who will have mercy on your soul

e. sage blackheart & s. amadeus wheedon
« But what is this, that I cant see
with ice cold hands taking hold of me. »
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« Vous pourriez accélérer un peu ?! » Les mots ayant passé ses lèvres, Sage se rendit compte un peu trop tard du ton qu'elle avait adopté. La pauvre guérisseuse faisait de son mieux (et n'avait pas demandé à voir une sorcière à l'épaule ensanglantée débarquer sans crier gare) - mais c'était son job, et celui de Sage était de rejoindre l'Ordre au plus vite. L'Ordre ou du moins, les parcelles d'Ordre qu'elle consentait encore à aider : gamine capricieuse qu'elle faisait, elle ne comptait pas se lancer à corps perdus dans la forêt pour tenter de trouver quelque trace de Harry Potter - non, c'était vers Evander, vers d'autres encore - même vers Clive, que ses pensées allaient inlassablement - à croire que les sales moments qu'elle avait connus il y a peu lui avaient remis les idées en place. Au sein de l'Ordre, elle avait plus que de simples alliés, elle s'y était fait des amis, un certain genre de famille. Qui s'était détournée d'elle lorsqu'elle avait connu l'insurmontable, mais de là à ne pas ciller en les imaginant paumés au milieu d'une forêt, en danger, pour du vent, c'était une toute autre histoire. Pour répondre à son ordre, la guérisseuse accéléra le mouvement, Sage eut tout juste le temps de trouver la modestie de s'excuser que la jeune femme avait plus ou moins réparé son épaule. Restait un fin bandage, imperceptible et une infime douleur lancinante : le saignement s'était arrêté, la plaie avait été quelque peu refermée grâce à une mixture qu'elle avait avalée il y a quelques minutes. Repassant sa cape sur ses épaules, elle capta silencieusement le regard de l'infirmière, qui comprit : des membres de l'Ordre passaient bien souvent, discrètement, distraitement dans les couloirs de Sainte Mangouste : un jour, ceux qui les aidaient seraient peut-être menacés d'emprisonnement, mais à certaine personne, l'idée ne semblait pas avoir d'importance. Ce soir, personne ne commettrait la stupidité de venir à Sainte Mangouste pour se faire soigner des plaies d'un combat avec un Mangemort, alors quelques membres passaient, assez régulièrement chercher de quoi soigner ceux qui reviendraient. Dans un sac, petit et discret, elle fit disparaître un bon paquet de réserves - ça lui donnerait un bon prétexte pour rejoindre le camp qui s'était improvisé à proximité de la forêt de Dean, planqué par plus de charmes que c'en était imaginable. A peine sortie, elle n'eut pas besoin de lancer plus qu'un bref regard pour remarquer l'imbécile heureux qui faisait le pied de grue devant l'hôpital - il y en avait toujours un. Glissant une main dans ses cheveux, Sage s'assura que sa baguette était à portée de main, avant de s'engager à travers les rues de Londres : sans doute l'avait il repérée, mais elle n'avait aucune envie de transplaner devant une foule de moldus (et c'était impossible si près de l'hôpital) - c'était à voir s'il risquait de quitter son poste pour la suivre. C'est donc sans une hésitation pour marquer son pas que Sage s'éloigna à travers la foule modeste de Londres, esquivant quelques personnes pour ne pas perdre de vitesse - il était sur ses talons, elle le sentit bien assez vite, tournant brusquement dans une ruelle pour le moins ignorée de beaucoup - ici elle pourrait transplaner, mais au lieu de ça, ses vieux instincts revenant au galop (l'impitoyable et revêche sorcière qui flirtait trop souvent avec le danger) la firent s'arrêter net, dos à l'entrée de la ruelle, regard perché par-dessus son épaule : elle n'avait pas peur d'un simple Mangemort, l'Ordre ne recrutait des idiots, mais des idiots talentueux, après tout.

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Être la proie d'une chasse à l'homme ne faisait guère partie des activités favorites de Sage : mais depuis début septembre, elle avait eu le temps de se faire à ces interminables jeux de cache cache. Tous les Mangemorts qui pensaient croiser le chemin d'un membre de l'Ordre ne pouvaient résister à l'appel lascif du danger, du sang et de tous les actes de lâcheté dont ils faisaient bien souvent preuve dans un combat : l'idée s'était retournée contre quelques uns d'entre eux, depuis que Sage, ayant pris soin de soigneusement analyser les us et coutumes de certains de ses ennemis, avait appris à s'adapter. Certains idiots tombaient dans des pièges aussi gros qu'une maison, d'autres s'avéraient plus malins et heureusement. Il l'avait suivi et elle n'en fut qu'à peine surprise - il avait la tronche de l'emploi, celle du type qui bondit sur toutes les opportunités sans vraiment réfléchir : si elle avait été encore assez niaise pour faire équipe avec d'autres membres de l'Ordre, il serait tombé dans le piège le plus stupide de l'histoire de la magie - le Mangemort qui poursuit la jolie brune, ça aurait été assez amusant, comme appellation. A vrai dire, à la suivre dans cette ruelle ignorée et miteuse, il pouvait presque passer pour un gros pervers - heureusement que les citoyens de Londres étaient rarement regardants sur les activités des uns et des autres. Elle aurait pu transplaner, mais au lieu de cela, elle le sentit arriver sur ses talons. Il n'y allait pas par quatre chemins, elle lâcha un léger rire, vaguement amusée. « Et tu veux quoi ? Mon portefeuille ? » Peut-être que les Mangemorts ne savaient même pas ce que c'était : l'argent moldu se gardait dans des bourses, mais soit portefeuille c'était plutôt compréhensible comme idée. Il ne se décourageait pas en tout cas, peut-être espérait-il la faire trembler de peur. « Troubles mentaux : figure-toi que j'ai envisagé de rejoindre les Mangemorts, à ce moment là, je me suis vraiment dit que je devais me faire soigner. » Railla-t-elle un instant, elle pouvait sentir, tout près d'elle, la baguette du sorcier levée dans sa direction. Pour appuyer une certaine lassitude, Sage soupira. « Est-ce que je pourrais au moins me retourner, parler à un mur ne m'aidera pas à croire que je suis enfin guérie. » Il n'avait pas espéré qu'elle lui donne ce qu'elle avait pris et qu'elle lui fasse, en prime un schéma des vilaines blessures qu'elle avait amassées depuis la guerre - comme quoi, peut-être qu'il avait tout d'un pervers, au fond.

