Les temps sont plus durs que jamais, il est inutile de le nier. Et pour cause, la mort de ce né moldu dans l’enceinte du château, n’est pas anodine. Bien heureusement d’ailleurs, lorsque l’on voit tout le mouvement que cela provoque. Et c’est sans compter sur la perte humaine qui est tout à fait déplorable. Mais avec tout ça, je ne peux même plus rejoindre Hester afin de lui parler ; n’ai même plus aucune chance de le faire. Mon paternel continue de rôder dans les couloirs et il y a de plus en plus de mangemorts qui y restent en permanence. Nous avons aucun moyen de nous voir alors il me faut ruser, trouver un moyen de prendre contact avec elle sans que l’on puisse nous surprendre. Et c’est donc tout naturellement que je me rends vers la volière ; un bout de parchemin et une plume entre les mains. « Je t'en prie ne me demande pas de te signer un autographe. Mon poignet ne va jamais s'en remettre. » Je fais rapidement volte-face, ne m’étant pas attendu à trouver quelqu’un d’autre ici. Pas quelqu’un de seul en fait, puisque la majorité des personnes sont tellement traumatisées qu’il faudrait un miracle pour parvenir à les décoller les uns des autres. Mais c’est face à une personne adulte que je me retrouve, ce qui explique sans doute le fait qu’elle soit seule. La brune me sourit et je ne tarde pas à faire de même. « Sérieusement, des gens font ça ? » je ris doucement alors que je m’approche d’un bord de fenêtre pour venir m’y asseoir, posant mon bout de parchemin sur mes genoux. Je continue à fixer la jeune femme sans la voir, alors que ses paroles infiltrent mon esprit. « Les gens ne savent plus quoi faire pour s’attiser les faveurs des autres, de nos jours. » j’élude finalement en haussant les épaules, me détournant d’elle pour venir poser ma plume sur le bout de parchemin. Ainsi je commence à tracer quelques lettres, quelques mots, avant de transformer les choses en phrases. « Peut-être que si vous précisez que vous n’êtes pas un sbire de vous-savez-qui, ils vous lâcheront un peu. » je finis par lui lancer sans toutefois relever la tête. Et puis, je dis cela, mais au final, je n’en sais rien de si elle est une adhérente au régime du seigneur des ténèbres ou non.

Je ne peux m’empêcher de rire légèrement alors que les paroles de la jeune femme me pénètrent l’esprit. Les gens ne sont plus ce qu’ils étaient à Poudlard, sérieusement. « Oh oui et beaucoup plus que tu ne le penses malheureusement pour moi. » Je secoue doucement la tête, une expression rieuse sur le visage. A croire que je trouve de la joie de vivre dans tellement peu de choses ces derniers temps, que je peux rire de tout et n’importe quoi par la suite. Je regarde un instant la brune alors qu’elle se dirige elle aussi vers un appui de fenêtre afin de s’y asseoir pour rédiger une nouvelle missive. J’ai tout juste le temps de tracer quelques mots sur mon bout de parchemin, avant que sa voix ne s’élève à nouveau dans la volière. « Ils viennent me voir parce que je suis Snow-White Leicester la chanteuse c'est tout. Je ne suis pas intéressante pour le Seigneur des Ténèbres et encore moins pour les mangemorts. Je suis ce qu'on appellerait une mauvaise fille de bonne famille. » Elle se met alors à rire, visiblement amusée de ma méprise. Je secoue doucement la tête, honteux et en profitant pour fouiller dans mon esprit, afin de trouver qui elle est. Seulement, rien ne me vient. Je me mordille doucement la lèvre inférieure alors que je redresse lentement la tête vers elle. « Veuillez m’excuser de la méprise. » je souffle doucement, alors que mes joues se teintent d’une légère couleur pourpre. « Et du fait que je sois incapable de me remémorer l’une de vos chansons. » je finis par avouer, légèrement honteux. Et j’ai beau me creuser l’esprit, je ne parviens réellement pas à me souvenir de quoi que ce soit. Je ferme un instant les yeux, passant en revue les diverses chansons que j’ai écouté dernièrement, mais aucune ne me rappelle la voix de cette madame Leicester. Aussi je finis par rouvrir les paupières, lui adressant un regard désolé. « J’espère que ça ne vous vexe pas. Loin de moi l’envie de vous vexer. » je m’empresse alors de préciser. Et dans ma tête, une petite voix me souffle que j’aurais peut-être dû faire semblant de voir qui elle est, afin de ne pas la vexer.

