(2.2) complications en vue ♦ tracey

Daley était entrain de terminer de régler une affaire avec des nés-moldus et des traîtres dans une maison éloignée dans les collines d'Angleterre quand il vit des étincelles dans les airs et en cherchant dans l'écho de la montagne, il distingua des éclats de voix. Curieux, plus qu'il n'aurait dû l'être en réalité mais poussé par une sorte de pulsion incontrôlable, il décida qu'il pouvait bien aller voir ce qu'il se passait. Et il ne fut pas déçu en voyant un groupe de rafleurs, ils étaient quatre à première vue, qui encerclaient une jeune femme à qui ils avaient dérobé la baguette et ils semblaient sur le point de la livrer. Daley s'approcha sans la moindre discrétion et ils se retournèrent, non sans que l'un d'eux garde la jeune femme dans son champ de vision pour être sûr qu'elle n'allait pas en profiter pour s'échapper. Les rafleurs ne faisaient pas le poids face aux mangemorts et quand Daley leur expliqua qu'il prenait la relève et qu'il s'assurerait en personne qu'ils obtiendraient la récompense donnée à ceux qui capturaient des traîtres, des nés-moldus ou des fugitifs, tout simplement, il réussit à récupérer la baguette de la brune et à se retrouver seul en face d'elle. Les négociations avaient été rapides, Daley n'était pas d'humeur et le bruit courrait qu'il devenait de plus en plus impitoyable, sans la moindre émotion et sans son cœur pour le guider, voilà quelques semaines déjà que ça durait. Il porta enfin son attention sur la jeune femme qui était toujours au sol et se mit à décrire des cercles autour d'elle, comme un prédateur l'aurait fait avec sa proie. Il l'avait reconnu depuis qu'il avait croisé son regard mais ne donnait pas vraiment l'impression de la connaître à cet instant et il devait se faire violence pour ne pas attaquer tout de suite. « Il me semble que cela fait quelques temps que je ne vous ai pas vu en cours mademoiselle Davis, vous auriez peut-être mieux fait d'y rester, vu que la fuite ne semble pas vous réussir. » Déclara-t-il d'un ton parfaitement neutre. Elle n'avait pas en face d'elle le professeur attentionné qu'il pouvait être mais le mangemort qu'il était la plupart du temps. Il lui faudrait apprendre à faire la différence avant d'ouvrir la bouche. Ce pourquoi il ajouta, en prenant soin de s'arrêter devant elle, la toisant de toute sa hauteur. « Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous à présent ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil, comme si elle allait lui donner une réponse qui pourrait lui plaire. Mais il savait déjà ce qu'elle pourrait répondre et l'ironie dans sa question laissait entendre qu'elle était parfaitement rhétorique mais qu'il s'amuserait fortement de ce qu’elle avait à lui dire.

« Laissez moi tranquille ! » m'écriai-je rageusement, tentant de me débattre. « Quatre contre un c'est du propre, vraiment ! » Les rafleurs éclatèrent du même rire gras, tandis que je tentais tant bien que mal de me dégager de leur poigne. « Tu n'iras nulle part ma jolie. » susurra un des hommes en me saisissant brutalement par le menton. Puis, il me relâcha tout aussi brusquement. Je perdis l'équilibre et je tombai sur les fesses. Ma baguette m'échappa et celui qui sembla être le chef du groupe la ramassa avant de l'examiner. Je serrai les dents. rends-moi ma baguette. D'habitude, je la détestais, j'avais même envisagé de m'en débarrasser à plus ou moins long-terme, cette baguette ne me causant que des ennuis. Mais en ce moment précis, elle me manquait, je me sentis soudain très nue sans. Et la voir entre les sales pattes de ce rafleur de pacotille me donnait la nausée. L'un d'entre eux me saisit sans douceur par le bras, pour me contraindre à me relever, mais il n'en eut pas le temps, un cinquième homme venait de les rejoindre. Il leur adressa quelques mots, et les prédateurs se dispersèrent, apparemment, l'homme avait de l'influence sur eux puisqu'il avait réussi à récupérer ma baguette et à les faire partir. Je serrai les poings, rageusement. « Professeur O'Donnell. » Evidemment. Qui cela pouvait-il être d'autre ? Il savait qui j'étais, et j'osais croire que c'était pour cette raison qu'il m'avait sauvée. Pouvais-je faire confiance à un Mangemort ? Il souligna alors mon absentéisme de ces dernières semaines, ce à quoi je lui répondis par un regard noir. De toute évidence, j'avais d'autres choses à penser depuis que mes parents...n'étaient plus là, et son fichu cours était loin d'être ma principale préoccupation. Cependant, lorsqu'il se demanda ce qu'on allait bien pouvoir faire de moi, mon sang se glaça. J'osai à peine lever le regard vers lui, lui qui semblait si terrifiant en cet instant précis. « Me rendre ma baguette et me laisser partir me paraît être une bonne idée. » murmurai-je enfin, dans un souffle, priant de toute mon âme pour que le Mangemort accepte ma requête.

« Professeur O'Donnell. » Daley pouvait presque sentir la frustration de Tracey et peut-être un peu de soulagement ? Peut-être espérait-elle qu'il l'épargne parce qu'il venait de laisser les rafleurs s'enfuir sans elle ? Mais Daley était loin de se sentir d'humeur à donner sa pitié à n'importe qui est certainement pas à une élève en fuite, bien au contraire. Il ne fit pas vraiment attention à son regard noir, parfaitement insensible à sa colère ou à la raison qui l'avait poussé à fuir loin de Poudlard alors qu'à sa connaissance, la jeune femme était de sang-mêlé et que ces derniers étaient toujours admis à Poudlard, à moins qu'il ait loupé un changement de règlement. Mais il en doutait. Il vit parfaitement la façon dont elle évitait son regard et il attendit sa réponse, plein d'impatience. « Me rendre ma baguette et me laisser partir me paraît être une bonne idée. » Il éclata de rire, parce qu'à ce stade, il ne pouvait pas faire autre chose et il finit par s’accroupir pour être à sa hauteur, un sourire immense sur les lèvres mais sans joie pour atteindre ses yeux pourtant. Il n'était pas réellement entrain de s'esclaffer, seulement de se moquer d'elle pour sa naïveté tellement bouleversante. Il pinça les lèvres dans une moue faussement désolée. « Non, ce n'est pas une option réellement envisageable. »[ Déclara-t-il sans la moindre pitié pour elle. Il rangea la baguette de la jeune femme dans sa cape avant de la regarder à nouveau et lui demander. « Ta place est à Poudlard et tu n'y es plus, je suppose que tu as une très bonne raison pour cela ? » Demanda-t-il, jouant avec sa propre baguette entre ses doigts, comme pour l'avertir qu'elle était entrain de se faire interroger et qu'il n'agissait pas par simple curiosité. Plus vite elle comprendrait qu'il voulait des réponses, plus vite il les obtiendrait et sans trop de souffrance pour elle. Il avait abandonné le ton formel qu'un professeur emploie envers son élève puisque maintenant, elle était sa proie, il se fichait des formalités. Il esquissa un sourire en coin pour l'inciter à parler, pas un sourire rassurant, loin de là.