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La situation n’était pas forcément à son avantage, mais elle s’était déjà sortie de crises bien pires que celle qu’elle connaissait ce soir – de toute manière, avant même qu’elle ne foute les pieds à Sainte Mangouste, elle avait envisagé l’option de tomber, à un moment ou un autre, sur un Mangemort. Une chance pour elle, elle l’avait croisé après avoir soigné sa petite blessure, qui aurait pu s’avérer bien handicapante dans certaines situations. Traquer et faire face aux Mangemorts restait pourtant le job principal de tout membre de l’Ordre digne de ce nom, l’unique différence entre Sage et ses quelques collègues, c’était qu’elle avait très vite laissé tomber les restrictions que l’Ordre du Phénix leur imposait bien souvent. Se mettre en danger pour du vent ne faisait plus partie de ses occupations favorites, et la seule chose qui faisait qu’elle n’avait pas encore quitté la précieuse organisation de Dumbledore, c’étaient les ressources qu’elle pouvait obtenir de celle-ci. Ainsi que certains contacts, qui lui tourneraient bien vite le dos si elle abandonnait lâchement tout ce en quoi elle avait si longtemps cru. Les choses étaient différentes à présent, quand bien même elle s’essayait à ne rien laisser paraître. Elle ne se départit pas de son sourire lorsque le Mangemort renchérit – il avait beau avoir sa baguette pointée sur elle, il disait des choses indéniablement amusantes. « Tu crois que si je crie au vol, les gentils passants à dix mètres de nous vont venir faire le détour ? » Elle n’avait jamais essayé, tout simplement parce qu’elle savait bien qu’un pourri comme les sbires de Voldemort n’hésiterait pas à tuer des moldus rien que pour le plaisir. Or cette guerre ne les concernait pas. Elle eut au moins la possibilité de faire volte-face, remarquant bien vite sa baguette lui échapper des mains. « Je n’avais pas vu le coup venir. » Remarqua-t-elle, un brin d’ironie dans la voix. « Non seulement tu m’attaques dans la rue, tu me menaces, me désarmes, tu veux me prendre mon sac mais en plus tu m’insultes ? Ma foi, je ne suis pas tombée sur le plus poli des Mangemorts. » Un sourcil arqué, elle pinça les lèvres. « Tu crois que tu as vraiment bien fait de bouger de ta place pour venir jusqu’ici ? » Il devait sans doute s’interroger lui aussi sur le bien-fondé de cette action, après tout, elle avait plus l’air de lui faire perdre son temps qu’autre chose.

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Il y avait des choses pour lesquelles il ne fallait pas sous-estimer un caractère aussi peu tempéré et imprévisible que Sage – après tout, ces derniers temps, elle passait la plupart de ses nuits, comme un rôdeur avisé, à poursuivre toujours des proies plus nombreuses. Et en tant que fille d’Auror, elle n’était certainement pas née de la dernière plus : toute son enfance avait été baignée dans le deuil de sa mère, la prudence excessive qu’imposait le fait d’être la fille Blackheart, l’héritage de son père et tout ce qui allait avec. Allez à Sainte Mangouste, pour un membre de l’Ordre s’avérait déjà être une entreprise folle, mais y aller en pleine période de combats échaudés, c’était encore pire. Mais tous ces petits critères hautement stratégiques ne semblaient qu’à peine entrer en ligne de mire : elle n’avait pas besoin de fuir, pas besoin de crier à l’aide, pas besoin de sa baguette, arrogante et orgueilleuse, Sage avait toujours su s’armer de toutes les possibilités qu’elle avait, faisant parfois preuve d’une imagination sans borne, pour se défendre. Après tout, depuis Poudlard elle cherchait des noises à tous les petits cons qu’elle croisait, ce n’était pas ce type – aussi Mangemort soit-il – qui allait l’impressionner, quand bien même il aurait espéré la voir frissonner et supplier. « Et tu es très stupide de t’enfoncer dans une ruelle avec une fille plutôt que de rester à faire le pied de grue devant Sainte Mangouste, comme le stipulent sans doute tes ordres. » Elle ne doutait pas que les ordres des Mangemorts s’avéraient affreusement basiques et barbants. Un peu comme ceux qu’elle avait eu l’habitude de connaître avec l’Ordre – elle ne s’y était jamais vraiment faite. Mais les stratégies et tout ce qui allait avec semblaient échapper de loin à l’idiot auquel elle faisait face – il fit de vifs pas pour venir attraper son sac, resserrant sa prise, Sage laissa un sourire passer sur ses lèvres. « Tu sais, on découvre des choses très marrantes au niveau charmes et sortilèges bizarres pour protéger ses affaires. » Arquant un sourcil, elle pinça les lèvres. « D’ici quelques secondes tu vas commencer à ressentir quelques légers picotements. » Elle n’attendit pas, elle, pour, d’un vif mouvement, lui envoyer un coup de coude entre les côtes, le repoussant vivement contre un des murs de la ruelle Dans le même mouvement, elle fit volte-face, lui envoyant son sac en pleine figure, une assez bonne distraction pour lui prendre sa baguette et s’écarter. En quelques pas en arrière, elle pointa la propre baguette du Mangemort dans sa direction. Elle avait été fille d’une moldue, avant d’être fille d’un Auror. « Eh bien, quelqu’un a d’autre à de piètres réflexes ici. Comme je disais, les picotements vont sans doute devenir des brûlures, demain tu devrais avoir de sacrées cloques, tu devrais rester dans les alentours. » D’un mouvement de tête, elle désigna le sac, au sol, abandonné. « Mais tu peux y aller. Essaye de fouiller dedans. » Peut-être y avait-il d’autres pièges encore ; de toute manière, même s’il parvenait à mettre une main dedans, elle avait entassé tellement de choses dedans que ce sac ressemblait surtout à celui de Mary Poppins.

