alors, je me dépêche de tenter la première chose qui me vient à l’esprit, avant que mon père ne s’emporte parce que je ne réponds pas assez vite, même si je n’y crois pas vraiment. « Le Seigneur des Ténèbres a tué Harry Potter et la Gazette du Sorcier ne le sait pas encore ? » je tente, toute ironie non-dissimulée. Mon père adopte un air un peu bougon, avant de décider de faire comme-ci je n’avais rien dire et d’adopter à nouveau un large sourire. Ce qui est pour le moins étrange, venant de lui. « Je viens faire professeur à Poudlard. Le père et le fils réunis dans la même école, ce n’est pas génial ? » Mes yeux s’écarquillent face à la violence de cette annonce, je ne veux pas y croire. C’est un coup bas indescriptible pour moi. Mais lorsque mon père se tourne vers moi pour savoir ma réaction, j’essaye d’adopter une expression de personne agréablement surprise. Et même si cela doit plus ressembler à une grimace qu’autre chose, cela à l’air de satisfaire mon père. Tant mieux pour lui.

POUDLARD EXPRESS, ANNÉE 1997.
Pour la septième fois cette année, j’entre dans le Poudlard Express. Sauf que les choses sont bien différentes cette fois. Moi qui aie toujours partagé mon compartiment avec Hester, vais être obligé de voyager avec d’autres. C’est un coup dur pour moi, infligé par mon père. Son nouveau statut de professeur à Poudlard complique bien évidemment les choses. Jusque là, je n’étais obligé d’agir selon ses critères du parfait sorcier que lorsque je revenais au manoir familial. Mais cette année, je vais être obligé de me comporter en sorcier exemplaire – à ses yeux – tout au long de l’année, quoi que je fasse. En vrai petit salop de sang-pur surtout. Je bougonne tout en m’avançant dans le train à présent en marche. Au milieu du couloir, une épaule me percute, m’offrant une forte douleur dans l’épaule. « Bouge de là imbécile ! » La voix de Drago me parvient et je tourne la tête vers celui qui vient de me percuter. Le regard du blond et le miens se croisent. Après un court instant d’hésitation, le jeune Malefoy s’arrête et se tourne entièrement vers moi. « Mais regardez qui voilà ! Le jeune Panderman. Décidé à arrêter de jouer au traitre à son sang maintenant que papa est là. » « La ferme Malefoy. » « Oh, belle répartie ! Je suis impressionné. » Je fais la grimace tout en grognant légèrement. « C’est vrai que tu es plus à même de donner des conseils Malefoy. Avoir fini à serpentard n’est pas un gage de puissance, juste un petit plus pour se sentir en bonne voie. La puissance, on l’acquiert avec les choses que l’on est capable de faire. Hors toi… » Je laisse ma phrase en suspens, adoptant un sourire narquois qui fait fulminer Drago, j’en suis sûr. Le blond va même jusqu’à se passer une main dans les cheveux, l’air nerveux face à ce souvenir douloureux. Incapable de tuer lui-même le professeur Dumbeldore, Severus Rogue avait dû le faire à sa place. Le jeune Malefoy avait dû se faire passer un sacré savon après ça, lui qui était censé redorer le nom de sa famille. « Contente-toi d’aller jouer avec tes sangs-de-bourbes. » me lance-t-il finalement avant de tourner les talons. Je le laisse sans aller, je n’ai aucune envie de m’amuser à le titiller plus longtemps sur ses erreurs, moi-même étant considéré comme la honte de ma famille et de l’ensemble des enfants de mangemorts. Je sais ce que c’est que d’avoir l’impression de décevoir quelqu’un que l’on aime. Et cette année, je n’ai pas le choix, je dois rattraper ma bêtise auprès de mon père. Enfin, seulement pour me permettre de sauver Hester. Car si un jour mon père apprend son existence et le lien qui nous unit, il ne nous restera plus qu’à compter les heures jusqu’à la mort de la jeune femme. Mort que je ne veux pas voir survenir. Je me mords légèrement la lèvre inférieure en signe d’impuissance avant de m’enfoncer dans le couloir du train, cherchant un compartiment éventuellement occupé par des personnes sympathiques, Hester exceptée.