La peur. Celle là, elle ne m'avait pas manquée. Pourtant elle était là, de retour, et elle venait de me prendre aux tripes. Les rafleurs avaient beau être partis, je ne me sentais pas en sécurité pour autant. J'étais désarmée, complètement à sa merci, et je détestais cette situation. De toute évidence, ma réponse ne lui convenait pas. Un frisson me dévala l'échine lorsqu'il éclata de rire. C'était un rire froid. Inhumain. Presque dément. Je luttais intérieurement pour ne pas avoir un mouvement de recul lorsqu'il s'accroupit pour être à ma hauteur. Je savais qu'il se nourrissait de la crainte qu'il pouvait m'inspirer, je ne voulais pas lui donner satisfaction en ayant l'air d'un agneau apeuré. En fait, il était comme tous les autres. Il me répugnait. Je soutenais néanmoins son regard. Pouvait-il y voir toute la haine et la colère que je ressentais envers lui, envers ses semblables ? J'espérais que oui. « Non, ce n'est pas une option réellement envisageable. » L'air sembla se raréfier dans mes poumons. Mon cœur cognait à tout rompre. Mon pouls s'accélérait imperceptiblement. J'avais peur, mais je tâchais de rester stoïque. Je ne voulais rien montrer. « Ta place est à Poudlard et tu n'y es plus, je suppose que tu as une très bonne raison pour cela ? » Je me crispai légèrement. Je n'avais aucune envie de parler des raisons qui m'avaient poussée à fuir Poudlard. En plus, j'étais persuadée qu'il était au courant et qu'il le faisait exprès pour appuyer là où ça faisait mal. Pourtant, je devais répondre. Vite et bien. « Mes parents sont morts. » lâchai-je finalement, à contrecoeur, faisant tout ce qui était en mon pouvoir pour ignorer le sursaut de douleur que leur simple évocation suffisait à provoquer. « Ils ont été tués. » La haine était là, en dessous, bien palpable. Ils ont été tués par un monstre comme lui. Il le savait. Il le faisait exprès. « Vous savez quel sort on réserve aux traîtres. » Ma voix, quoique légèrement tremblante vibrait d'une colère inassouvie. Injustice. « Je n'aurais pas été en sécurité si j'étais restée à Poudlard. Je n'y avais pas ma place. » Où était-elle donc, ma place ? Elle n'était certainement pas ici non plus.

« Mes parents sont morts. » Pendant quelques instants, il avait l'impression qu'elle ne lui répondrait pas et qu'il allait devoir la cuisiner un peu et il était presque déçu qu'elle ne lui en donne pas la possibilité. L'affirmation de la jeune femme ne lui fit aucun effet, comme si elle lui avait annoncé qu'elle avait simplement pris des vacances. Il avait perdu sa mère, il savait pourtant ce que cela faisait mais il n'arrivait pas à ressentir quoi que ce soit. « Ils ont été tués. » Si elle ne l'avait pas précisé, il aurait aisément pu le deviner, il se doutait qu'en ces temps obscurs, les accidents étaient plutôt rares, il fallait bien le dire. Alors sa précision ne le choqua pas plus qu'elle ne l'émut. Il resta à la regarder d'un air froid, souhaitant entendre le pourquoi cela l'empêchait de venir suivre des cours à Poudlard. Parce que pour lui, la mort de ses parents n'était guère une raison suffisante. « Vous savez quel sort on réserve aux traîtres. » En revanche, il afficha un sourire en coin à cette affirmation, comme s'il pouvait l'ignorer et lorsqu'il arqua un sourcil, c'était précisément la question silencieuse qu'il était entrain de poser. « Je n'aurais pas été en sécurité si j'étais restée à Poudlard. Je n'y avais pas ma place. » Elle semblait en avoir terminé de son explication et il resta à sa hauteur, l'air de se demander toujours si son explication lui convenait. « Et tu sais le sort qu'on réserve à ceux qui fuient ? Un sort bien moins enviable qu'à ceux qui se rendent. » Certains traîtres n'étaient pas tués, simplement enfermée à Askaban, il y avait également de nombreux nés-moldus là-bas, le bon vouloir du mangemort qui attrapait sa victime était le seul à décider comment elle finirait et Daley, faisant rouler sa baguette dans ses doigts, n'avait toujours pas décidé. « Tu affirmes donc que tu es une traîtresse et une fuyarde, tu comprends mieux pourquoi je ne peux pas simplement te laisser partir. » Il observait sa baguette en prononçant ses mots avant de détourner ses yeux vers la jeune femme, la transperçant de son regard. « Même si je me demande toujours ce que je vais bien pouvoir faire de toi. » Commenta-t-il à voix haute tout en l'observant avant d'ajouter. « Ça pourrait dépendre de ce que tu as à m'offrir en échange de ma clémence, des informations sur d'autres fuyards peut-être ? Tout ce qui peut te venir à l'esprit pourrait être utile. » Elle avait dû en rencontrer et c'était généralement les questions de base que les mangemorts posaient aux fuyards qu'ils rencontraient, toujours sur la piste de Harry Potter, il fallait bien qu'ils en sachent plus. Mais dans l'immédiat, c'était aussi et surtout un moyen de la faire languir quant à son sort.

« Et tu sais le sort qu'on réserve à ceux qui fuient ? Un sort bien moins enviable qu'à ceux qui se rendent. » Je ne voulais pas me rendre. Je déglutis faiblement, puis, toujours en toisant mon ancien professeur, je répondis courageusement : « Je préfère mourir libre plutôt que de mourir à genoux. » Autrement dit, je refusais de me soumettre, de m'asservir. Comment pouvait-il être fier d'être ce qu'il était, alors qu'il n'était ni plus ni moins qu'un esclave, un pion sur un grand échiquier que Voldemort modelait à sa guise ? « Tu affirmes donc que tu es une traîtresse et une fuyarde, tu comprends mieux pourquoi je ne peux pas simplement te laisser partir. » Je tressaillis. « Je n'ai rien affirmé de tel. » soutins-je avec aplomb. « Il se peut que dans tout ça, je ne sois qu'une victime collatérale. » Après tout, j'ignorais ce que trafiquait mon père, c'était un homme tellement secret dans le fond. Je ne savais rien du tout. Alors, pourquoi il me faisait subir tout ça ? « Même si je me demande toujours ce que je vais bien pouvoir faire de toi. » Je ne répondis rien, me contentant de garder le silence. Je n'étais plus capable de soutenir son regard, le mien se faisait fuyant. Il m'intimidait, de la même façon qu'il me dégoûtait. Petit à petit, je m'y résignais. Pour moi, l'histoire s'achevait ce soir. « Ça pourrait dépendre de ce que tu as à m'offrir en échange de ma clémence, des informations sur d'autres fuyards peut-être ? Tout ce qui peut te venir à l'esprit pourrait être utile. » Un frisson d'horreur me parcourut l'échine. Ma tempe palpita légèrement. « Je ne pense pas vous être utile. » répondis-je en toute honnêteté, alors que je me tendais davantage, redoutant ce qui allait suivre. « Je suis seule. » Et c'était vrai. Gwen avait partagé ma route pendant un moment, et je l'avais retrouvée il y a quelques semaines, mais nous avons été séparées une fois encore et je ne savais pas où elle était. Habituellement, je faisais cavalier seul dans mon périple, mais de toute manière, quand bien même j'aurais été au courant de quoi que ce fut, il était tout simplement hors de question que je le lui dise.