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Il y avait des ennemis avec lesquels Sage n'appréciait que rarement croiser le fer : généralement ceux-ci avaient la fâcheuse tendance de la sous-estimer, se contentant de la menacer de sa baguette sans vraiment y réfléchir de plus près. Elle, pourtant, elle se souvenait encore du soin précieux qu'avait mis son père à l'enseigner à bien des méthodes de défense, allant même jusqu'à lui payer un professeur particulier pour qu'elle apprenne à pratiquer d'autre chose que de la baguette - visiblement, ce qu'aucun sang-pur ou Mangemort n'avait appris à faire, considérant sans doute ça comme barbare ou inférieur en quelque sorte à l'art soit disant noble qu'était celui de la magie. Certes, Sage Blackheart avait toujours montré des talents certains pour les duels à la baguette, elle avait obtenu d'extrêmement bonnes notes en défense contre les forces du mal, sortilège, métamorphose et tout ce qui allait avec et ce, sans compter les récents apprentissages qu'elle avait faits. Mais elle savait déjà que la baguette qu'elle avait entre les doigts ne lui obéirait pas, elle était beaucoup moins souple, beaucoup moins maniable que la sienne, c'était une baguette rude, le genre totalement déplaisant - mais l'instrument favori qu'un Mangemort pointait à chaque coin de rue s'avérait être un otage précieux, l'expérience le lui avait souvent prouvé. Un sourire pinçant ses lèvres, elle haussa les épaules, avec une désinvolture calculée face à la raillerie de son vis à vis, visiblement souffrant. « Au pire des cas, qu'est ce qui peut bien arriver ? Tu peux prendre feu ou, ta baguette peut malencontreusement finir brisée. Rien qui ne me concerne ouvertement. » Elle omettait toute la partie des sortilèges qui pouvaient se retourner contre elle, ou la possibilité d'être propulsée contre le mur dans son dos par un ricochet incompréhensible. Elle ne baissa pourtant aucunement la baguette, préférant avoir une défense, aussi bancale soit elle que pas de défense du tout : il paraissait que les piètres duellistes finissaient souvent la baguette brisée par les sorts de l'ennemi, peut-être qu'il se ferait le plaisir de la briser lui-même. C'était cinquante, cinquante, au fond. Au moins, était-elle moins nerveuse de son arme que son ennemi, qui usait et abusait de sa baguette juste sous son nez ; par merlin qu'elle détestait qu'on utilise ses propres biens, surtout avec des mains aussi sales. Restait que le bras du Mangemort (sa main en tout cas) commençait à gravement rougir - ce charme marchait mieux qu'elle ne l'aurait espéré, un sourire mutin s'afficha sur les lèvres de la sorcière, qui devait se retenir de jubiler devant la situation. « Donne-moi ma baguette. » Lâcha-t-elle finalement comme sentence, relevant un peu plus celle dont elle se servait pour le menacer. Elle lui rendrait la sienne, ils seraient à nouveau à armes égales, que demander de plus ? Elle, en tout cas, elle n'hésiterait pas à tenter le diable et à utiliser la baguette du Mangemort pour se défendre : à leurs risques et périls, peut-être même qu'elle ferait exploser tout Londres. Ce qu'il ne savait pas sans doute, c'était que Sage n'avait plus rien à perdre et ce, depuis des lustres déjà. « On pourra se quitter, toi avec ton bras et moi avec mon sac et tout ce qu'il contenait. C'est un bon compromis. » Elle arqua un sourcil, sans bouger. « Essaye quoique ce soit, et je transplane dans l'instant, tu ne reverras jamais ta baguette et peu à peu, ton bras finira paralysé - peut-être qu'il tombera. J'ai désarmé assez de tes camarades Mangemorts à la loyale pour avoir une collection complète de baguettes. » Et il y en avait eu qui lui avaient plutôt convenu : assez pour qu'elle charcute certains idiots avec leurs propres baguettes - elle pouvait être comme ça, quelques fois. Ici, ils pouvaient peut-être bien trouver un accord tacite, s'il s'en donnait la peine.

