(cedrella, ev.) ☆ all the memories you spill.

L’affreux gout du polynectare agressait encore ses papilles alors que Clive entrait dans la grande demeure des Oswald-Appleby. Elle ressemblait beaucoup à celle des Burgess-Holmes, cette maison dans laquelle il n’avait pas mis les pieds depuis un long moment maintenant. Il n’avait pas l’intention de rentrer un jour chez lui, le manoir de sa famille le dégoutait tout autant que les membres de cette famille et tous le méprisait au plus haut point. Il n’avait pas fait les même choix qu’eux et pour ça, il n’était même pas digne de porter leur nom. Si ça ne tenait qu’à lui, il n’aurait pas hésité à le changer. Enfin, qu’ils le veuillent ou non, il restait un Burgess-Holmes. Ce soir, il en était un également. Il avait pris l’aspect de l’une des personnes qu’il méprisait le plus au monde, celui qu’il était sûr de ne pas croiser à ce mariage, le concerné avait mieux à faire que de se présenter à ce genre d’événements et Clive le savait à la perfection. Il s’était de toute façon assuré que Dorian Burgess-Holmes ne viendrait pas à ce mariage. Son frère aîné et lui se détestait depuis toujours, il n’avait pas souvenir qu’une fois sans leurs vies ils avaient pu entamer une discussion sans finir par s’engueuler. Ils se ressemblaient beaucoup. Ils avaient tous les deux cette soif de connaissances que rien n’avait jamais su combler et qu’importe le sujet dont ils discutaient, l’un voulait toujours montrer à l’autre qu’il avait raison. C’était un conflit éternel dont ils ne verraient probablement jamais. Aujourd’hui, Clive était dans la peau de Dorian, le choix parfait puisqu’ils avaient plus de points communs qu’ils ne voulaient bien l’admettre. Contrairement à lui, Dorian avait une excellente réputation dans le monde de la magie, ainsi, c’était la couverture parfaite pour entrer dans le manoir Oswald-Appleby, là où grouillaient les sorciers prétentieux, partisans de Lord Voldemort qui avaient tout gagné dans cette guerre. La rébellion avait prévu d’agir pour éliminer les fortes têtes de ce gouvernement, faire bouger les choses, un petit pas vers le rétablissement de l’ordre. La rébellion était une bonne chose aux yeux de Clive, tout comme cette attaque. Cependant, Clive ne tarda pas à reconnaitre la silhouette de Cedrella dans la foule. A présent partisane du gouvernement, membre de la police magique, elle était parfaitement à sa place ici. C’était Cedrella et ce soir les choses pouvaient mal tourner, elles devaient mal tourner pour ceux qui s’étaient joints au seigneur des ténèbres. Mais, c’était Cedrella. Il avait beaucoup de rancœur envers la jeune femme, il avait beaucoup de mal à comprendre ses choix, mais il ne pouvait pas rester là à regarder le chaos d’installer en laissant Cedrella au milieu de ça. N’importe qui d’autre dans cette pièce, même les membres de sa propre famille, mais certainement pas Cedrella. Il pouvait dire ce qu’il voulait, nier tout ce qu’il voulait, elle était encore importante pour lui, trop pour qu’il puisse la laisser au milieu de tout ça sans rien dire. Elle lui avait sauvé la mise, lui quand il avait été à Azkaban. Elle était venue le libérer, il se devait de lui rendre la faveur. Même sans ça, il ne pouvait décemment pas la laisser là. Sans réfléchir, en ignorant complètement celui qu’il était ce soir, il s’était dirigé vers la jeune femme. Maintenant, ils travaillaient tous les deux dans le même secteur du ministère de la magie, ils devaient se connaitre de toute façon, ou pas. Il n’en savait rien et il s’en fichait. « Cedrella ! » Il fallait qu’il trouve un moyen de l’attirer loin de la foule s’il voulait pouvoir lui expliquer quelque chose mais ce n’était pas gagné et il fallait croire que ses capacités de réflexions étaient limités, sans doute parce que c’était Cedrella, bien qu’il se plaisait à croire que c’était parce qu’il était dans la tête de son frère.

