I. TON PERSONNAGE ET LA SITUATION ACTUELLE ? Pandora préférait la guerre. La paix amène toujours son lot de règles à respecter, même pour ceux qui étaient dans le camp des vainqueurs. Il y a tout de même quelques points positifs à ce nouveau régime, les nouvelles lois sur les sang-de-bourbe et les traîtres sont de nature à ravir totalement la jeune femme, mais elle est tout de même frustrée par la paix, qui lui empêche de se conduire avec l’insouciance des derniers mois avant la bataille de Poudlard. Elle espère tout de même pouvoir tirer son épingle du jeu à présent, se démarquer et se faire apprécier à sa juste valeur, pas uniquement parce qu’elle a une marque sur le bras ou qu’elle est fille d’Harrington, mais ce qu’elle avait espéré obtenir en Bulgarie lui a lamentablement échappé, et elle se retrouve à nouveau obligée de subir une hiérarchie qui, a-t-elle l’impression, ne la valorise pas suffisamment. En définitive, Pandora a l’impression que quelque chose lui manque depuis la fin de la guerre … Mais encore faudrait-il qu’elle sache précisément ce que c’est !

II. TOUT-A-SAVOIR : Fille unique, Pandora a très vite été la petite reine de la famille. Sa mère la choyait constamment, et elle a ainsi développé un égo surdimensionné, et une capacité incroyable à mener son petit monde par le bout du nez. ◊  Elle a perdu sa mère quand elle avait dix-neuf ans, officiellement tuée par un sang-de-bourbe appartenant à l’Ordre du Phénix. En réalié, c’ets son père lui-même qui l’a tuée, mais elle l’ignore. ◊ Jusqu’à cet incident tragique, Pandora n’était pas quelqu’un de foncièrement intolérant. Elle pouvait se montrer cruelle par ennui ou par jeu, mais elle avait tout de même des valeurs de justice et de droit. Après ça, elle est complètement passée de l’autre côté, devenant une véritable garce sans cœur capable des pires horreurs. Elle a évidemment rejoint les Mangemorts à cette époque. ◊ Son père n’a jamais été très tendre avec elle, mais au fil des années, il se montre de plus en plus froid et exigeant, ce qui rend la jeune femme malade. Elle aimerait pouvoir gagner son affection, mais elle ne sait plus comment s’y prendre. ◊ Elle déteste les surnoms, et ne supporte pas qu’on l’affuble de petits noms affectueux. ◊ Pendant sa jeunesse, elle a fait du dessin et était plutôt douée, mais elle a arrêté à la mort de sa mère. Elle recommence très lentement à se mettre à dessiner, plus ou moins en cachette, comme si c’était quelque chose de honteux. ◊ Elle a la phobie de l’eau et des profondeurs. Elle n’a jamais appris à nager, et ne souhaite pas s’y risquer. Personne n’est au courant de cette peur irrationnelle, bien entendu. ◊ Elle aurait presque souhaité que la guerre ne cesse jamais tant elle adorait son rang intouchable de Mangemort. Elle pouvait tuer au hasard sans que personne ne lui dise rien, et c’était un réel plaisir pour elle. ◊ Elle ne déteste rien de plus que la trahison. C’était une idée ferme qu’elle avait depuis longtemps, mais peu à peu, les limites de ce qui est trahison et ce qui est excusable deviennent de plus en plus floues, à son grand désespoir. ◊ Depuis qu’elle a été mordue par des loups-garous (en plein jour, grâce au ciel), elle se rend compte qu’elle supporte de moins en moins l’odeur et la vue du sang. Ce qui est un comble pour quelqu’un qui avait élevé la torture au rang d’art pendant la guerre.

I.