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La soirée aurait pu infiniment mieux se passer, si seulement elle n'était pas tombée sur l'énergumène qui lui servait de compagnie : il n'en était pas la plus agréable qui soit, à afficher ces airs condescendants si semblable aux autres Mangemorts. C'était presque par réflexe que Sage répondait du tac au tac, elle avait été éduquée pour ne laisser filtrer aucune pitié pour ces pourritures, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle comptait le faire. Au fond, plus le temps passait, plus elle se rapprochait, dans son infinie noirceur, d'êtres comme celui qui lui faisait face, mais au moins avait-elle encore l'assurance orgueilleuse de ne jamais avoir tué personne. Sa baguette n'avait servi qu'à faire souffrir des êtres qui en avaient fait souffert d'autres, les plus lâches des pourritures de ce monde, pas de quoi lui faire faire des cauchemars. Ni de quoi titiller sa conscience, qui, au fond, s'éteignait un peu plus à chaque nouvelle aube. La guerre exigeait des choses peu communes, c'était ainsi que ça fonctionnait : les membres de l'Ordre étaient des soldats dans cette guerre et, eux aussi, d'une certaine manière, finiraient condamnés pour les actes qu'ils commettaient. Quand bien même c'était pour défendre cette société bancale et la liberté des autres : c'était ainsi, ceux qui attentaient à la vie d'un autre, que ce soit en temps de guerre ou non, était bel et bien un meurtrier - tôt ou tard, elle en sera un, elle aussi. La guerre ou son orgueil le lui imposeraient irrémédiablement. Devant l'assurance du Mangemort alors qu'elle avait sa baguette en main, Sage ne cilla pas - elle avait obtenu l'allégeance de baguettes diverses et variées déjà et ce, même contre l'accord du propriétaire - ici, aucun sortilège ne l'avait désarmé mais ça n'avait pas d'importance, elle crèverait tôt ou tard dans cette guerre et elle préférait au moins que ce ne soit pas de la main d'une saleté pareille qu'un Mangemort. « Elle te répond mais tes sortilèges sont bien trop grossiers pour une telle baguette. » Il n'avait sans doute pas remarqué que ses sortilèges étaient, pour le moins, bancals ; il maniait l'objet comme un bourrin et elle n'en fut que plus persuadée lorsqu'elle se retrouva soulevée dans les airs. Serrant les dents, elle retint toute manifestation d'agacement et/ou de douleur à se retrouver la tête en bas, quand bien même la situation était on ne peut plus déplaisante. « Ne t'en fais pas, ma baguette est loin d'être frigide. » Railla-t-elle un instant ; combien de Mangemorts l'avaient désarmée déjà ? L'allégeance de sa baguette semblait presque être quelque chose de gravée entre elle et l'objet et ce, depuis que celle-ci l'avait choisie chez Ollivanders. Elle retomba bien vite sur le sol, retenant un juron de douleur ; elle n'était pas tombée de la manière la plus gracieuse qui soit. En relevant le regard, elle remarqua que l'idiot avait retourné la baguette contre lui-même, prêt à la lui tendre. A cette image, alors qu'elle n'avait que resserré sa prise autour de celle de son adversaire, Sage eut un sourire, quoique encore accroupie au sol. « Non. » Finit-elle par lâcher, un regard désinvolte se fichant dans celui de son vis à vis. D'une oeillade, elle désigna le bras blessé de celui-ci. « Sûrement que dans une minute tes doigts auront tellement gonflé que tu ne pourras plus tenir une baguette correctement. A moins que tu connaisses un tour de passe passe pour faire tourner ma baguette dans ta main en une fraction de seconde, je serai loin avant que tu n'aies fait quoique ce soit. » Elle serra la mâchoire, tentant d'oublier les vagues de douleur qu'avait créé sa chute ; plus particulièrement à son épaule douloureuse, qui n'avait finalement pas été tant soignée que ça. Se relevant finalement, levant la baguette de son adversaire comme si, au final, les paris ne lui faisaient pas tant peur que ça. « Je peux t'aider, mais je veux ma baguette, ainsi que chaque chose qui était dans ce sac. » Elle n'en avait rien à faire de voir le bras du Mangemort se décomposer juste sous ses yeux, si c'était le stade qu'ils devaient atteindre pour qu'il consente à partir en paix, qu'il en soit ainsi. Elle ne demandait pas la lune, après tout.