Je dois tout de même avouer que, quand bien même les temps ne sont pas à la détente et que je m’accorde de moins en moins le temps d’écouter de la musique, je me sens un peu gêné de ne pas savoir qui elle est. Cela peut paraître terriblement vexant pour certains, si bien que je préfère m’excuser par avance du heurte que cela pourrait faire à son égo. « Tout le monde n'aime pas le même genre de musique et heureusement pour nous autres artistes ! » se contente-t-elle de souffler, visiblement amusée par la situation. Voir même rassurée. Je lui adresse un signe de tête reconnaissant avant de baisser de nouveau les yeux sur mon parchemin, alors que je finis d’y tracer quelques lignes avant de le rouleau en un tube. Et alors que je me lève, me parvient une nouvelle fois sa voix. Elle adopte un ton joyeux comme l’on en entend trop peu ces derniers temps. « Ah mais je ne suis pas vexée bien au contraire ! Ça fait plaisir de parler avec quelqu'un qui ne nous connaît. On a enfin l'impression d'être normale. » Elle m’adresse un sourire que je lui rends, alors qu’elle se lève à son tour pour venir à ma rencontre, la main tendue. « Alors je m'appelle Snow-White Leicester et je suis la nouvelle professeur d'art et de musique à Poudlard. » Elle me sert alors la main. Ainsi, c’est pour cela que les gens changent tous d’option en ce moment. Pour une fois que l’on a un professeur qui sait de quoi il nous parle. Quoi que le professeur d’initiation aux forces du mal, sait sensiblement de quoi il parle, lui aussi. « Enchanté. Moi c’est Joshua Panderman. » je lui réponds alors que je m’avance vers les chouettes de Poudlard pour accrocher ma missive à la patte de l’une d’entre elles. Il serait trop risqué d’envoyer ma lettre avec la chouette familiale, que mon paternel reconnaitrait forcément au moment de la distribution des courriers. Alors, pour Hester, je me dois d’agir ainsi. « Enfin, ne faites pas attention à mon nom de famille, il ne reflète en rien ma véritable façon d’être. » je m’empresse d’ajouter alors que mes pensées s’égarent au niveau de Lester Panderman, autre membre du corps éducatif du château. Et aussitôt, je me maudis de préciser pareille chose. Ce n’est pas parce que je me suis attendu à ne trouver personne dans la volière, qu’il faut que j’en perde ma couverture. Mais qu’est-ce que je risque vraiment avec la brune, au pire ? Rien, me répond son regard bienveillant.

Elle parait d’abord anxieuse alors que je lui donne mon nom, mais bien vite, un sourire apparaît sur ses lèvres alors que je lui précise que je ne suis pas comme le reste des membres de ma famille. « Je suis rassurée pour tout de dire.... Par contre moi le nom de Leicester c'est vraiment ce que je suis. » commente-t-elle alors. J’arque légèrement un sourcil. Je ne sais pas qui elle est en tant que chanteuse mais je ne sais pas non plus quelle peut être sa famille. J’ai toujours veillé à me tenir bien à distance de toutes ces histoires de familles affiliées à tel ou tel camp. Car dans un sens, je suis la preuve vivante que même dans une famille, les idées peuvent être divergentes. « Votre famille lutte aux côtés de l’ordre du phénix ? » je demande, un peu gêné, il me faut l’avouer. « Enfin pour le moment, je dois plutôt apprendre à me taire si je veux garder la vie. » s’empresse-t-elle d’ajouter, comme-ci la question que je viens de lui poser, est exactement celle qu’elle redoutait d’entendre. En même temps, je peux bien comprendre qu’elle cherche à cacher son jeu. C’est ce que je suis obligé de faire en permanence, quand bien même cela m’exaspère plus qu’autre chose. « Ne vous inquiétez pas, je n’irai le dire à personne. S’il faut que je fasse un serment inviolable pour vous le prouver, je le ferai sans problème. » Je chasse la question d’un geste de la main. A vrai dire, je ne sais pas en quelle occasion je pourrai vendre le fait que cette toute jeune professeur à Poudlard, fait partie de l’ordre du phénix – ou, au moins, que sa famille en fasse partie –, mais c’est toujours le risque avec les serments inviolables : le fait d’avoir à révéler quelque chose que l’on n’aurait jamais cru devoir révéler. « C'est bien que tu ne sois pas comme ta famille. Ça prouve que les gens peuvent réfléchir par eux-mêmes surtout les jeunes. » Elle me sourit une nouvelle fois. Si bien que je commence à me demander si la guerre n’est pas une chose lui étant étrangère, à force. Je lui rends pourtant son sourire, ne voyant aucune raison de me montrer rabat-joie. « Si seulement c’était aussi simple… » je ne peux m’empêcher de commenter dans un soupire. Car si je dis les choses ainsi, alors que nous sommes dans la volière et que personne n’est en mesure de nous entendre, il est loin d’en être de même, dans le reste du château et en compagnie d’autres élèves.