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Il n’y avait ici, que les rafleurs et les membres de la police magique pour faire tâche dans le décor. Vêtue de son habituelle cape noire, Cedrella ne prêtait guère attention à tout ce qui l’entourait : si un membre de la rébellion s’était présenté à elle sans se cacher, elle l’aurait sans doute laisser passer sans dire le moindre mot, ni même signaler la menace à qui que ce soit. Il lui était tout simplement impossible de croire que qui que ce soit puisse souhaiter organiser une cérémonie telle qu’un mariage dans des circonstances pareilles : des gens mouraient dehors, malgré ce que le gouvernement tentait de cacher – et, pour être aux premières loges, la jeune femme savait que des choses bien obscures se déroulaient avec les prisonniers d’Azkaban, dans les couloirs du Département des Mystères. Ce fait attisait plus que jamais sa curiosité, et ne faisait que confirmer son idée qu’elle était au bon endroit pour agir, et qu’elle serait à même de percer les mystères de ce Nouveau Gouvernement, à la manière d’une petite souris se faisant son chemin discrètement. Pour aujourd’hui, elle devait se contenter de faire le garde du corps pour des pompeux sorciers de sang-pur, dont elle reconnaissait certains visages comme ceux des êtres qu’elle exécrait le plus au monde. Fleming, Appleby, Burgess ; la liste des invités avait de quoi être importante et majestueuse aux yeux de beaucoup : pour Cedrella, elle était comme une liste noire, l’alignement irrémédiable de tous les ennemis à la liberté de chacun. Se retrouver ici lui donnait la nausée, tout autant que ça la raccrochait irrémédiablement au souvenir fantôme de la bague de fiançailles qu’elle avait porté à son doigt pendant quelques mois : comment aurait pu être son mariage avec Clive ? Sans aucun doute, elle l’aurait idéalisé dans un monde en paix, sans Lord Voldemort ni fous Mangemorts au gouvernement. Elle s’était vue heureuse, idéalement euphorique dans une belle robe blanche, avec pour seules préoccupations des questions qui lui semblaient bien dérisoires désormais. Au milieu de ses songes, un visage familier attira son attention : son cœur se serra au fond de sa poitrine, comme un gibier cherchant à se terrer dans son trou à l’approche du plus furieux des prédateurs. Dorian était le frère de Clive, il était cependant difficile d’imaginer qu’un être aussi diabolique puisse être lié à celui qu’elle aimait plus que tout. Celui pour qui elle affrontait tout ça. Azkaban, le Ministère, les Mangemorts. Sa main passa sur son bras dans un réflexe, sa peau la démangeant comme parsemée de puces alors qu’elle devait se faire bataille pour rester à sa place, soutenir sans faillir le regard de l’aîné de son ancien fiancé. « Monsieur. » Articula-t-elle avec un certain naturel, quand bien même la politesse lui brûlait la gorge. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui vouloir ? Peut-être allait-il lui annoncer que les hôtes manquaient de larbins et qu’elle allait devoir porter les plateaux à travers les convives pour leur proposer des petits-fours. Il en était capable, tant il était détestable. « Tout semble sous contrôle, pour le moment. » Et si elle avait du cracher sa haine de manière plus évidente encore, sans doute aurait-elle été obligée de lui arracher les yeux à la main, mais elle finit sa phrase par un petit sourire poli, prête à ajouter qu’elle ne comprenait pas pourquoi il venait l’apostropher de la sorte, mais elle n’en dit mot, se mordant la langue pour demeurer silencieuse.