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L’assurance du Mangemort qui lui faisait face était plutôt amusante. Amusante, en effet, pour un déserteur. Sans doute que dans le temps qu’il prenait à s’occuper d’elle, une bonne dizaine de membres de l’Ordre ainsi que des fugitifs sans doute avaient pu se faire soigner – largement assez pour compenser sa perte s’il venait à mettre la main sur ce qu’elle avait obtenu à Sainte Mangouste. Pas volé, obtenu. Leurs avis divergeraient sans doute à jamais sur la question, aussi avait-elle ne jamais commencer l’argumentation concernant cette idée-là : tout ce que les Mangemorts ne décidaient pas était contre la loi, c’était ainsi. Alors elle avait volé et elle n’avait aucunement mauvaise conscience pour ça. Mais plus les minutes passaient, plus son interlocuteur devait se rendre compte à quel point il perdait son temps – et à quel point celui-ci lui manquait. Malheureusement pour lui, Sage n’était pas la plus consentante des sorcières qui soit, au contraire de sa baguette, comme il le soulignait tant de fois. C’est l’amertume qui la fit lâcher un ricanement suite aux paroles du Mangemort – peut-être était-elle facile comme baguette, mais elle était diablement incisive lorsqu’il s’agissait de briser ses ennemis. Peut-être devraient-ils essayer, l’un avec l’autre, la prochaine fois qu’ils se croiseraient. L’épaule rendue douloureuse par son acrobatie forcée, le souffle court, Sage tentait malgré tout de faire bonne figure, ce qui ne semblait pourtant pas échapper à son adversaire d’un soir, aventurant un regard en direction de celle-ci, elle arqua un sourcil, sans rien répondre. Son épaule allait plutôt bien, bien mieux en tout cas que son bras à lui – la guérisseuse qui s’en était occupée avait mis une plombe à bien faire le travail, mais il était relativement excellent, au vu de l’état de celle-ci malgré sa chute. Elle survivrait, car bien entendu, la guerre l’avait déjà habituée à pire. Mais avant qu’elle n’ait pu répondre quoique ce soit, les réflexes ralentis par la douleur et le remue-méninges dont elle avait été victime, Sage vit sa baguette lui revenir, l’attrapant dans un vif mouvement avant de se rendre compte que les doigts de son autre main se refermaient sur du néant. Il avait repris sa baguette, elle avait de nouveau la sienne, quand bien même le geste avait suffi à électriser plus encore la douleur lancinante qu’elle ressentait. Mais sans doute la prenait-il pour une petite nature, au vu de la proposition qu’il lui fit – elle ne put qu’en rire, jusqu’à devoir se mordre la lèvre inférieure pour s’arrêter. « Tu veux dire que si je t’aide, tu me rendras les médicaments que l’on m’a prescrit contre ma blessure ? Trop aimable. » Certes, il y avait beaucoup plus que pour elle uniquement, mais elle n’avait pas l’intention de laisser quoique ce soit derrière elle – elle détestait l’Ordre, mais elle aimait les missions bien accomplies, et puis, beaucoup de gens en auraient besoin. Comme pour appuyer ses paroles, elle releva encore sa baguette – quand son bras commencerait à le brûler, ils finiraient par trouver un terrain d’entente acceptable. « Tu peux essayer le sort du parfait idiot, ou alors celui de l’homme tronc. C’est sans doute un de ces deux-là. » Elle arqua un sourcil, le toisant un instant. « Ca s’étend plutôt vite – tu dois déjà commencer à ressentir quelques brûlures au niveau de l’épaule – imagine quand ça arrivera dans ton visage. » Par Merlin, elle qui avait trouvé le sortilège plutôt dégueulasse lorsqu’elle l’avait trouvé dans ce bouquin dont elle ne se souvenait plus du nom, il s’avérait bien amusant – le voir farfouiller dans des potions qui n’avaient aucun intérêt s’avérait bien plaisant. « Eh bien, ce n’est pas du côté des baumes cicatrisants que tu trouveras de quoi t’aider. » Car oui, c’était bien là-dedans qu’il cherchait. « Aies un peu confiance, je n’ai pas envie de me retrouver avec elephant-man dans la rue. Donne-moi tout, je te donne ce qu’il te faut. Tu le mets, les effets devraient disparaître assez vite pour qu’on puisse reprendre notre route chacun de notre côté d’ici quelques instants. » Ce n’était pas compliqué pourtant et il avait déjà grandement failli à sa tâche, alors une exception de plus ou de moins, qu’est-ce que ça pouvait changer ?

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S’avouer vaincue ne faisait pas partie des habitudes de Sage. Mais allonger un entretien avec un excité de la baguette n’était pas dans ses occupations préférées également – elle avait du pain sur la planche, elle, et beaucoup plus à faire que poiroter devant un hôpital où personne de sain d’esprit ne viendrait se faire soigner en étant officiellement ennemi du reste du monde. En une soirée pareille, c’était même totalement idiot de placer un homme devant un tel endroit - à croire qu’ils n’avaient pour lui aucune confiance, ou que c’était un pathétique incapable. A le voir enflammer la moitié de la rue, la deuxième hypothèse se confirma à l’esprit de la sorcière, qui ne put répondre à ses menaces que par un regard noir : que pouvait-elle bien faire ? Ce serait le moment idéal pour l’assommer d’un sortilège bien place, mais il était le seul à pouvoir éteindre ces flammes, et elle n’avait pas particulièrement envie de cramer la moitié de la ville pour quelques trucs sans intérêt. De toute manière, il se ferait remonter les bretelles par son propre camp, pour avoir été incapable de gérer une entrée d’hôpital au point de devoir faire cramer la moitié du quartier. « Okay, d’accord, le génie tu peux arrêter ça maintenant ! » Mais avant qu’il n’ait fait le moindre geste, d’un coup de baguette, elle rassembla ses affaires – chacune de ses affaires, à savoir ce qu’elle avait pris à Sainte Mangouste également – juste sous ses pieds, attrapant son sac à la volée – c’était lui qui avait préféré ouvertement détourner son attention au profit d’un petit incendie capricieux. Elle n’allait pas s’enfuir et elle le prouva en ne bougeant pas d’un pouce – ne restait qu’à lui de faire ce qu’elle avait demandé – si gentiment, soit dit en passant. « Précision pour le cerveau que tu es, c’est un sortilège qui te fait ça, j’aurais besoin de faire un petit geste de baguette dans ta direction, qui ne devrait en principe pas te faire de mal. » Marmonna-t-elle vaguement, levant les yeux au ciel. Pour ça fallait-il en tout cas qu’il ait assez confiance en elle ou en les menaces qu’il avait proférées, pour croire qu’elle serait encline à le faire. Se baissant vers ce qui était au sol à ses pieds, Sage ramassa deux fioles, les levant à hauteur d’yeux, comme un commun accord. « Et une de ces deux-là fera disparaître le reste. Bien entendu, une ne fera qu’empirer les choses, je ne suis pas stupide et je ne voudrais pas que tu me tues pour prendre ce que je t’aurais indiqué comme la bonne formule. » C’était moitié-moitié et Sage avait déjà eu l’occasion de s’en sortir en toute amitié (ou presque) avec certains Mangemorts pouvant s’avérer un tant soit peu coopératifs. Elle plaça les deux flacons dans sa poche, levant les mains devant elle presque en signe de paix – mais prête à riposter au moindre geste menaçant, ne restait qu’à lui maintenant, de la laisser faire sa part du contrat qu’il lui imposait plus ou moins. Sans quoi, il serait vraiment un cas désespéré, finalement.