« Je préfère mourir libre plutôt que de mourir à genoux. » Il ne marqua qu'une faible pause avant de répondre, véritablement intrigué. « Qui a parlé de mourir ? Il y a des sorts tellement, tellement pires que celui de mourir, la mort, c'est une libération. » Et il était très proche de la vérité puisque les mangemorts n'étaient pas réputés pour offrir des fleurs et pour amener à manger à leurs victimes dans leurs cellules. Il savait donc qu'il avait raison et face à la douleur, peu de personnes étaient capables de rester debout, une personne consciente de cela pouvait alors avoir peur de mourir à genoux. Dans la seconde qui suivit, elle se mit à nier ce qu'elle venait pourtant d'affirmer quelques instants plus tôt et il arqua un sourcil, intéressé. Elle venait de le lui dire pourtant, à moins qu'il ne soit victime d'hallucinations auditives. « Pourquoi craindre de revenir à Poudlard dans ce cas ? Si tu n'as rien à te reprocher et si tu n'es qu'une victime, pourquoi as-tu pensé que ta place n'était plus à l'école ? » Elle avait délibérément fui alors que son sang n'était pas celui d'un né-moldu, à moins qu'elle l'ait très bien caché, ainsi, il ne comprenait pas sa réaction. Et il voulait savoir ce qu'elle pensait de tout cela, l'interroger était assez intéressant, elle se montrait fort accommodante. Il sentit son regard fuyant et l'excitation glissa dans ses veines, parce qu'il aimait ce sentiment de puissance qu'il avait dès lors l'impression de posséder. Il ne chercha pas à croiser son regard, la laissant fuir le sien sans rien dire pendant quelques instants mais il savait les sentiments qu'il lui inspirait. « Je ne pense pas vous être utile. » Il resta silencieux jusqu'à ce qu'elle ajoute. « Je suis seule. » Irrité, il tendit la main qui tenait sa baguette et s'en servit pour lui appuyer contre la jour, la forçant à tourner la tête en appuyant le bout contre sa peau. Il croisa son regard qui indiquait clairement qu'il n'aurait pas envie de jouer pendant l'heure qui suivrait. « Et tu crois que ce n'est pas ce que j'entends à tout bout de champ ? Vous êtes tous seuls, comme c'est pratique ! Mais vous vous croisez, ne me prends pas pour un imbécile ! » Il savait qu'un fuyard finissait toujours par en rencontrer un qui en rencontrait un autre, comment croyait-elle qu'ils finissaient par en attraper ? Ils n'étaient pas toujours inefficaces et ils étaient parfois bien plus malins que ces gosses le croyaient.

« Qui a parlé de mourir ? Il y a des sorts tellement, tellement pires que celui de mourir, la mort, c'est une libération. » J'étais d'accord. Cette fois-là, je n'étais pas en mesure de contredire. J'avais déjà goûté aux doloris. Je savais ce que c'était. C'était atroce, tellement atroce que tout ce que l'on voulait, c'était mourir. Je ne répondis rien, me contentant de détourner une nouvelle fois le regard. De toute manière, l'instant n'était pas propice pour se lancer dans une petite discussion philosophique sur la mort et la douleur. « Pourquoi craindre de revenir à Poudlard dans ce cas ? Si tu n'as rien à te reprocher et si tu n'es qu'une victime, pourquoi as-tu pensé que ta place n'était plus à l'école ? » Je me fis violence pour ne pas lever les yeux au ciel. Dans une telle situation, lui manquer de respect serait tout bonnement suicidaire. « Je pensais que vous saviez pourtant. » commençai-je, sans le regarder en face pour autant. « Vous m'aviez tirée d'un mauvais pas, une fois. Vous savez que j'étais persécutée. Si j'étais retournée à Poudlard, la situation se serait déteriorée. Tout le monde, à l'heure actuelle doit savoir ce qui s'est passé. Ils ne m'auraient pas fait de cadeau. » Il ne me laissa pas tranquille pour autant. Ma réponse suivante n'avait pas l'air de lui plaire, puisqu'à présent, il me tenait en joue, je pouvais sentir la baguette s'enfoncer dans ma peau. Mon regard craintif croisa le sien. Je ne voulais plus le regarder. « Et tu crois que ce n'est pas ce que j'entends à tout bout de champ ? Vous êtes tous seuls, comme c'est pratique ! Mais vous vous croisez, ne me prends pas pour un imbécile ! » Je me mis à trembler face à son brusque accès de colère. « C'est la vérité pourtant. » insistai-je, sentant la panique m'envahir par paliers successifs. « Le but du jeu n'est-il pas de se cacher ? . Moins il y a de probabilités pour que les gens nous reconnaissent et mieux c'est, je suppose que c'est aussi valable pour vous ? » Je faisais peut-être une erreur en le prenant directement à parti, peut-être même que j'allais le mettre en colère, mais moi, j'étais en colère qu'il ne me croyait pas. Je n'allais quand même pas devoir inventer pour sauver ma peau, non ?

A son absence de réaction, il fut ravi de constater qu'ils pouvaient tomber d'accord sur un point et il espérait qu'elle se souviendrait de ce point précis un peu plus tard, lorsqu'il commencerait à réellement l'interroger sur ce qui lui passait par la tête. Il préférait, tout comme elle, se concentrer sur le but de tout ceci, son absence au château et sa présence en ces lieux. « Je pensais que vous saviez pourtant. » Il attendit qu'elle poursuive, impassible. « Vous m'aviez tirée d'un mauvais pas, une fois. Vous savez que j'étais persécutée. Si j'étais retournée à Poudlard, la situation se serait déteriorée. Tout le monde, à l'heure actuelle doit savoir ce qui s'est passé. Ils ne m'auraient pas fait de cadeau. » Il arqua un sourcil avant de penser au mauvais pas dont elle parlait. Oui, il l'avait fait à l'époque où elle était à Poudlard, à l'époque ou le sort des élèves l'importait encore assez pour qu'il le fasse mais aujourd'hui, il y était beaucoup moins enclin. « Si tous les élèves persécutés par leurs camarades avaient la lâcheté de quitter le château, il ne resterait plus grand monde à Poudlard. » Attaqua-t-il sans la moindre pitié. Elle était de serpentard après tout, cela ne le surprenait pas et pourtant, il avait constaté son intelligence. Elle n'avait rien à se reprocher, subir les quelques foudres dont elle était la victime était bien peu, elle n'avait rien à craindre de lui ou des autres mangemorts alors qu'aujourd'hui... « Mais si tu préfères être traquée par les mangemorts qu'être persécutée, c'est le choix que tu as fait après tout. » Il ne comprenait pas son raisonnement mais il n'était pas vraiment là pour jouer les fins psychologues. Du bout de sa baguette, une fois que cette dernière entra en contact avec sa peau, il la sentit trembler et il sourit en coin, ravi. « C'est la vérité pourtant. » Tiens donc, il leva les yeux au ciel. « Le but du jeu n'est-il pas de se cacher ? . Moins il y a de probabilités pour que les gens nous reconnaissent et mieux c'est, je suppose que c'est aussi valable pour vous ? » Il arqua un sourcil. « Si je devais gagner une noise à chaque fois que l'un de vous me sort un argument pareil, je pourrais me passer de mon job à Poudlard pour les dix prochaines années ! » Il s'approcha un peu plus, pour représenter une réelle menace pour elle, parce qu'il voulait qu'elle sente qu'il en était une à l'heure actuelle. Sans lâcher son regard ni son visage qu'il appuyait contre sa baguette, il ajouta. « Tu préfères qu'on en termine maintenant ? Que je te conduise dans un repère de mangemorts pour qu'on s'amuse tous ensemble ? » Il se releva brusquement et s'attendait presque à ce qu'elle fasse de même, comme s'il clôturait la conversation, uniquement pour l'inciter à parler.