Venir sous les traits de Dorian était une bonne idée pour passer inaperçu aux yeux des autres invités du mariage. Son frère aîné faisait parti de ses gens qui avaient reçu leur invitation pour ce mariage, hautain, fier de ses origines de sang-pur, cet endroit était l’endroit parfait pour les gens comme lui. Cependant, il n’était pas sûr que ce genre d’événement l’intéresse. Il connaissait son frère mieux qu’on ne pouvait le croire et il savait que ce mariage serait le cadet des soucis de Dorian. Il avait l’impression qu’ils avaient ce point commun, les fêtes présomptueuses ne les intéressaient pas. Ils faisaient tous les deux partis de ces gens qui préféraient passer la soirée en compagnie d’un bon livre plutôt qu’au beau milieu d’une foule. Ils avaient vraiment plus de points communs qu’ils n’étaient prêts à l’admettre. Si leurs idéaux n’avaient pas été si différents, ils auraient pu s’entendre à merveille. C’était loin d’être le cas. Dorian ne faisait pas exception au reste de sa famille, il les détestait tous et ils le détestaient tout autant. C’était une idée à laquelle il s’était fait depuis bien longtemps maintenant. Ça n’avait plus d’importance, c’était peut-être même mieux comme ça. S’il avait eu l’occasion de se marier lui – comme ça avait été prévu – ça n’aurait pas du tout été la même ambiance et sa famille n’aurait certainement pas été invitée à la cérémonie. Il était presque sûr que les mariés ne connaissaient pas la moitié des personnes présentes dans la salle. Si ses fiançailles avaient abouties à quelque chose, il aurait invité qui lui ? Morgana. Juste Morgana sans doute. Il y avait une sacrée marge entre sa liste d’invités et celle de ce mariage. Evidemment, à son mariage, Cedrella n’aurait pas été en train de monter la garde pour une bande de débiles. Il ne fallait pas qu’elle reste là. La rébellion avait pour intention de faire un massacre dans cette salle, ils n’allaient pas faire attention à épargner telle ou telle personne pour quelque raison que ce soit. Cette rébellion faisait moins dans la dentelle que l’ordre du phénix. Il fallait que Cedrella s’en aille, il fallait qu’elle sauve sa vie avant qu’il ne soit trop tard. Evidemment, l’aborder sous les traits de Dorian avait pour effet de compliquer les choses. Il le savait bien, mais ça n’empêchait rien, il fallait qu’il tente sa chance, il devait faire quelque chose pour aider Cedrella. Se faire appeler monsieur par Cedrella avait forcément quelque chose de bizarre, mais il n’y fait qu’à peine attention, tout comme le reste de ses paroles d’ailleurs. Rien n’était sous contrôle, pas sous celui de la police magique en tout cas. « C’est bien. » Il aurait dit qu’il s’en fichait, ça aurait probablement eu le même effet, le fait était qu’il s’en fichait et qu’ils n’avaient pas beaucoup den temps devant eux. « Il faut que je te parle, en privé. » Il jeta un coup d’œil derrière son épaule, il y avait vraiment trop de monde ici. Quoi qu’il arrive il allait devoir trouver un moyen d’entrainer Cedrella dans un coin plus calme.

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Le visage figé, silencieuse, Cedrella avait veillé depuis de nombreuses minutes déjà, à ne pas laisser la moindre trace d’ennui passer sur son visage : les faits étaient pourtant là, si on avait proposé à la sorcière de se retrouver n’importe où dans le monde sauf ici, elle aurait sans doute accepté n’importe quelle autre situation – même les profondeurs de l’Enfer. Comme coincée dans un étau, en prise à tous les regards qui pouvaient la sonder des pieds à la tête, la jeune femme avait le sentiment qu’au moindre faux pas, tous ceux qui l’entouraient seraient aptes à deviner ses réelles pensées, toutes les idées qui traversaient son esprit, et chaque songe qu’elle avait sur chaque âme qui passait dans son champ de vision. Pendant tous ces mois passés au sein du Ministère, Cedrella avait eu tout le loisir d’en apprendre des tonnes sur ses ennemis ; quitte même jusqu’à connaître les plus sombres secrets que certains cachaient soigneusement derrière des apparences charmantes. Partout où ses yeux se portaient, Cedrella se retrouvait de plus en plus répugnée par les invités de ce mariage ; qui pourrait bien vouloir de telles personnes autour de lui en de telles circonstances ? Sans doute que tous ces gens ne pouvaient même pas se supporter eux-mêmes – c’était du moins ce qui était aisément devinable sur certains visages, certaines silhouettes à l’écart des autres. Exclue de la sorte, en spectateur, la brune avait tout le loisir d’observer chacun des participants à l’événement ; elle était bien la seule à concentrer d’ailleurs, la plus grosse part de son attention aux invités plutôt qu’aux alentours, aux potentiels risques venant de l’extérieur. C’est sans doute l’inattention, qui