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Difficile d'imaginer avoir à faire face à plus tête brûlée que ça (sans mauvais jeu de mot) t si Sage avait revêtu l'allure de l'amusement quelques minutes plus tôt, il avait sans doute réussi à atteindre les limites de sa patience. De un parce qu'il la menaçait ouvertement, jouant sur la potentielle humanité qu'elle pourrait encore avoir sous les couches de rancoeur dont elle se grimait, et de deux, parce qu'il était incapable de calmer ses petits excès de mauvaise humeur lorsqu'elle acceptait enfin de coopérer. En définitive, plus les secondes passaient, plus Sage hésitait entre l'idée qu'elle soit face à un parfait idiot ou à un gros sadique que personne ne voulait caser autre part, de peur à ce qu'il finisse par tuer tout le monde sur un kilomètre à la ronde. C'est sûr que s'il devait le faire, aux yeux des Mangemorts, il était préférable qu'il tue des moldus plutôt que des sorciers (c'était la base même de cette mentalité attardée qu'était celle des Mangemorts). Cependant, elle avait beau se montrer aussi coopérative que possible, ça ne semblait pas être assez et, alors que les flammes avaient perdu de leur splendeur, Sage sentit l'agacement lui faire grincer des dents. Il la prenait vraiment pour une conne, ou il était horriblement stupide - l'un ou l'autre, c'en était trop. Elle s'en foutait comme de sa première petite culotte de ses menaces à deux balles, c'est du moins, ce qu'elle s'accrocha à penser lorsqu'elle le toisa un instant. Il était concentré sur ses flammèches ou du moins, occupé à ne pas la regarder, aussi, en profita-t-elle, si ça pouvait leur permettre de mettre fin à cette histoire au plus vite, c'était tant mieux. D'un geste de la baguette, elle le désarma comme il l'avait fait quelques minutes plus tôt avec sa baguette à elle, récupérant celle du sorcier avant de l'envoyer plus loin, il pourrait toujours aller la chercher sans avoir à crier au meurtre parce qu'elle l'avait gardée ; voilà qu'ils se retrouvaient à égalité. « Ce n'était pas faute de t'avoir dit une bonne centaine de fois de baisser ta baguette. Remarquons donc que ce n'est pas entièrement ma faute. » Il fallait savoir sévir avec les crétins fous de la baguette. Finalement, comme pour lui faire comprendre qu'il avait eu tort de se méfier, elle fit un nouveau geste de la baguette, qui n'eut manifestement aucun effet visible (pas celui de le faire souffrir, de l'envoyer contre un mur ou de l'assommer en tout cas, quand bien même elle en brûlait d'envie). « J'ai stoppé l'avancée du sort. Ce n'était pas compliqué au final, je pourrais te dire "je te l'avais bien dit" mais... » D'un sortilège d'aguamenti, elle fit disparaître les derniers restes de flammes, c'était un sortilège qu'on apprenait en première année à Poudlard, peut-être qu'il l'avait crue assez idiote pour l'avoir oublié. Sortant les deux fioles de sa poche, elle les envoya à son vis à vis, c'était à lui de savoir les réceptionner s'il ne voulait pas risquer de perdre ses chances de soigner son bras maintenant. « Maintenant, histoire de repartir sur de bonnes bases. Je prends tout ce qui est à moi et je te dis laquelle des deux est la bonne. Ce n'est pas compliqué à accepter. Ce n'est pas dans trois petites potions et deux rouleaux de bandage que tu retrouveras ton honneur lorsque tes collègues verront que tu as, au bas mot, déserté ton poste pendant environ trente minutes. » Accablant constat en somme, mais il était temps de faire tomber les masques, histoire qu'il se désintéresse d'elle - enfin - et arrête de l'énerver plus que de mesure.