Alors que je lui demande si sa famille fait adhère à l’Ordre du Phénix, je vois la jeune femme se crisper quelque peu. Elle semble pourtant se reprendre bien vite, comme décidant subitement de me faire confiance, alors qu’elle se met à hocher positivement la tête. Elle ne tarde alors pas à se mettre à me sourire, étirant ses lèvres sur une moue à la fois confiante et rassurante. « Je vous crois. Je ne saurais dire pourquoi mais je vous crois. » Chose tout de même assez bizarre lorsque l’on sait qu’aux yeux du monde, je me comporte à présent comme le pire imbécile que la terre n’ait jamais porté. Je hoche la tête, reconnaissant. « Merci. » je souffle simplement, d’une voix sincère alors que mon attitude montre clairement que je ne lui mens pas ; même mes prunelles se mettent à pétiller un peu plus, comme pour lui témoigner ma gratitude. « Il faut toujours y croire jeune homme. Quand on veut quelque chose on l'obtient toujours. Croyez-en mon expérience. » tente-t-elle de me rassurer, alors que je laisse percevoir le fait que je crois de moins en moins à un retournement de situation. A une libération possible même, puisqu’avec les derniers évènements et la position de ma famille, je me sens clairement entraver. « Le problème, c’est que dans le cas présent, les deux camps veulent tous obtenir quelque chose et que l’on ne peut pas l’accorder aux deux. » je finis par répondre, ne pouvant pas lutter plus longtemps contre cet élan de pessimisme que je suis pourtant parvenu à repousser depuis le début d’année. Je tente tout de même de me reprendre, haussant brièvement les épaules alors que je me mords l’intérieur de la joue. « Il faut toujours se battre pour ceux qu'on aime. » ajoute alors la brune alors qu’elle s’approche de moi avec un grand sourire, venant poser la paume de sa main sur mon épaule. Fermant les paupières, je vois aussitôt le visage d’Hester apparaître. Se battre pour ceux qu’on aime. Assurément, je ne laisserai jamais la jeune femme. Le faire en début d’année a déjà été suffisamment compliqué. Je ne recommencerai plus. « Vous avez raison. Merci. » Je rouvre les paupières, lui adressant un faible sourire, avant de fondre dans ses bras. L’enlaçant un instant, comme une façon de la remercier, avant de me reculer légèrement. « Merci beaucoup madame, vous êtes en train de m’aider à garder espoir. » je lui signifie en lui adressant un signe de tête, en guise de remerciements.