« Si tous les élèves persécutés par leurs camarades avaient la lâcheté de quitter le château, il ne resterait plus grand monde à Poudlard. » J'encaissai le reproche sans sourciller. Il était vrai que fuir était faire preuve de lâcheté, mais Daley O'Donnell se trompait sur un point. Des victimes, il n'y en avait pas tant que ça. Il ne savait pas ce que c'était d'être une fille de sang mêlé à Serpentard, là où ils étaient plus regardants sur la pureté du sang que dans les autres maisons. Mais soit. Qu'il se complaise donc dans sa pensée selon laquelle je n'étais qu'une lâche. Moi, je savais ce que je valais. C'était tout ce qui comptait. « Mais si tu préfères être traquée par les mangemorts qu'être persécutée, c'est le choix que tu as fait après tout. » C'était même pas dans mes plans à dire vrai. En fait, quand je suis partie, je comptais tout simplement me planquer jusqu'à la fin de la guerre. Me laisser choir quelque part, et ne plus en bouger jusqu'à ce que la situation se tasse. Je ne voulais pas me battre, je n'étais pas taillée pour ça. La preuve, je m'étais fait capturer par des rafleurs. Même si cela dit, mon argument ne semblait pas le convaincre. « Si je devais gagner une noise à chaque fois que l'un de vous me sort un argument pareil, je pourrais me passer de mon job à Poudlard pour les dix prochaines années ! » Je pinçais les lèvres. Je dus puiser dans tout mon courage pour pouvoir continuer à le regarder sans fléchir. Ma respiration était saccadée, erratique. Mais je ne pleurais pas. Pas encore en tout cas. « Tu préfères qu'on en termine maintenant ? Que je te conduise dans un repère de mangemorts pour qu'on s'amuse tous ensemble ? » Je frissonnai de dégoût à ces paroles. J'imaginais sans peine ce qui pouvait se passer là bas. J'étais une jeune fille. J'étais fragile et vulnérable. Ils étaient des monstres. « Laissez moi partir. » murmurai-je doucement, la voix vacillante, sentant le malaise s'insinuer doucement en moi. « Ou tuez moi si vous voulez, peu importe. mais ne me livrez pas aux autres. » je n'en ai plus rien à faire. Si c'était ça vivre, alors la vie, je n'en voulais plus. Finalement, je ne m'étais pas relevée. J'étais toujours par terre, légèrement prostrée, la tête baissée. J'étais à sa merci.

Daley avait des capacités extraordinaires quand il s'agissait de se détacher de tout événement et malgré toute l'appréciation qu'il avait eu pour Tracey à Poudlard, il était capable, en cet instant, de la regarder aussi froidement qu'une proie qu'il aurait détesté des années durant. Il se fichait de son sort et il se fichait complètement de mettre fin à sa vie, il n'en dormirait pas moins bien ce soir, au contraire, il se pourrait même que cela le soulage pour la soirée. Il la regardait tandis qu'elle observait un silence religieux jusqu'à ce qu'il se redresse avec impatience. « Laissez moi partir. » Daley eut un reniflement méprisant, il n'aimait pas vraiment se répéter et il se souvenait lui avoir déjà dit que cette option n'était pas envisageable, ce pourquoi sa seule réponse fut celle qu'il venait de lui fournir. Elle était bien naïve de croire que murmurer plutôt que hurler allait lui sauver la mise. « Ou tuez moi si vous voulez, peu importe. mais ne me livrez pas aux autres. » Il arqua un sourcil, voilà qui était déjà plus intéressant. Il la regarda, toujours à terre, la tête baissée et ne put s'en empêcher. « Je croyais que tu préférais mourir debout ? » Demanda-t-il, plein de mépris pour elle et sa façon de se comporter. Il finit par ajouter, toujours aussi impitoyable. « La dernière fois que je t'ai sauvé la mise, tu as défendu bec et ongles que tu étais une grande fille et que tu pouvais te battre toute seule et tu acceptes la mort sans même te défendre ? » Son comportement le laissait perplexe. Il ne se gênait jamais pour tuer quelqu'un à terre, ce n'était pas ce qui le gênait, là tout de suite, en revanche, il était médusé qu'elle ait perdu sa combativité. « Mais ce n'est pas la mort que j'ai envie de t'accorder, je te l'ai dit, la mort est une délivrance et tu ne me donnes aucune raison, pas la moindre, de ne pas faire exactement ce que j'ai envie de faire ! » Qu'elle se batte bon sang, il avait envie de goûter la hargne qu'elle possédait et ne pas regarder une poupée de chiffon brisée au sol, il détestait cette vision, même si ce n'était pas parce qu'elle l'attendrissait mais parce qu'elle n'était pas celle qu'il avait connu et cela l'agaçait.

« Je croyais que tu préférais mourir debout ? » Bien sûr qu'il n'allait pas me donner ce que je voulais. Ce serait trop facile sinon. Comme un chat, il allait jouer avec sa proie avant de la tuer. Me faire espérer avant de sous-entendre que je n'étais rien, qu'il n'y avait aucune issue possible. « La dernière fois que je t'ai sauvé la mise, tu as défendu bec et ongles que tu étais une grande fille et que tu pouvais te battre toute seule et tu acceptes la mort sans même te défendre ? » Je tiquai. Là encore, je subissais les conséquences de ma mauvaise foi. Pourtant, la situation avait changé, des mois, voire des années s'étaient écoulées depuis cet épisode là. Entre temps, il y avait eu la guerre et j'avais tout perdu. Je n'avais même plus la foi de me battre. Encore moins quand je savais que quoique je fasse, l'issue sera forcément fatale. « Mais ce n'est pas la mort que j'ai envie de t'accorder, je te l'ai dit, la mort est une délivrance et tu ne me donnes aucune raison, pas la moindre, de ne pas faire exactement ce que j'ai envie de faire ! » Je tressaillis, encore une fois. Quel sort m'avait-il réservé ? Il avait réussi à titiller ma curiosité, mais d'un autre côté, je n'avais pas envie de savoir. « Quoique vous puissiez me faire je ne le mérite pas. » dis-je à voix basse, le regard toujours fuyant. « je ne pense pas avoir commis un quelconque crime qui puisse justifier un tel châtiment. » Je n'avais trahi personne. Je n'avais tué personne. Je ne savais rien. Je ne savais même pas pourquoi mes parents avaient été assassinés. Tout m'était tombée dessus d'un seul coup, d'un seul. La seule erreur que j'avais pu commettre, à la rigueur, c'était d'être dans le bon camp, celui du bien, celui qui allait ramener la paix dans le monde magique. Je me souvins alors ce que j'avais dit une fois à Joshua, et qui était valable pour moi également. « Les enfants n'ont pas à subir les fautes de leurs parents. » Sans doute allait-il me rire au nez, je m'y attendais presque dans le fond. Mais le fait été là. Daley le savait forcément, il m'avait eue comme élève. J'étais plutôt discrète, je n'avais rien d'un gosse à problèmes, je n'avais presque jamais transgressé le règlement de toute ma scolarité, le pire que j'ai pu faire était sans doute de fumer à l'intérieur de l'école et rien de plus.