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Les retournements de situation totalement imprévisibles s’étaient succédés depuis qu’ils s’étaient rencontrés : un peu d’action n’était pas pour déplaire à la sorcière qu’elle était, talentueuse et stratégique. Il fallait cependant avouer que l’agacement qui rendait l’air électrique entre eux, avait quelque peu le don de mettre la patience de Sage à bout. Plus elle écourterait ce face à face à présent, mieux ce serait : pour elle, pour l’Ordre qui pouvait potentiellement attendre son retour, mais également pour le Mangemort qui lui faisait face. En décidant de la suivre, il n’avait pas fait le choix le plus intelligent qui soit, mais il ne semblait s’en rendre compte que maintenant, alors que son bras avait sans doute doublé de volume, le terrassant sous la douleur et que les choses ne semblaient pas s’arranger pour lui. Ce n’était pas aujourd’hui qu’ils deviendraient assez bons amis pour s’asseoir ensemble à une table et discuter de communs accords qui pourraient leur convenir. Qui sait, peut-être qu’un jour, Sage pourrait agir ainsi avec un ennemi : dans un avenir lointain, sans doute. Là, baguette pointée contre le Mangemort sans nom, la jeune femme fut presque surprise de le voir enfin capituler. Certes, elle ne s’était pas laissée gagner par les remords lorsqu’il avait laissé un incendie menacer quelques parties de la ville autour d’eux, ça devait presque être déstabilisant pour lui de ne pas totalement parvenir à la mettre à défaut. Mais Sage n’en avait plus rien à faire des principes de l’Ordre, tout comme le sort de ces moldus valait moins – à son humble avis – que celui des gens auxquels elle tenait, et qui pourraient, potentiellement ce soir, avoir besoin des objets qu’elle ramenait avec elle. Elle ne faillirait pas à cette mission, pour sûr. La sorcière ne cilla que légèrement aux mots de son interlocuteur, arquant un sourcil incrédule – le s’il te plaît était assez marrant à entendre de la bouche d’un pourri pareil. Elle ne fit aucun geste consentant, préférant opter pour la méfiance avant tout. « Est-ce que tu écoutais les supplications de tes victimes quand tu t'en prenais à elles ? » Le ton railleur, Sage fit quelques pas en biais (sans se départir de sa méfiance et de sa baguette levée) pour ramasser celle du Mangemort. « Avant de te laisser partir j’aurais une question. » La même que celle qu’elle posait à tous les Mangemorts qu’elle croisait dans la capitale anglaise. Passant un instant durant sa langue sur ses lèvres, Sage glissa la baguette du Mangemort dans sa poche – elle la lui rendrait, elle n’était pas comme lui. « Où est-ce que tu étais et qu’est-ce que tu faisais dans la nuit du 27 septembre 1997 ? » Ce serait cependant assez déplaisant de découvrir qu’un Mangemort pareil (avec deux mains gauches et aucune patience) puisse potentiellement abattre son père, mais soit, elle préférait malgré tout demander.

who will have mercy on your soul

e. sage blackheart & s. amadeus wheedon
« But what is this, that I cant see
with ice cold hands taking hold of me. »
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Sage aurait pu laisser sa rancoeur de côté et se contenter de la petite victoire qu’elle venait d’obtenir sur le Mangemort qui lui faisait face : après tout, elle lui avait prouvé au combien il avait eu tort de la sous-estimer, avant même d’obtenir des supplications de sa part. Que pouvait-elle demander de plus à la chance ? Mais après tout, si elle s’était arrêtée dans cette ruelle, à risquer de tomber entre les griffes d’un ennemi, c’était pour une raison très précise. Raison qu’elle ne comptait pas oublier sous prétexte qu’il avait le bras en feu et les volontés à présent apaisées. Après tout, rester sur une note positive dans l’esprit d’un Mangemort était bien la dernière de ses préoccupations - ils étaient des adversaires à la vie à la mort, et ce cher jeune homme qui lui faisait face, devait avoir sa dose d’orgueil. Peut-être qu’un jour il viendrait la tuer, rien que pour se venger de ce qu’elle lui faisait subir, là, à l’abri des regards, sans qu’il n’ait vu quoique ce soit venir. C’était stupide tout de même, de ne pas prévoir qu’un membre de l’Ordre protège ses affaires ou assure soigneusement ses arrières s’il décidait de faire face à un ennemi : si elle n’avait pas transplané alors qu’elle l’avait pu, c’était bien pour une raison. Il le comprit sûrement bien vite, alors que, baguette levée, elle le toisait d’un sourcil arqué, le regard impérieux l’inspectant avec attention. Il pouvait toujours sortir un tour de passe-passe de n’importe où (un peu comme elle l’avait fait elle-même), alors elle préférait largement se méfier. Il n’avait pas de baguette et son bras devait continuer de le lancer, en définitive, il n’avait sans doute plus rien à perdre - aussi conservait-elle une distance acceptable entre eux. Il tenait visiblement beaucoup à retrouver sa baguette ; elle sourit légèrement à cette idée : et dire qu’il y a à peine quelques minutes, il la raillait ouvertement parce qu’il l’avait désarmée. Il pouvait au moins partager sa peine (si ce n’est pire) à présent : belle ironie du sort, n’est-ce pas ? « C’est plus ou moins ça. Ta survie en tant que sorcier est accrochée à cette réponse, choisis intelligemment. » Elle s’en