fit qu’elle ne vit pas venir la menace dans un coin de son champ de vision, et ce n’est que lorsqu’il ouvrit la bouche, que Cedrella se rendit compte de l’approche de Dorian Burgess-Holmes dans son dos. Lèvres serrées, une expression indéfinissable, entre désintérêt et politesse, Cedrella parvint à maintenir les apparences, affichant même un certain détachement dans le rapport bien court qu’elle lui fit. Dorian ne connaissait rien du lien qui avait uni Cedrella avec son frère ; en rejoignant les rafleurs, Cedrella s’était arrangée pour laisser tout son passé derrière elle, et son dernier face à face avec Clive avait été si désagréable, qu’il n’y avait sans doute pas de quoi soupçonner quoique ce soit. Et quand même, le frère de Clive ne la faisait pas suivre, il n’avait donc aucun moyen de faire le lien entre son frère et la jeune femme qui lui faisait face – n’est-ce pas ? A chaque fois qu’elle le regardait, le doute se glissait sous la peau de la brune, qui en arrivait irrémédiablement à repenser à Lancelot, le cousin de Clive qui avait pris un malin plaisir à utiliser les faiblesses de Cedrella contre elle. Pourquoi voulait-il alors qu’elle le suive ? Le premier réflexe de la brune aurait été de rétorquer un pourquoi plein de défiance ; mais elle n’en fit rien, croisant les bras sur sa poitrine – puis, force était de constater qu’elle ne pouvait pas se dérober : à part faire les cent pas ici et là, elle ne faisait pas grand-chose. « En privé. Pourquoi pas. » La gorge sèche, tapotant sa baguette contre sa cuisse, Cedrella tenta de faire preuve d’encore plus de détachement encore, histoire de tenter de ne pas faire voir à son vis-à-vis qu’elle avait pâli bien subitement. « Je vous suis. » Se contenta-t-elle d’ajouter, profitant d’un mouvement de rafleurs autour d’elle pour détourner son regard, ne surtout pas le regarder dans les yeux – il avait ces yeux qui ressemblaient tant à ceux de Clive, sans doute qu’aucun Burgess-Holmes ne l’avait remarqué, mais elle, elle l’avait remarqué.

Il fallait que Cedrella quitte les lieux, c’était la seule pensée que Clive avait en tête à présent, le reste ne comptait absolument pas. Si seulement elle avait pu être n’importe où mais pas ici, il aurait été le plus heureux des hommes, ou presque, il y avait un tas de choses qui auraient pu le rendre plus heureux. La mort imminente de tous les mangemorts par exemple. Pour l’heure, ce qui l’inquiétait le plus, c’était la survie de Cedrella et dans cette attaque que lançait la rébellion, les dommages collatéraux dont Cedrella pouvait rapidement faire partie n’inquiétait personne si ce n’est lui. Les derniers événements s’étant déroulés entre Cedrella et lui n’avaient rien eu de particulièrement réjouissants, bien au contraire, tout s’était particulièrement mal passé, ils n’étaient plus fiancés, ils n’étaient probablement même plus amis, malgré les années passées ensemble, à Poudlard comme après Poudlard. Cependant, malgré cette déchirure entre eux deux, il ne pouvait pas accepter qu’il arrive malheur à Cedrella. Ce serait mentir que de dire que les sentiments qu’il éprouvait envers la jeune sorcière avaient disparus. Non il l’aimait encore et même si elle, elle le détestait certainement, il voulait la protéger. Et pour ça, il devait absolument l’avertir de ce qui se tramait ici, ou au moins lui dire de foutre le camp de ce maudit mariage et plus vite que ça. Il avait l’impression que la panique allait le rendre fou et pourtant, il devait rester calme, ne serait-ce que pour continuer à passer correctement pour Dorian. Lui il était tout le temps calme, la maison pourrait prendre feu qu’il resterait de marbre. Il n’avait pas plus d’émotions en stock que d’expressions faciales d’après Clive. Jouer le rôle de son frère était plutôt facile en fait, puisqu’il suffisait d’avoir un air froid et blasé à longueur de temps. « Parfait. » Il ne répliqua rien d’autre, c’était bien du Dorian ça, il fallait croire qu’il se devait de faire des économies de salive celui-là. Sans plus attendre il s’éloigna de la foule, entrainant Cedrella avec lui. Il pénétra dans la première pièce qu’il trouva, lançant rapidement un sortilège d’hominum revelio pour s’assurer qu’il n’y avait personne. « Très bien. » Il n’y avait personne alors il se dépêcha de fermer la porte à clef avant de lancer un autre sortilège dans le but d’insonoriser la pièce. « Cedrella, ça peut te paraitre complètement fou, mais je ne suis pas Dorian. » Il regrettait presque les effets du polynectare en cet instant. Il tendit sa baguette vers elle en haussa légèrement les sourcils. « Je suis Clive. » Sa baguette en été bien la preuve, elle l’avait déjà vue avec il fallait qu’elle le reconnaisse et les choses serait toute suite bien plus simples, c’était du moins ce qu’il pensait.