Une poupée dans sa maison de rêve, qui déambule en maîtresse des lieux, tournoyant sur elle-même avec la grâce d’une danseuse. C’est l’image qu’elle pouvait donner de l’extérieur, et c’était certainement l’image qu’elle souhaitait donner. Un corps de rêve dans une vie de rêve, c’était tout ce qui comptait pour Pandora. Qu’on la regarde avec envie, qu’on se damne pour recevoir un de ses sourires, et qu’on se plie en quatre pour réaliser toutes ses volontés. A l’aube de ses dix-neuf ans, elle n’avait jamais été aussi épanouie. Si épanouie pouvait signifier que jamais elle n’avait manqué de rien, que pas une seule fois on ne lui avait refusé un de ses caprices, alors oui … Elle était la plus heureuse sur terre. « Maman ! » Son appel resta sans réponse, mais elle ne le remarqua pas immédiatement. Affairée devant l’immense miroir de sa chambre, son esprit était uniquement concentré sur la robe qu’elle portait – une nouvelle acquisition – et sur la coiffure qu’elle devrait assortir. « Maman ! » Second appel, toujours pas de réponse. Ce silence commença par l’agacer, et elle descendit les étages à la volée en appelant sa génitrice. Mais le manoir était vide, si ce n’était la gouvernante qui haussa les épaules en signe d’impuissance, et le jardinier qui secoua la tête avec une mince contrite. Cette absence pour le moins inhabituelle n’inquiéta pas vraiment la jeune femme, mais contribua à lui mettre les nerfs à vif. Elle avait besoin de sa mère immédiatement, et elle ne pouvait pas attendre qu’elle revienne de son shopping – ou peu importe l’endroit où elle se trouvait actuellement. Elle lui avait juré qu’elle l’aiderait à s’habiller pour ce soir, elle savait à quel point la jeune femme tenait à ce bal. Si elle n’était pas prête à temps, autant ne pas y aller directement …

« Pandora ? » La jeune femme soupira bruyamment en entendant son père l’appeler, et elle prit tout son temps pour le rejoindre dans le grand salon. Il ne lui serait d’aucune aide pour les finitions de sa tenue, mais il pourrait peut-être répondre de l’absence de sa mère. « Oui ? » Son père arborait une mine grisâtre qui ne lui allait pas du tout, et Pandora du retenir un soupir. Allons bon, que lui arrivait-il encore ? Il allait lui faire perdre un temps précieux … « Assieds-toi, je te prie. » Cette fois, la jeune femme ne retint pas son soupir. « Père, viens-en au fait ! Je n’ai pas que … » « Pandora. Assieds-toi. » Soufflée par le ton dur qu’il avait soudain employé, Pandora se laissa choir sur un fauteuil. Il n’avait pas usé de ce ton avec elle depuis … Et bien, elle ne se souvenait même pas depuis quand. Il réservait cela aux domestiques, pas à sa fille ! Mais après cette brève démonstration d’autorité, le patriarche sembla se perdre dans ses pensées, et les habitudes de Pandora reprirent le dessus. « Alors ? » Elle regretta cette impertinence dès qu’elle eut franchi ses lèvres. Son père la foudroya du regard et elle sentit soudain ses entrailles se liquéfier. Ca aussi, c’était une sensation tout à fait inédite. Si son père passait très peu de temps à la maison, et encore moins avec elle, il l’avait toujours traitée avec patience. « Ta mère m’a parlé de vos petites histoires. Il paraît que tu aimerais rejoindre l’Ordre du Phénix ? » Pandora déglutit, et ses mains devenues moites agrippèrent instinctivement les bras du fauteuil. La voix de son père était douce comme le miel, mais ses yeux étaient toujours plus froids que la glace. Elle se trémoussa sur son siège, mal à l’aise. Elle ne savait pas où dérivait cette conversation, mais cela semblait mauvais. Son père n’avait jamais caché son mépris pour l’Ordre, et c’était la principale raison pour laquelle elle ne lui avait jamais parlé de ça. « Je … Je n’ai pas vraiment dit … Ce n’était qu’une idée en l’air. » Son père la regarda avec sévérité, sans rien répondre.