Daley ne savait pas réellement ce qu'il avait l'intention de faire, il ne savait même pas s'il avait envie de faire quelque chose. S'il avait eu envie de livrer Tracey aux mangemorts, il n'aurait pas pris la peine de faire fuir les rafleurs et les aurait laissé finir leur travail en observant la scène de loin, sans aucun état d'âme. Mais elle était visiblement trop terrifiée pour avoir ce genre de réflexion et de logique. « Quoique vous puissiez me faire je ne le mérite pas. » Il leva légèrement les yeux au ciel, l'air pensif. Non, elle ne méritait pas le sort qu'il pouvait lui réserver, quel qu'il soit. Il se demandait toujours ce qu'elle faisait en dehors de Poudlard puisque ses réponses de l'avaient pas convaincu le moins du monde. « je ne pense pas avoir commis un quelconque crime qui puisse justifier un tel châtiment. » Elle semblait parfaitement sincère et convaincue qu'elle n'était qu'une victime dans toute cette histoire et il était presque disposé à la croire, à un détail près. Pourtant, il restait silencieux, la laissant poursuivre. « Les enfants n'ont pas à subir les fautes de leurs parents. » Ironique, quand il savait qu'il payait tous les jours pour le mensonge de sa mère sur son lignage. Son père avait aimé cette femme qui l'avait trahi et il en avait subi les conséquences. Mais Tracey ne pouvait pas le savoir. Il eut un sourire presque indulgent avant d'ordonner. « Lèves toi, je n'ai pas encore décidé de te tuer ou de te torturer jusqu'à ce que tes genoux ne te portent plus alors lève toi. » Il ne savait pas pourquoi il y tenait mais il voulait la voir debout, forte et fière et pas renonçant à la vie comme elle était entrain de le faire. « Tu es disposée à retourner à Poudlard ? La seule raison qui fait de toi une fugitive est ton absence là où tu devrais être. Je te l'ai dit, tu as pris ta décision, celle de fuir. » Et il avait l'intention de lui faire regretter, même s'il n'agissait toujours pas. « Peut-être que tu ne mérites pas d'être traitée ainsi mais peut-être que je suis de mauvaise humeur et que tu tombes vraiment très mal. » Il voulait lui faire peur, encore et toujours mais il ne faisait toujours rien, l'attente, il la voulait folle d'attendre son châtiment.

Sagement, j'attendais le verdict. L'irascible professeur de forces du mal semblait s'être calmé. Tant mieux. Même si j'avais l'impression que c'était le calme avant la tempête. L'oeil du cyclone. Je n'osais toujours pas le regarder. Tant qu'il n'était pas dans mon champ de vision, je pouvais encore l'occulter, faire comme s'il n'existait pas mais je ne pouvais pas ignorer ses mots aussi tranchants que des lames de poignard. « Lèves toi, je n'ai pas encore décidé de te tuer ou de te torturer jusqu'à ce que tes genoux ne te portent plus alors lève toi. » Je tressaillis plus violemment que tout à l'heure. Ma tempe tiqua. Il n'avait pas décidé. J'étais en sursis, oui mais pour combien de temps ? Alors, j'obéis. Je n'avais pas le choix. Je n'étais pas certaine que mes jambes puissent encore me porter, mais qu'importe, je me levai. « Tu es disposée à retourner à Poudlard ? La seule raison qui fait de toi une fugitive est ton absence là où tu devrais être. Je te l'ai dit, tu as pris ta décision, celle de fuir. Peut-être que tu ne mérites pas d'être traitée ainsi mais peut-être que je suis de mauvaise humeur et que tu tombes vraiment très mal. » Je levai finalement le regard vers mon ancien professeur. Il était de mauvaise humeur ? Vraiment ? Moi aussi, et pourtant, je n'avais pas envie de tuer tout ce qui bouge. Il devrait apprendre à se contrôler, des fois. « Non. » finis-je par murmurer, en réponse à sa question. « NON. » répétais-je plus fort, pour m'assurer qu'il avait bien entendu. « Je ne retournerai pas là bas. » Je ne retournerai pas en prison. Je ne retournerai pas chez les Carrow, parce qu'ils me feront payer ma fuite. Je n'abdiquerai pas. « Vous le savez. » dis-je finalement, essuyant mes mains moites sur mon jean. « Vous savez combien je suis entêtée, n'est-ce pas ? Au point d'avoir toujours refusé votre aide parce que je n'en avais pas besoin. » Je ne savais pas si je faisais bien de lui rappeler ce fait. Peut-être que je jouais avec le feu. Mais j'avais repris du poil de la bête, un semblant de superbe. « Je ne reviendrai pas sur ma décision. » il ne pouvait pas me forcer. Il ne pouvait pas me soumettre à sa volonté. Il ne pouvait pas.

En la voyant se lever, il eut un sourire en coin, pas parce qu'il était content, plutôt parce qu'il était pleinement satisfait qu'elle lui obéisse et parce qu'elle semblait comprendre que sa vie reposait entre ses mains et que cette pause était le moment idéal pour ne pas se rebeller contre lui à cet instant. Et ses remarques eurent au moins le mérite de lui faire lever les yeux vers lui, elle murmura d'abord avant de parler plus franchement, d'affirmer plus fort qu'elle ne retournerait pas à Poudlard et il la regarda, sans trop savoir ce qu'il allait pouvoir faire d'elle. « Vous savez combien je suis entêtée, n'est-ce pas ? Au point d'avoir toujours refusé votre aide parce que je n'en avais pas besoin. » Elle se rebiffait enfin et il exalait de la voir faire, son sadisme s'appuyait sur cela. Même s'il aurait aussi aimé la voir mourir de peur, il était satisfait de voir qu'elle se sentait assez forte pour lui tenir tête. « Je ne reviendrai pas sur ma décision. » Il s'approcha d'elle, un pas, puis un second et s'arrêta tout près d'elle sans pour autant envahir un espace de sécurité pour tenir sa baguette hors de portée et celle de la jeune femme aussi. Il plongea son regard dans le sien. « Alors qu'est-ce que tu comptes faire ? Te planquer jusqu'à ce qu'un autre t'attrape, si je te libère maintenant, dis-moi ce que tu comptes faire. » Il en parlait comme si c'était réellement envisageable mais ça ne l'était pas, n'est-ce pas ? Il continuait impitoyablement de scanner son regard du sien. « Tu ne vas pas t'engager, tu ne vas pas avoir ce besoin absolu d'aider, de te comporter comme une parfaite petite héroïne ? Tu vas attendre que ça passe mais si la guerre ne se termine pas ? Tu seras une fugitive pour le restant de tes jours. Es-tu sûre que ta décision est la bonne à prendre ? » Il était curieux de connaître sa réponse de savoir ce qu'elle avait vraiment l'intention de faire à cet instant, si jamais il aurait la folie de la laisser s'en aller à cet instant, même s'il n'y pensait absolument pas, il voulait savoir.

Je ne bougeai pas d'un iota lorsqu'il s'approcha de moi. Je n'eus même pas un mouvement de recul. Je sentais le courage revenir. Je pouvais le faire. « Alors qu'est-ce que tu comptes faire ? Te planquer jusqu'à ce qu'un autre t'attrape, si je te libère maintenant, dis-moi ce que tu comptes faire. » Cela faisait malheureusement partie des questions qui restaient sans réponse. Cela faisait des jours que je me demandais ce que j'allais faire demain. J'avais pourtant l'habitude de tout planifier. Alors, je gardai le silence. Je n'avais pas non plus l'intention de rester captive jusqu'à la fin de mes jours, qu'on se le dise. « Tu ne vas pas t'engager, tu ne vas pas avoir ce besoin absolu d'aider, de te comporter comme une parfaite petite héroïne ? Tu vas attendre que ça passe mais si la guerre ne se termine pas ? Tu seras une fugitive pour le restant de tes jours. Es-tu sûre que ta décision est la bonne à prendre ? » J'avais un but, il était vrai. Mais le comprendrait-il ? Tant pis, je devais me lancer. C'était à prendre ou à laisser de toute manière. Toute la haine, toute la détresse, toute la rnacoeur que j'avais accumulées ces dernières semaines me revenaient en pleine face. Je tremblai légèrement, avant de planter mon regard dans le sien. « Mes parents sont morts, au cas où vous n'auriez pas imprimé. » répondis-je durement. « J'ai besoin de retrouver l'ordure qui les a éliminés. Je n'agis que dans mon intérêt. » Mes désirs de vendetta lui paraîtront sans doute dérisoires, mais à mon sens c'était naturel. Retrouver le meurtrier de mes parents était mon seul désir, ma seule motivation. « Vouloir retrouver leurs assassins, même s'il s'agit de Mangemorts, et vouloir en découdre ne fait pas de moi une résistante, ou que sais-je du même genre. Comme je vous l'ai déjà dit, je suis seule, partant de là j'agis seule. » Je n'avais pas besoin que quelqu'un m'accompagne dans ma quête de toute façon. C'était ma vengeance, elle m'appartenait. Il était hors de question que quelqu'un le fasse à ma place.