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Les couloirs avaient défilé bien trop vite ; Cedrella s’était laissée happer par ses propres pensées sans même pouvoir les contrôler : s’affichait sans doute sur son visage une inquiétude qu’elle aurait voulu ravaler et ne surtout pas laisser paraître. Mais là, face à Dorian Burgess-Holmes, il lui semblait impossible de revêtir son masque de marbre impénétrable, l’expression de la parfaite rafleuse meurtrière qu’elle était censée être devenue. Au plus profond d’elle, elle n’était pas ça ; personne au gouvernement ne l’avait ouvertement suspectée d’être une traitre se jouant de ses supérieurs juste sous leur nez - la brune, petite, discrète, s’était fondue dans la masse sans le moindre souci, et quand bien même ses vagues en étaient venues à se faire remarquer, personne ne l’avait jamais soupçonnée. Etait-ce la fin de sa mascarade ? Dorian comptait-il l’emmener à l’écart de la cérémonie pour la tuer dans une pièce et y laisser pourrir son cadavre jusqu’à la fin de la fête ? Ou allait-il la torturer pour lui soutirer des informations qu’elle n’était pas prête à confier ? Revenaient à l’esprit de la sorcière bien des images, le regard froid de Lancelot se plongeant dans ses yeux, son esprit à lui touchant le sien de la plus désagréable des manières. Non, elle ne voulait plus jamais être confrontée à la Légilimencie, ne plus jamais avoir à tomber dans de tels travers. Ne plus jamais. Ne plus jamais. Le souffle court, elle observa à peine la salle qui était autour d’elle, et dans laquelle elle était entrée, ses doigts moites serrés autour de sa baguette ; le clic de la porte la fit sursauter, et elle fit vivement volte-face, prête à riposter au cas où elle se retrouverait face à un visage sévère, hostile. Ennemi. Dorian était son ennemi, quand bien même nombre de ses traits ressemblaient à ceux de Clive. Clive, son coeur se serrait, alors que déjà sa raison lui hurlait de ne pas penser à lui. Surtout pas. Il ne fallait pas que Dorian sache. Dorian. Le nom s’envola bien vite lorsqu’elle crut deviner quelques expressions si propres à Clive sur le visage de son vis-à-vis. Jamais l’inquiétude, l’empressement, une certaine peur n’auraient pu se lire d’une telle façon sur les traits du membre du Ministère qui était censé lui faire face. Le souffle coupé, elle restait accrochée du regard au faciès de l’homme face à elle. Et elle avait déjà reconnu Clive, tout de Clive que Dorian n’aurait jamais ; avant qu’il ne lève sa baguette. Elle la reconnut, un long souffle glissant entre ses lèvres. Qu’est-ce que... ? Et rien ne put se construire dans son esprit, incapable de réfléchir, elle ne se vit même pas passer ses bras autour de la nuque de l’homme face à elle, se serrer contre lui comme si elle était prise d’un soudain élan d’affection pour Dorian Burgess-Holmes. Ou Clive, quelque part, derrière tout ça. Pour une fraction de seconde, l’inconscience l’avait faite agir, s’accrocher au cou de son ancien fiancé, une vague de l’ancienne Cedrella resurgissant d’un passé trop longtemps caché ; elle aurait voulu que le monde s’arrête de tourner, mais tout lui revint bien vite en mémoire. Elle se détacha de Clive, l’observant, la gorge sèche. « Tu ne devrais pas être là. Des choses- des choses horribles vont arriver ce soir et... et. Tu ne devrais pas être là. » Elle s’écarta de quelques pas, une expression horrifiée glissant sur ses traits. « Tu les a rejoints, n’est-ce pas ? La rébellion ? » Elle ne criait pas, aurait voulu cependant hurler - un brin d’amertume, de véhémence résonnant au fond de sa gorge parlait cependant pour elle ; cette rébellion était maléfique, guère mieux que les Mangemorts. Ils tuaient, ils avaient ravagé une bonne partie de Pré-Au-Lard sans réfléchir, se contentant de sauver des miettes d’existence qu’ils avaient eux-mêmes participé à détruire. Étaient-ils désespérés au point de se fier à de tels charognes pour les sauver ?