« Tu sais ma famille n'a toujours pas été pro ordre du phénix. Je vais te confier un secret. » reprend la jeune femme après que je l’ai remerciée. J’arque un sourcil, ne m’attendant pas à des révélations, des confidences ou que sais-je. Indépendamment de moi-même, je ne peux m’empêcher de penser que si elle raconte sa vie si facilement, aux personnes qu’elle ne connait que depuis quelques instants, il lui arrivera forcément des bricoles, un jour ou l’autre. Heureusement que je ne suis pas un adhérent aux mangemorts comme mon père, et que je ne lui veux aucun mal. « Je suis mariée avec un moldu et mon père n'a pas approuvé mon mariage au début. Maintenant ça va mieux alors crois moi tout se passera bien pour toi. Et au pire tu auras toujours mon soutient. Nous ne sommes pas de la même famille mais je t'aiderai promis. » Alors que ses paroles quittent ses lèvres, je ne peux m’empêcher de me retourner pour voir si personne n’est en train de pénétrer dans la volière. Et lorsque je me retourne vers elle, c’est une moue inquiète que j’affiche sur mon visage. Pas si fort, crient mes prunelles. Pourtant, au fur et à mesure que ses paroles sortent de ses lèvres, mon visage se décontracte un peu, alors qu’un large sourire vient s’afficher sur mes lèvres. « Encore une fois, merci. » je souffle à son attention. Car elle n’est pas obligée de me faire une telle promesse alors qu’elle ne me connait qu’à peine. « Mais vous n’êtes pas obligée, vous savez… Enfin, de mon côté, j’essayerai certainement de vous aider également, dans la mesure du possible. » Autrement dit, en tentant de garder mon paternel éloigner d’elle. Exploit que je ne suis pas certain de pouvoir parvenir à accomplir, à mon grand damne d’ailleurs. La pauvre, si un jour elle tombe sur lui et lui fait le même genre de confidence, je n’ose même pas imaginer ce qu’elle récoltera. Enfin, je l’ai tout de même mise en garde contre ma famille. J’espère qu’elle ne l’oubliera pas. « De rien mon grand. Ça fait toujours du bien d'aider les autres à son petit niveau. » Je hoche la tête alors que je la relâche finalement, desserrant mon étreinte. Me reculant quelque peu, je lui adresse alors un sourire. « Vous avez raison, il n’y a rien de mieux que de savoir que l’on est celui ou celle qui soit parvenu à redonner le sourire à quelqu’un. » j’acquiesce alors. Que ce soit pour un inconnu, une connaissance, un ami, un membre de sa famille ou encore une personne plus chère à nos yeux – inutile de préciser que je pence à Hester en cet instant –, il est toujours agréable de se dire que l’on est celui qui soit parvenu à lui fournir un semblant de joie de vivre, dans ces temps durs. « Si vous avez besoin de parler n'hésitez pas à venir me voir dans ma classe, j'y serai souvent ou alors dans la volière. » Le retour au vouvoiement me parait brutal. Peut-être une façon de montrer qu’il est temps de mettre un terme à cette conversation. Il faut dire que je dois donner l’impression d’empiéter sur son espace vitale pour le coup. Peut-être n’est-ce même pas qu’une simple impression. « Je prends en note. » je lui réponds alors, tandis que je me tape la tempe avec ma plume, signe que j’imprime effectivement ses paroles dans mon esprit.

Cette échange d’amabilités, le fait de pouvoir enfin baisser un peu mon bouclier, me fait un peu bizarre. Il faut aussi dire que cela peut avoir quelque chose de dérangeant, dans le sens qu’elle a très bien pu me mentir en m’affirmant être plus de côté de l’ordre que du côté mangemort. Pourtant, sans savoir pourquoi, je décide qu’elle ne m’a dit que la vérité et que je peux ainsi lui faire confiance. « C'est très gentil de ta part. Tout va bien se passer tu verras. » Elle me sourit et je lui souris en retard. Sûrement a-t-elle perçu mon malaise, ce pourquoi elle essaye de le faire disparaitre. Et je dois dire que j’apprécie sa prévenance, c’est quelque chose que je n’ai pas vu depuis longtemps chez une personne. Surtout pas dans l’enceinte de Poudlard et c’est ce pourquoi, je dois dire que j’admire le fait d’être ainsi tombé sur une personne comme elle, dans l’intérieur même du château. « Surtout n'hésite pas vraiment. » Elle pose un instant sa main sur mon épaule, avant de m’adresser un signe de tête, de pivoter sur ses talons et de partir en dévalant l’escalier. Moi, je me contente de retourner m’asseoir sur le rebord de la fenêtre, scrutant le parc du château au dehors. J’avais du mal à croire qu’il pouvait rester des professeurs dignes de confiance et sympathiques à l’intérieur du château, mais me voilà à présent rassuré.