« Mes parents sont morts, au cas où vous n'auriez pas imprimé. » La voix le hérissa, il fronça légèrement les sourcils en sentant sa hargne et sa colère mais ne l'acceptaient pas, il ne voulait pas qu'elle se fâche ni qu'elle l'insulte mais il l'avait visiblement requinqué. « J'ai besoin de retrouver l'ordure qui les a éliminés. Je n'agis que dans mon intérêt. » Il arqua un sourcil vaguement familier avec ce désir de vengeance qui l'obsédait, il ne savait trop bien que ce qu'elle ressentait, lui-même n'aspirait depuis quelques temps qu'à en découdre avec celui qui avait tué son meilleur ami et il n'allait pas se gêner pour lui arracher tout ce qu'il pouvait lui arracher, et il ne pensait pas qu'à des informations. « Vouloir retrouver leurs assassins, même s'il s'agit de Mangemort, et vouloir en découdre ne fait pas de moi une résistante, ou que sais-je du même genre. Comme je vous l'ai déjà dit, je suis seule, partant de là j'agis seule. » Il hocha légèrement la tête, il la comprenait. « Et tu comptes faire ça toute seule comme une grande ? Armée de ta petite baguette et du haut de tes dix-sept ans, sans savoir si l'assassin de tes parents a deux ou trois fois ton âge ? » Il était encore une fois curieux de sa réponse. Il eut ensuite un regard pour le sol où elle était encore assise il y avait quelques secondes. « Mais je te rappelle que tu étais prête à mourir en laissant dans la nature et en parfaite liberté la personne qui les a froidement assassiné. S'il s'est contenté de les assassiner bien sûr ! Ce qui m'étonnerait, si tu veux mon avis. » Ajouta-t-il, parfaitement impitoyable, il voulait l'enrager à présent, il ne savait même plus ce qu'il voulait qu'elle fasse tant ses sautes d'humeur lui donnaient le tournis.

Il ne m'en pensait pas capable. Cela se voyait, cela se sentait. En même temps, comment la gamine que j'étais pouvait-elle venir à bout de Mangemorts bien plus puissants qu'elle alors que je n'avais même pas été fichue de tenir tête aux rafleurs tout à l'heure ? J'étais nulle en duels, ce n'était pas nouveau, partant de là je n'avais aucune chance de m'en sortir vivante. J'éprouvais un profond ressentiment envers tous les salauds de son espèce, qui prenaient des vies sans même sourciller. Je n'avais bien évidemment jamais fait de mal à une mouche, mais ça, il n'était pas obligé de le savoir, même s'il devait s'en douter : après tout, ce n'était pas à un vieux singe que l'on apprend à faire la grimace. « Et tu comptes faire ça toute seule comme une grande ? Armée de ta petite baguette et du haut de tes dix-sept ans, sans savoir si l'assassin de tes parents a deux ou trois fois ton âge ? » « Je viens d'avoir dix-huit ans. » rectifiai-je du tac-au-tac, détestant qu'on me prenne pour une petite fille. « Je pense que vous savez comme moi ce qu'on est capables de faire lorsque l'on est motivés par la haine. » Il avait dû ressentir ces sentiments au moins une fois dans sa vie, sinon, comment avait-il pu rejoindre le mal ? À mon sens, il n'y avait pas d'autre raison susceptible de justifier un tel choix. « Mais je te rappelle que tu étais prête à mourir en laissant dans la nature et en parfaite liberté la personne qui les a froidement assassiné. S'il s'est contenté de les assassiner bien sûr ! Ce qui m'étonnerait, si tu veux mon avis. » Je serrai les dents lorsqu'ils sous-entendit que mes parents n'avaient sûrement pas été que assassinés. « Vous pensez vraiment que je l'ignore ? » m'écriai-je, tentant de maîtriser tant bien que mal ma colère naissante alors que ma voix montait légèrement dans les aigus. « C'est moi qui ai trouvé leurs corps quand je suis revenue à la maison. Ils se sont fait plaisir on dirait. Rien que pour ça, ils méritent d'aller brûler en enfer. » Je dardai sur mon ancien professeur mes prunelles furibondes, enrageant de savoir qu'il était aussi un des leurs et que je ne pouvais rien faire. « Alors avec tout le respect que je vous dois, allez vous faire voir, professeur. » J'aggravais mon cas, très probablement. Mais cela m'importait peu, parce qu'il avait touché la corde sensible, c'était comme s'il avait versé du sel sur la plaie encore béante. J'avais mal, encore.

« Je viens d'avoir dix-huit ans. » Daley grogna, méprisant devant cette affirmation qui ne faisait absolument pas de différence pour lui. Il n'était pas assez âgé pour affirmer avoir tout vu ou tout fait mais à l'âge de Tracey, il apprenait encore tellement de choses sur la vie et la magie que sa tête menaçait d'exploser sans cesse et elle affirmait être à la hauteur pour se mesurer à des mangemorts. « Je pense que vous savez comme moi ce qu'on est capables de faire lorsque l'on est motivés par la haine. » Il eut un sourire en coin, toujours aussi méprisable que le reste de ses expressions, il se moquait d'elle et ne s'en cachait même pas. « Tu crois que cela te donne le pouvoir et la puissance des mangemorts ? Tu crois que cela t'apporte leur sadisme et leur cruauté ? Tu te crois capable de tout, de n'importe quoi et surtout tu crois pouvoir faire face à des sorciers entraînés ? Ce n'est pas des actes motivés par la haine, ce sont des actes suicidaires. » Répondit-il, sans la moindre pitié, comme depuis le début de cet entretien, il ne lui faisait aucun cadeau, il n'en avait pas envie. Il l'avait souligné, il était de mauvaise humeur, elle n'avait qu'à bien se tenir. Et il savait qu'il parvenait à la toucher, à faire en sorte qu'elle sorte doucement de ses gonds et elle lui confia que c'était elle qui avait trouvé ses parents morts chez eux. L'information lui fit pencher la tête sur le côté, intrigué par la tournure que prenait la conversation. Elle était définitivement en rogne et encore en plein deuil. « Alors avec tout le respect que je vous dois, allez vous faire voir, professeur. » Il eut un rictus avant de l'attraper par la nuque, violemment, sans la moindre douceur et sans intention de la ménager. Il la fit reculer jusqu'à ce que son dos heurte l'arbre le plus proche derrière elle et sans pour autant approcher son corps du sien, il approcha son visage, les traits déformés par le méprit. « Qu'est-ce que je disais ? Suicidaire ! Tu n'es pas motivée par la haine, tu es encore emplie de tristesse, une peine qui donne aux gens comme moi envie de vomir. Tu te feras tuée à la moindre occasion parce que ta douleur sera ta pire ennemie au moment voulue et que ta colère finira par t'aveugler. Tu veux te mesurer aux grandes personnes ? Libères toi, libères toi de moi tout de suite, prends moi ma baguette, montres-moi de quoi tu es capable, envoies-moi brûler en enfer ! » La défia-t-il, un rictus abominable au bord des lèvres, il ne lui laissait aucune chance. Il avait déjà bloqué ses deux bras dans la poigne serrée de sa main et il avait approché ses jambes pour l'empêcher de bouger les siennes. Il la bloquait, plantant sa baguette dans la peau de son cou et il se tenait à distance de ses dents, parce qu'il savait qu'elles pouvaient faire des dégâts. Elle n'avait aucune chance de se libérer et il ne lui en laissait aucune, il voulait juste la sentir tenter.