Pendant de longues secondes d’un atroce silence, elle soutint son regard, mais elle finit par détourner les yeux. « Maman semble croire qu’ils pourraient apporter une certaine paix au monde sorcier. Après tout, tu m’as toujours dit de penser par moi-même, alors j’aimerais … Je … Enfin … » Sa voix tout d’abord assurée se perdit en balbutiements éperdus, alors qu’elle se rendait compte que chacun de ses mots ne faisaient qu’attiser le mépris dans les yeux de son père. Quand elle se tut enfin, il se leva et alla s’adosser à la bibliothèque, ses mains croisées devant son menton. « Ta mère a effectivement cru que l’Ordre était une association bénéfique. Mais l’Ordre du Phénix a une vision bien particulière de ce monde parfait qu’ils veulent créer. Sais-tu où ta mère était, cet après-midi ? » La jeune fille jeta un coup d’œil vers la porte, puis revint à son père. Elle secoua la tête. « Elle s’est fait tuer par un des sang-de-bourbe qui grouillent dans l’Ordre. La vermine s’est attaqué à elle sans aucune raison, si ce n’est pour prendre un peu de bon temps avec une sang-pur. Je t’épargnerais les détails, mais elle a souffert longuement avant que la mort ne lui soit accordée. » Pandora s’affaissa sur son fauteuil, le corps transpercé par des tremblements irrépressibles. Elle secoua la tête, dans une vaine tentative pour chasser les paroles qui faisaient lentement leur chemin dans sa conscience. Une douleur atroce avait pris place dans sa poitrine, et elle avait soudain un mal fou à respirer, comme si ce simple réflexe était devenu une torture. Ses yeux se relevèrent vers son père, éperdus, s’agrippant à lui comme un noyé s’agrippe à un rocher, suppliant silencieusement pour qu’il la sauve. Mais qu’y avait-il à sauver ? « Je te félicite pour avoir tenté de penser par toi-même. La prochaine fois, abstiens-toi. » Asséna-t-il avant de quitter la pièce, laissant sa fille au fond de l’abîme où il venait de la précipiter.

II.

La poupée s’avança d’un pas léger, faisant tourner entre ses doigts une baguette de bois. Un fin sourire étirait ses lèvres, et ses yeux pétillaient de plaisir. L’homme en face d’elle recula précipitamment, avant de se prendre les pieds dans sa propre cape et de s’étaler de tout son long au sol. « Je ne suis pas seul, je vous préviens. Une jeune fille comme vous … Vous ne ferez pas le poids face à deux sorciers. » Pitoyable bravache, qui ne collait même pas à son air terrifié. Un ricanement narquois franchit les lèvres de Pandora, et elle rejeta ses cheveux en arrière dans un mouvement parfaitement calculé, avant de battre des paupières en poussant un soupir théâtral. « Merlin, que c’est effrayant ! J’espère que votre ami ne viendra pas trop vite dans ce cas, ce serait dommage qu’il vous voie mouiller votre robe à cause d’une jeune fille comme moi ! » D’un geste de sa baguette, elle fit apparaître des cordes qui s’accrochèrent aux membres supérieurs de l’homme, étirant ses bras au-dessus de sa tête. Elle s’approcha alors de sa démarche féline, s’amusant de voir la terreur écarquiller les yeux du sang-de-bourbe. Elle appuya sa baguette presque nonchalamment sur son bras, faisant immédiatement retentir ses hurlements de souffrance. Un instant plus tard, elle reculait la mince tige de bois, mettant ainsi fin à la douleur. Elle le regarda tenter de reprendre son souffle, ses yeux roulant furieusement dans leurs orbites, la sueur dégoulinant sur son front. Un frisson de plaisir la parcourut, et elle inspira profondément, s’imprégnant de l’odeur de peur qu’il dégageait. « Pitié, pitié ! » Le sourire de Pandora se changea en un rictus carnassier. Les suppliques étaient décidemment un de ses moments préférés – pas le meilleur, mais pas loin. « Quoi, déjà ? Mais on vient à peine de commencer … » Susurra-t-elle, avant d’approcher à nouveau sa baguette. Des tremblements secouèrent sa carcasse avant même qu’elle ne le touche, et il ferma les yeux … Faible rempart contre la magie de la jeune sorcière. A nouveau, ses hurlements emplirent le silence. Mais elle mit soudain fin à la torture en entendant un bruit derrière elle. L’homme releva la tête, soudain plein d’espoir. Mais il déchanta cruellement en voyant apparaître la silhouette d’un autre Mangemort, tirant derrière lui un homme inconscient. Par contre, le sourire de Pandora s’élargit en le voyant. Daley O’Donnell, son partenaire de tueries depuis qu’elle avait rejoins les rangs des Mangemorts, trois ans plus tôt. Quand elle avait décidé d’embrasser la cause de Lord Voldemort, c’est avec Daley qu’elle avait fait équipe, et elle n’aurait pas pu trouver mieux parmi tous leurs semblables. Avec lui, elle avait développé un don pour la violence et le sadisme qui la ravissait totalement.