La rébellion qui s’était construite sur les cendres de l’ordre du phénix n’avait rien à voir avec ce dernier. Ils avaient compris qu’ils ne gagneraient pas cette guerre en restant plus nobles que les mangemorts. A la guerre comme à la guerre, c’était un dicton qu’ils avaient choisi d’appliquer. Clive n’était pas un grand partisan de la violence ou du meurtre, il avait cru aux valeurs de l’ordre du phénix avec une grande force. Cependant, il avait tué Lancelot de ses mains et il s’était efforcé de se convaincre que cet acte était justifié et qu’il avait permis d’épargner de nombreuses vies, dont celle de Cedrella. Alors est-ce qu’il fallait le regretter et se laisser plonger dans la culpabilité. C’était l’avantage qu’avaient eu les mangemorts sur l’ordre du phénix, ils n’hésitaient pas à torturer, à tuer pour obtenir ce qu’ils voulaient et c’était ce qui leur avait permis de gagner. La rébellion était un peu plus à l’image des mangemorts, ils avaient appris des erreurs de l’ordre et le fait était que maintenant, la seule solution qu’ils avaient pour rétablir l’ordre dans le monde, c’était d’éliminer les mangemorts et autres partisan de Voldemort puisque ces derniers n’hésiteraient pas à éliminer toute forme de rébellion pour garder le pouvoir. Clive avait longtemps cru qu’il serait incapable d’accepter une telle façon de faire, mais il était las du monde actuel et il avait suffisamment réfléchi à la question pour finalement rejoindre la rébellion et accepter l’idée qu’il s’agissait probablement de la seule solution. C’était une guerre et une guerre ne pouvait pas se gagner sans morts. Il savait que la rébellion était là pour faire le plus de dégâts possibles, pour éliminer le plus d’opposant possible et qu’ils ne feraient pas attention à qui tomberait sous les sortilèges. Cedrella était peut-être avec les rafleurs et aux yeux de la rébellion, elle faisait carrément partie de ceux qu’il fallait éliminer, mais il ne pouvait pas cautionner ça. Pas Cedrella. Qu’importait ce qui avait pu se passer entre deux, qu’important si elle le détestait, qu’importait même les choix qu’elle avait pu faire, il ne voulait pas qu’elle meurt. Il fut surpris quand elle passa ses mains derrière sa nuque pour l’étreindre. Gêné d’un tel rapprochement qui semblait déplacé aujourd’hui. Il plaça ses mains sur les épaules de la jeune femme, savourant cette proximité dont il rêvé depuis un moment sans pour autant trop s’avancer. Elle se détacha, mais il laissa ses mains sur ses épaules, incapable de la lâcher complètement, comme dans une volonté de pouvoir la retenir si jamais cette conversation tournait mal. S’il fallait qu’il la fasse quitter les lieux lui-même, il pourrait le faire. Pourtant elle mit fin à ça aussi et reculant de quelques pas. Il laissa alors ses bras retomber le long de son corps. « Oui, je suis avec eux. » Est-ce que c’était vraiment surprenant dans le fond ? Il était peut-être trop gentil ou quelque chose dans ce gout là pour ce genre de groupe, mais il n’y avait rien qu’il souhait plus qu’un retour à la normale à présent. » Tu as raison, des choses horribles vont arriver ce soir. C’est pourquoi, tu ne devrais pas être ici Cedrella. » Lui il était à sa place, du côté de ceux qui s’apprêtaient à attaquer, il avait fait son choix, il n’avait pas l’intention de revenir là-dessus. « Ce n’est pas l’ordre ; ils sont là pour faire le plus de morts parmi vos rangs. S’il te plait, pars. » Elle avait encore une chance de s’en sortir, là où de nombreux autres n’auraient pas cette chance, c’était une attaque surprise dont il était question. Il y aurait des morts, probablement des deux côtés d’ailleurs, peut-être même des innocents, mais pas Cedrella, il ne pouvait pas laisser quoi que ce soit arriver à la jeune femme.