Il commençait à grogner. C'était le signe que la bête commençait à se réveiller. Je savais que j'allais trop loin, et il avait eu ce qu'il voulait : me mettre en rogne. Me faire dire l'indicible pour avoir des tas de griefs à mon encontre, pour avoir une excuse de m'assassiner sauvagement sans aucun remords. « Tu crois que cela te donne le pouvoir et la puissance des mangemorts ?[...] Ce n'est pas des actes motivés par la haine, ce sont des actes suicidaires. » Contrairement à lui, moi je n'avais pas de sang sur les mains. Je n'avais pas ce besoin de tout détruire autour de moi. Pourtant, ces jours-ci, ma raison se noyait dans un flot de colère et de ressentiment. Je laissai échapper un léger couinement terrifié, soudainement effrayée par son brusque accès de colère. C'était certes se croire tout droit sortie de la cuisse de Jupiter que de prétendre être à leur hauteur, mais pour moi, ils n'étaient pas meilleurs que d'autres, c'était même tout le contraire, ils représentaient la pourriture de ce monde. Apparemment, mon insolence ne lui plaisait pas puisqu'il venait de m'attraper par la nuque. Je n'eus pas le temps de faire quoi que ce soit qu'il m'avait déjà violemment plaquée contre l'arbre le plus proche. J'eus le souffle coupé sous l'effet du choc. Je ne pus m'empêcher d'esquisser une grimace de douleur. Je fermai les yeux pour ne pas voir son visage déformé par la rage et le dégoût. Je ne voulais pas voir la démence au fond de ses yeux. « Qu'est-ce que je disais ? Suicidaire ! [...] Libères toi, libères toi de moi tout de suite, prends moi ma baguette, montres-moi de quoi tu es capable, envoies-moi brûler en enfer ! » Je n'avais aucune chance contre lui. J'avais les larmes aux yeux à cause de la douleur, physique, cette fois-ci. J'étais prisonnière, je n'avais plus aucune liberté de mouvement. En tout désespoir de cause, j'essayai de le repousser, rien que pour ne plus avoir l'impression qu'il pouvait me réduire en bouillie avec sa poigne. Je laissai échapper un long gémissement de douleur lorsque cette dernière devint insupportable. « S'il vous plaît. » parvins-je à articuler au prix d'un terrible effort, dans un filet de voix, même si je savais pertinemment que l'implorer ne servirait à rien, sinon, à asseoir son emprise sur moi.

L'envie qu'il avait de lui faire prendre conscience qu'elle ne faisait pas le poids face à toute cette histoire était plus forte que tout et qu'un quelconque raisonnement moral qui pourrait lui souffler que plaquer une jeune femme contre un tronc d'arbre sans manœuvre de mouvement était assez cruel. Il n'écoutait rien ni personne et surtout pas sa fichue conscience. Il savait qu'il lui faisait mal, il le voyait à sa manière de grimacer et de retenir ses gémissements de douleur, à la contraction de son corps contre le sien et il s'en délectait. Il sentit qu'elle tentait de le repousser mais il ne relâcha pas un instant sa prise et sa poigne, il n'avait pas l'intention de la voir s'échapper. Il voyait les larmes perler au bord de ses yeux mais cela n'atteignait pas sa conscience ou sa compassion, elle s'enfonçait au contraire dans le gouffre de son indifférence. Il sourit lorsqu'elle laissa échapper un gémissement sous la douleur que lui imposait son corps et il vit qu'elle faisait des efforts pour se débattre, mais il s'en fichait. « S'il vous plaît. » Elle le suppliait, Merlin qu'il détestait ça. Sans réellement le réaliser, il resserra sa poigne autour de ses poignets et se rapprocha davantage, comme s'il nourrissait le projet incroyable de la faire entrer dans le tronc de l'arbre. « Où est passé ta combativité Tracey ? Ta haine qui te place au dessus de toutes les lois de la physique ? Tu veux faire payer des actes à des personnes qui t'attendent de pied ferme. Chaque mangemort a un œil derrière son épaule tant il s'attend aux représailles de ses victimes et tu comptes sur ton expérience pour les avoir par surprise ? Où as-tu rangé ta fierté pour me supplier de la sorte ? » Demanda-t-il, sans la relâcher pour autant, il n'en avait pas envie, pas tout de suite, il voulait qu'elle avoue, qu'elle lui dise qu'elle n'était pas à la hauteur et il ne lui laisserait pas la moindre chance de s'échapper, il la tenait trop bien, il avait une prise impeccable et la menace de sa baguette finissait d'achever le tableau. Si elle tentait quoi que ce soit de stupide, le sort partirait plus vite que son corps, de toute manière. Elle était coincée, il le savait et elle aussi puisqu'elle en venait à se défaire de sa colère pour cesser de le défier comme elle avait pu le faire. « Tu veux que j'abrège tes souffrances, là, maintenant ? » Chuchota-t-il contre son oreille, presque conciliant. Un mot d'elle et il la tuerait, il voulait savoir si elle en aurait une nouvelle fois le courage.

En quelques semaines seulement, cette guerre m'avait tout pris : mes parents, ce qui restait de mon innocence. Je n'étais plus qu'amertume, rancoeur et désillusions, je ressentais parfois des sursauts de haine, mais plus rien de positif cependant. L'espoir était mort dans l'oeuf, noyé parmi tout le reste. Je laissai échapper un autre gémissement de douleur tandis qu'il resserrait sa prise, pour un peu, j'aurais eu l'impression que mes os étaient en train d'éclater entre ses doigts. « Où est passé ta combativité Tracey ? [...] Où as-tu rangé ta fierté pour me supplier de la sorte ? » J'hochai la tête en signe de négation. Je ne voulais pas abdiquer, pas tout de suite. Cette quête pourtant insensée était ma principale raison de vivre depuis quelques semaines, je ne pouvais pas y renoncer. C'était ce qui me maintenait en vie et sans ça, je n'étais plus qu'une coquille vide, vidée de toute substance. « Tu veux que j'abrège tes souffrances, là, maintenant ? » La guerre m'avait tout pris... Trop, c'était trop, c'était bien plus que je ne pouvais supporter. Le monde tel que je le connaissais était pourri jusqu'à l'os, je n'avais plus aucun espoir en l'humanité. Alors à quoi bon vivre si je devais la regarder se détériorer de jour en jour, sans aucun espoir de rémission ? Le bien, le mal, la frontière se brouillait dans mon esprit, ils étaient tous à mettre dans le même sac. Se ranger du côté du bien, c'était légitimer le droit de tuer, c'était encore pire que d'assumer pleinement ce fait, parce qu'au moins dans le second cas il n'y avait pas toute cette hypocrisie latente. « ASSEZ ! » criai-je d'une voix forte, quoiqu'un peu éraillée. Je ne voulais plus de ça. Qu'y avait-il à gagner, dans le fond ? Rien, et surtout pas le gros lot. « Assez. » répétai-je en un murmure, réprimant mon envie de pleurer. « Je m'en fous. » Plus rien ne me retenait. « J'en ai plus rien à foutre. » Il pouvait penser que j'abandonnais, que je ne me battais pas, je m'en moquais éperdument, cela ne m'empêchera pas de dormir puisque la prochaine fois que je fermerai les yeux, ce sera sans doute pour plonger dans le sommeil éternel. Qu'il m'achève, maintenant.