« Alors, tu as réfléchi ? » Demanda-t-elle soudain, abandonnant un instant sa victime pour tourner la tête vers Daley. « Réfléchi à quoi ? » Daley ne releva même pas les yeux pour la regarder, elle eut un sourire en coin. Parfait. S’il pouvait l’éviter autant que possible, quand ils travaillaient il ne pouvait faire autrement que l’écouter. Il ne semblait même pas s’attendre au sujet qu’elle comptait aborder. « Daley, on se concentre ! Ca fait des semaines que tu es censé choisir ton costume pour la cérémonie ! Je te préviens que si je dois t’y traîner habillé avec tes guenilles habituelles, tu m’entendras râler jusqu’à ce que la mort nous sépare ! » Daley la fusilla du regard, et la jeune femme lui adressa son sourire le plus séduisant. « La mort nous séparera bien avant que tu aies réussi à me traîner devant un autel. » Sa voix était cassante, sans appel, et elle ravit totalement la jeune femme, qui leva les yeux au ciel avant de retourner au sang-de-bourbe qu’elle avait laissé refroidir. Quoi que Daley en dise, ce mariage aurait lieu, et elle y veillerait personnellement. Elle n’était pas amoureuse de lui, loin de là. Non, l’amour était pour les enfants et les naïfs. Pandora avait une vision des choses beaucoup plus pratique : elle ne finirait pas sa vie vieille fille, et elle avait l’intention de se marier pour assurer sa descendance. Pour cela, elle avait besoin d’un homme qui lui ressemble, en qui elle puisse avoir une entière confiance. Et bien sûr, il fallait qu’il soit un bon parti : bel homme, Mangemort, et de compagnie agréable quand ils en viendraient au devoir conjugal. Daley remplissait toutes ces conditions haut la main. De plus, leurs pères respectifs les poussaient grandement à cette union. Il n’y avait pas à réfléchir plus longtemps … Mais Daley semblait tout à fait opposé à ce mariage et c’est cette raison, plus que toutes les autres, qui avait convaincu Pandora. S’il se refusait à elle, malgré toutes les fois où ils avaient couché ensemble sans vergogne … Alors elle ferait tout pour que ce mariage ait lieu. Question de principe.