foutait de son programme, au fond, mais elle savait qu’il n’allait pas lui dresser une liste de ce qu’il avait pu manger ou boire : elle voulait savoir où il était, majoritairement. La réponse du jeune homme lui fit crisper la mâchoire, avant qu’un ricanement nerveux ne la prenne, elle tentait d’effacer l’agacement qui naissait en elle, et qui finirait par la rendre totalement imprévisible s’il continuait - heureusement pour lui, Sainte Mangouste n’était vraiment pas loin. « Tu devrais vraiment tenir un journal de tes soirées alors. Ta mémoire me semble limitée. » Railla-t-elle légèrement. Lentement à nouveau, elle l’inspecta, une lèvre frémissante sous l’agacement sifflant au fond de ses entrailles comme un vent froid ayant glissé sous sa peau. « Qui t’a envoyé à Azkaban ? » Ca se voyait qu’il y était allé - il était quelque peu rouillé, et complètement taré : les nerveux de la baguette atterrissaient souvent à Azkaban (ou des sorciers étaient changés en nerveux de la baguette par Azkaban) : son père étant un Auror en somme, elle avait appris à vite les reconnaître : le teint encore cireux, les joues marquées, ce regard vide, malgré les années qui passeraient, l’eau qui coulerait sous les ponts. Elle ne l’avait jamais vu jusque-là, lui, ni dans les archives de son père, ni dans les journaux. « Tu as dix secondes pour réfléchir plus posément sur ton programme du vingt-sept septembre. » Finit-elle par ajouter, l’indifférence baignant sa voix, quand bien même ses doigts s’étaient déjà resserrés autour de sa baguette - s’il fallait qu’en plus des chairs pourries et bouffées par les brûlures, il se retrouve avec la moitié des os brisés, ce ne serait pas son problème à elle.

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Généralement, Sage n’aimait pas particulièrement attarder ses conversations avec les Mangemorts (si tant est qu’elles puissent être considérées comme des discussions), aussi, elle aurait bien pris la poudre d’escampette depuis un moment déjà si elle avait dû se contenter de ramener ce qu’elle avait pris de Sainte Mangouste, à l’Ordre du Phénix. Il en était tout autre cependant dans les desseins qu’elle avait pour le reste de sa soirée, ainsi que pour sa survie dans cette guerre en général : s’il y avait bien une chose qui la faisait continuer, qui faisait même qu’elle était encore un membre de l’Ordre et non pas une sorcière faisant cavalier seul (ce qui lui éviterait quand même bien des ennuis), c’était sa détermination à trouver l’assassin de son père. Pour cela, elle avait non seulement besoin des ressources de l’Ordre, mais également de toute l’aide dont elle pourrait avoir besoin, parfois. Cela s’accompagnait forcément d’inconvénients, comme celui d’avoir à faire face au Mangemort le plus prévisible de cette planète : elle ne savait ni son nom, ni même quoique ce soit d’autre de lui ; peut-être bien que son visage lui était vaguement (très vaguement) familier, mais et alors ? Les identités de bien de ses ennemis lui avaient été révélées, et elle avait tant de fois mis le nez dans les affaires de son père qu’il aurait pu être président d’un pays, qu’elle ne l’aurait pas su : c’était un larbin de Voldemort et dans un monde en guerre comme celui dans lequel ils vivaient à présent, c’était tout ce qui importait. Mangemort et Ordre du Phénix, ainsi que les quelques sorciers qui gravitaient autour de ces noyaux-là : le passé ne devait avoir aucune importance, aussi, la sorcière rit-elle légèrement lorsqu’il lui sembla presque vexé qu’elle ne le reconnaisse pas. « Désolée, à la coupe du monde de Quidditch je supportais l’Irlande. Une chance pour moi, ils ont gagné. » Railla-t-elle un instant, avant de reprendre son sérieux. Les irlandais étaient généralement des êtres fiers, et il n’avait rien d’un irlandais, pas même l’accent. Ils n’étaient pas là pour s’échanger leurs biographies respectives de toute manière, et elle reprit son sérieux (un sérieux plus crispé qu’à l’habitude) alors qu’il ne faisait pas beaucoup d’efforts pour répondre à sa question. Vivement, donc, dans un geste de la baguette, un sortilège informulé s’écrasa contre la main du Mangemort, lui brisant sans doute une bonne partie des dizaines et dizaines d’os qui composaient celle-ci. Elle n’avait jamais été très douée en anatomie humaine (ça ne l’avait pas intéressée, de toute manière) mais ça devait faire assez mal - pas assez pour qu’il souffre vraiment (s’il était à Azkaban, il était habitué à pire) mais peut-être assez pour qu’il fasse plus d’effort avec son propre cerveau - promis, il ne ferait pas d’embolie à force de trop réfléchir. « Je vais essayer d’être plus claire alors. Tu réponds, et je m’en vais. Tu continues à faire durer cette (barbante mais agréable) rencontre, et tes collègues n’auront plus grand chose à faire pour punir ton imprudence. » Elle arqua un sourcil, serrant les mâchoires avant de lever à nouveau sa baguette devant elle. « Le vingt-sept septembre, un Auror a été tué. Je suppose que dans une liste de victimes, aussi longue soit-elle, ça se remarque particulièrement. » Il aurait été plus prudent sans doute de ne pas s’engager dans cette voie-là, au moins se contenter de faire son boulot pour l’Ordre et ne pas laisser le reste empiéter là-dessus, mais il en allait de la mémoire de son père, après tout.