« ASSEZ ! » Elle n'avait pas perdu de sa hargne et il sentit les vibrations dans son corps avec délectation, il adorait cela, il s'en nourrissait. Bon sang, depuis la mort de Alexander, il y avait vraiment quelque chose chez lui qui ne tournait pas rond. « Assez. » Non, elle se dégonflait aussi vite qu'elle s'était remplie, comme un ballon qu'on aurait arrêté de gonfler au beau milieu et qu'on aurait lâché. Dommage. « Je m'en fous. » Voilà qui était fort intéressant, elle perdait foi en sa vie et en sa vengeance, elle se fichait de mourir sans avoir accompli ce pourquoi elle était partie. Il redressa la tête avant qu'elle n'ajoute. « J'en ai plus rien à foutre. » Il fit jouer sa baguette devant son nez avant de la maintenir une nouvelle fois contre sa gorge, cette fois à distance, comme s'il allait réellement prononcer une formule pour mettre fin à son existence. « Tu as conscience que par deux fois, tu m'as donné l'autorisation de te tuer ? Tu me l'as presque demandé, est-ce que tu me supplierais de le faire si je décidais de te torturer un peu avant ? » La nargua-t-il avant d'éloigner sa tête pour la regarder dans les yeux. Il avait sa vie entre les mains, il le sentait jusqu'au bout de sa baguette, il en avait parfaitement le droit, il aurait pu le faire si facilement mais au bout d'interminables secondes durant lesquelles il resta silencieux, sur la défensive, sans jamais rien dire ou rien faire, un lent sourire vint se peindre sur ses lèvres. Brusquement, sans prévenir, il relâcha tout son corps dans un même mouvement, reculant de deux pas, la laissant contre l'arbre sans aucune douceur. Il baissa sa baguette. « Tu m'as l'air bien malheureuse, on dirait que tu as perdu ton désir d'exister, quel genre de bourreau je serais si je te laissais te libérer de ce poids sur tes épaules ? Probablement le pire qui soit. En souvenir du bon vieux temps, je crois que je vais te laisser la vie sauve, je vais peut-être même te laisser vingt secondes d'avance pour que tu puisses t'enfuir. Considères que c'est un cadeau ou plutôt une malédiction que ton ancien professeur te fait. » Mais il savait qu'il avait toujours sa baguette, cela ne sonnait pas le glas de leur altercation, il ne voulait pas qu'elle parte tout de suite, il voulait d'abord savoir ce qu'elle pensait de l'idée qu'il se faisait d'un châtiment.

En l'espace d'un instant, j'eus l'espoir qu'il me laisse enfin tranquille, mais ça aurait été trop beau pour être vrai, voilà qu'il me tenait à nouveau en joue. Il suffisait d'un sort, même informulé pour que je sois délivrée de ce cauchemar éveillé. « Tu as conscience que par deux fois, tu m'as donné l'autorisation de te tuer ? Tu me l'as presque demandé, est-ce que tu me supplierais de le faire si je décidais de te torturer un peu avant ? » Un frisson de dégoût me parcourut l'échine. Il n'oserait quand même pas ? Bien sûr que oui il oserait, peu importait que j'étais un de ses meilleurs éléments. C'était un Mangemort, un monstre. Le meurtrier de mes parents avait été capable de tuer une moldue sans défense, O'Donnell sera capable de torturer une jeune femme de dix huit ans à peine jusqu'à ce que mort s'ensuive. « Tu m'as l'air bien malheureuse, on dirait que tu as perdu ton désir d'exister, quel genre de bourreau je serais si je te laissais te libérer de ce poids sur tes épaules ?[...] Considères que c'est un cadeau ou plutôt une malédiction que ton ancien professeur te fait. » J'eus envie de rire jaune. Je n'avais pas besoin de sa clémence. Je ne le croyais pas. Ça m'étonnerait vraiment qu'il me laisse partir comme ça, j'imaginais que ce n'était pas son genre de ne pas torturer un peu ses victimes. « Je ne partirai pas sans ma baguette. » réclamai-je finalement, avec assurance, en osant enfin le regarder. Et en admettant qu'il ne me la rende pas, je ne voyais pas bien en quoi elle pouvait lui servir. « Elle ne vous obéira pas de toute façon. » Déjà qu'elle avait du mal à m'obéir à moi, alors je n'osais pas imaginer ce que cela donnerait si elle passait entre les mains d'un autre propriétaire. J'osais espérer qu'elle me fût loyale jusqu'au bout, de toute manière, O'Donnell n'était pas digne d'elle. « Rendez-la moi. S'il vous plaît. » Je ne le suppliais aucunement. J'étais juste polie. Un ordre, ça passait toujours mieux avec les mots magiques, n'est-ce pas ?

Daley la regardait se remettre de ses émotions passablement agacé qu'elle reprenne du poil de la bête quand elle le suppliait quelques secondes plus tôt. Elle le regarda à nouveau et il redressa légèrement le menton, intrigué par ce comportement. « Je ne partirai pas sans ma baguette. » Ah, c'était donc ce qui la retenait évidemment, il ne lui avait donc pas fait assez mal pour qu'elle en oublie sa baguette, elle n'était pas assez terrorisée. Son corps tout entier le poussait presque à y remédie sur le champ mais il n'en avait pas tout de suite l'impression. « Elle ne vous obéira pas de toute façon. » Alors là, elle ignorait combien il s'en fichait, il eut un sourire agaçant, celui d'une personne qui pense tout savoir et tout comprendre. « J'en ai déjà une, qu'est-ce qui te fait penser que j'aurais envie de la garder pour m'en servir ? J'ai l'intention de faire une vitrine chez moi avec les baguettes de mes victimes, mortes ou vivantes, je trouve cela incroyablement poétique. » Annonça-t-il et il avait commencé d'ailleurs, même si l'unique baguette d'une personne vivante était celle de Doraleen, l'idée d'y ajouter celle de Tracey lui plaisait énormément. « Rendez-la moi. S'il vous plaît. » Il arqua un sourcil devant ce trop plein de politesse et haussa les épaules. « Puisque tu es dans les formules de politesses, je pense que tu oublies « merci de m'épargner alors que vous avez le droit de vie ou de mort sur moi à cet instant précis. » Exigea-t-il dans un sourire en coin, satisfait. Il voulait l'entendre même si ce n'était pas pour ça qu'il lui rendrait sa baguette. « Et fais en sorte que j'y crois. » Ajouta-t-il avant de croiser les bras, attendant patiemment qu'elle le contente. Il s'amusait, il jouait et rien ne l'en empêcherait. Elle devait avouer qu'il était bien plus agréable et bien moins dangereux comme ça, même si couvait dans sa posture une menace implicite qu'elle ne devrait pas oublier. Mais pour l'heure, il oubliait sa fureur pour la voir enrager un peu à son tour. Il avait décidé qu'il la laisserait partir, cela ne voulait pas dire qu'il allait le faire tout de suite et sans la torturer encore un peu. Cet entretien n'était pas tout à fait terminé, il n'en avait pas vraiment fini avec elle et elle ne partirait pas sans sa baguette, voilà qui allait être intéressant.