Pandora pénétra dans le salon du manoir familial d’un pas martial. Derrière elle, un elfe de maison trottinait avec un air terrorisé, tentant d’attraper sa cape avant qu’elle ne la jette au sol. Pour la première fois depuis des années, Pandora n’accorda pas un seul regard à la petite créature, qui avait pourtant été son souffre-douleur favori pendant bien longtemps. Elle poussa la lourde porte de la bibliothèque, certaine d’y trouver son père. Il releva la tête avec la mine agacée qu’il lui accordait si souvent depuis que sa mère était morte, et elle sentit le petit pincement familier lui tordre le ventre, mais elle durcit ses traits et s’interdit d’y penser. « Pandora ? » Il la détailla de pieds en cap, et elle vit ses sourcils se rejoindre dans une expression de perplexité irritée quand il réalisa qu’elle portait une tenue de voyage. C’était la moindre des réactions qu’il pouvait avoir. « Où comptes-tu aller dans cet accoutrement ? » La jeune femme étendit les bras, comme pour faire étalage de ses nouvelles acquisitions, et ne put retenir un léger sourire satisfait. « J’ai été affectée au régiment se rendant en Bulgarie, Père. » Sa voix était très calme, et elle avait choisi ses mots avec soin. Ils eurent exactement l’effet escompté, et elle vit la façade si calme de son père se craqueler sous l’effet de la surprise. Il se redressa dans son fauteuil, comme si la foudre venait de lui tomber dessus. « En Bulgarie ? Quelle idée ! Ce n’est pas à toi de te rendre en Bulgarie ! » Etrangement, elle aima assez la façon dont il accentua le "toi", se sentant l’espace d’un instant mise en valeur par cette indignation qu’il avait à l’imaginer envoyée dans les troupes d’Exécuteurs. Il avait un mépris sans égal pour les Exécuteurs, qui n’étaient pour lui que des lâches ayant retourné leur veste. Et dans l’ensemble, il n’avait pas tord. Ils étaient bien conscients, tous les deux, qu’elle valait bien mieux qu’eux, mais l’entendre de sa voix avait un certain attrait pour Pandora. Elle avait beau avoir mûri, ces derniers mois, et s’être détachée peu à peu de son père, elle était toujours en train de s’accrocher désespérément au moindre semblant de compliment qu’il pouvait lui faire. Rien que cette idée suffisait à la conforter dans son envie de quitter le pays. « Toute armée a besoin de leader, Père. Les Exécuteurs ne peuvent pas se gérer seuls, ils se feraient massacrer par les hybrides, ou pire encore. » Pire encore, dans l’esprit des Harrington, signifiait qu’ils pouvaient changer de camp au moindre coup de vent, et la trahison était un crime impardonnable. C’était une des premières leçons qu’elle avait reçue de son père, et une de celle que Pandora avait le mieux intégrée. « Qu’ils envoient quelqu’un d’autre, dans ce cas. Tu n’as pas ta place là-bas. » La sentence était tombée, tranchante, et cette fois-ci la jeune femme y entendit tout le mépris qu’il avait pour ses capacités. Elle n’avait pas les épaules pour ce travail. Elle eut envie de tourner les talons, de s’enfuir pour ne plus subir le regard méprisant de son père. Pourquoi ne pouvait-il pas la voir telle qu’elle était devenue ? Elle était parfaite pour diriger les Exécuteurs. Elle en était certaine. Elle avait fait ses preuves durant la bataille de Poudlard, puis ensuite dans les soulèvements de Londres. Elle avait été en première ligne, et ses efforts avaient été reconnus : on lui avait accordé un haut poste de la Brigade de Police Magique après la reconstruction du Ministère, et plus personne n’osait mettre en doute ses capacités. Plus personne, sauf lui. Mais elle n’allait pas baisser l’échine, pas cette fois. Elle en était capable. « Marchebank en a jugé autrement. Je pars en Bulgarie, Père. Je ne venais pas te demander la permission, uniquement te mettre au courant. » Ce n’était d’ailleurs aucunement l’idée de Marchebank, mais bien la sienne. Et il n’avait pas été bien difficile d’être choisie parmi l’élite, une fois que sa décision avait été prise …
Pandora croisa les mains dans son dos, et se raidit légèrement au souvenir de l’élément déclencheur de sa décision. Elle n’aurait jamais eu l’idée de quitter l’Angleterre, s’il n’y avait pas eu Samaël. Elle se souvenait encore de la sensation de ses lèvres sur les siennes … Un frisson remonta violemment le long de sa colonne vertébrale et elle serra la mâchoire avec force, repoussant ce souvenir empoisonné. Pas question d’y repenser. Mais au moins, elle prenait la bonne décision. Elle s’en allait. Elle fuyait, sans doute. Mais il n’y avait pas d’autre solution pour mettre un terme à cette faiblesse que de mettre une distance infranchissable entre elle et lui. Ne plus jamais le revoir, c’était le rayer de ses souvenirs avec une efficacité que sa volonté ébranlée ne pourrait pas supprimer. Elle irait chasser les hybrides échappés de Nurmengard en Bulgarie, elle veillerait à ce que les citoyens qui soutenaient le gouvernement soient en sécurité, et elle oublierait Samaël. Le traître qui l’avait séduite, elle ne savait pas trop comment, et qui ne voulait pas s’effacer de son esprit … « Tu ne partiras pas, Pandora. J’y veillerais personnellement. » La voix de son père ramena la jeune femme au présent. Il avait le pouvoir de l’empêcher de partir, elle le savait très bien. Comme beaucoup de Mangemorts issus des vieilles familles de sang-pur, il avait rejoint l’Elite de la nouvelle société, et siégeait maintenant au  Haut Conseil. Il était devenu influent, très influent. Il suffisait d’un mot de sa part pour qu’elle reste clouée au sol anglais.

Elle était partie.

Elle avait rejoint le groupe d’Exécuteurs partant pour la Bulgarie, et elle était allée faire ce qu’elle savait faire de mieux : massacrer des inférieurs. Les hybrides avaient beau s’être révoltés et enfuis de Nurmengard, ils restaient des bêtes, pour la plupart sans baguettes, qui n’avaient pas plus de pouvoir que le premier moldu venu quand ils se déplaçaient en plein jour. Et Pandora savait très bien comment envoyer les troupes en première ligne pour ne prendre aucun risque. Elle laissait les sous-fifres faire le sale boulot, prendre les coups à sa place, et comme un bon chef qui se respecte, elle récoltait les honneurs et l’admiration de la population. C’était une sensation inédite pour Pandora, cette impression d’être aimée pour ce qu’elle faisait. La plupart des gens qu’elle rencontrait la remerciait, chose qui n’était jamais arrivée quand elle était Mangemort en Angleterre. Bien sûr, il y en avait certains pour réagir exactement comme les rebelles anglais … Mais ceux-là étaient rapidement effacés du tableau. Pendant deux semaines, Pandora savoura ce pouvoir tout neuf, et elle commença même à apprécier ce pays étranger. Elle oubliait l’Angleterre, elle oubliait son père, et surtout, elle oubliait Samaël. Elle en était à imaginer la vie qu’elle pourrait mener ici, une fois sa mission accomplie. Le Ministère bulgare, récemment remanié par les bons soins de son homologue anglais, lui semblait un lieu parfait pour se faire une carrière où elle serait enfin reconnue à sa juste valeur. Mais ses plans furent réduits à néant quand elle tomba dans une embuscade tendue par des loups-garous. Par chance, elle y tomba trop tôt : il faisait encore jour quand elle fut attaquée, et toutes aussi atroces que furent ses blessures, elles auraient pu être encore pire quelques heures plus tard, sous la lune bien ronde. Elle fut rapatriée immédiatement en Angleterre, où elle passa une semaine complète à subir des soins intensifs à Sainte Mangouste. Retour à la case départ … Où son seul réconfort fut le regard paniqué de son père quand il vint lui rendre visite à l’hôpital. Mais même cette infime consolation lui fut enlevée quand elle comprit qu’il s’inquiétait uniquement de savoir si elle avait taché le nom des Harrington en devenant une hybride. Rassuré sur ce point, il disparut et ne revint plus à son chevet, sans doute convaincu qu’elle n’avait pas besoin de lui pour guérir. C’était un retour en arrière que Pandora était loin d’avoir prévu : clouée sur le sol anglais où son père veillerait à ce qu’elle reste à sa place, sans jamais lui accorder une once d’affection. A nouveau, elle était l’héritière qui ne rapporterait gros qu’une fois mariée, et en attendant, elle devrait se faire petite, éviter les vagues. Peut-être aurait-il mieux valut qu’elle devienne une hybride, finalement …