Voilà plusieurs jours que Lyla avait quitté l'Angleterre pour l'Ecosse, elle voulait changer d'air et elle avait rapidement transplané le plus loin possible pour prendre du recul et pour éviter à tout prix les rafleurs et les mangemorts qui s'acharnaient contre ceux qui, comme elle, étaient nés de deux parents sans pouvoir magique. Et même si elle était fière d'être une sorcière mais aussi de ses origines qui lui faisaient connaître les deux mondes, elle regrettait parfois de ne pas avoir au moins un sorcier dans sa famille pour la mettre en sécurité, pour qu'elle puisse faire ce qu'elle veut de ses journées, sans être obligée de fuir sans cesse, sans être contrainte de se cacher, de se terrer dans des trous de souris pour survivre. Mais dans les rares moments où elle s'imaginait fille d'un sang-pur, elle ne pouvait s'empêcher de rejeter ce désir, elle était fière de ce qu'elle était, pas question pour elle de renier sa famille et ses origines pour entrer dans les normes d’extrémistes psychopathes. Malgré tout, il lui fallait survivre et la petite menteuse qu'elle était devenue n’avait trouvé qu'un moyen à cela : chercher des maisons, des appartements abandonnés pour y loger quelques jours, le temps de se remettre en marche, le temps de se reposer, de profiter d'un canapé moelleux et d'une cheminée qui lui réchauffait le corps et le cœur. Ce petit confort pouvait être risible mais elle y tenait, elle en avait besoin. Voilà trois jours qu'elle campait tant bien que mal, elle avait absolument besoin d'un peu de chaleur, l'Ecosse était froide à cette période de l'année, le sol glacé et l'air étouffant de fraîcheur. Elle avançait prudemment parce qu'elle avait repéré une maison quelques heures auparavant et elle avait entendu les moldus parler de vacances en Andalousie pour y trouver un peu de chaleur en cette période si froide. Bien qu'elle ait résisté à l'envie de se jeter dans le coffre de leur voiture pour les suivre jusque-là -ce qui aurait été puéril puisqu'elle pouvait parfaitement transplaner d'elle-même- elle avait plutôt décidé d'attendre leur départ pour profiter de leur maison. L'endroit était parfaitement isolé, loin de tout, elle doutait qu'un mangemort vienne fourrer son nez dans les environs pour l'instant, elle ne voulait y rester que quelques jours, deux, peut-être trois, juste le temps de réchauffer ses pieds trempés par la pluie qui était tombée quelques heures plus tôt. Le sol agricole était glissant et c'était non sans déparer qu'elle parvint à la porte d'entrée de la maison, plus de deux heures après le départ des moldus, au cas où l'oubli d'un objet important leur aurait fait faire demi-tour au dernier moment. Elle ouvrit la porte, attendit de voir si une alarme protégeait les lieux mais à voir la simplicité de la maison, elle en doutait fortement. Très vite, elle referma la porte pour ne pas laisser l'air frais entrer dans la maison, même si les propriétaires avaient bien sûr éteint les chauffages qu'elle s'empressa de rallumer.
Bien sûr, elle ne prit pas le risque d'ouvrir un seul volet et la seule lumière qu'elle se permettait était celle de sa baguette. Si un voisin passait, malgré l'absence de maisons aux environs, elle ne voulait pas prendre le risque de se retrouver nez à nez avec un fusil. Épuisée par sa longue fuite de la journée et par le froid qui avait engourdi ses membres mais aussi par les trois jours passés dehors, Lyla ne prit pas le temps d'allumer la cheminée ou de se faire à manger, ni même de trouver une chambre confortable, elle s'allongea sur le canapé et ferma les yeux rapidement. Elle devait dormir depuis quelques heures parce que lorsqu'elle les rouvrit, la nuit semblait sur le point de tomber et elle se rendit compte qu'elle s'était réveillée pour une raison. Elle sursauta en voyant un homme entrer dans la maison, le cœur battant la chamade, elle se releva aussi rapidement qu'elle le put, comme montée sur un ressort. Elle sortit sa baguette et la pointa vers l'inconnu tandis qu'il faisait exactement la même chose de son côté, visiblement surpris de trouver la maison occupée. Elle pensait, comme elle l'avait prédit, à un habitant du village trop curieux mais bien vite, les traits du jeune homme lui parurent familiers et elle fronça les sourcils en le voyant hésiter. « Lyla... » Elle se pencha légèrement en avant, parce qu'elle n'avait pas la même faculté que lui à le reconnaître et comme il connaissait son nom, elle devait être capable de faire de même et la réalité lui éclata en plein visage lorsqu'elle se rendit compte qu'en effet, elle le connaissait très bien. « Ezra ? » Elle resta figée un instant, incertaine. Elle ne l'avait pas revu depuis Poudlard, depuis qu'ils avaient obtenu leur dîplome et dans ce concept maléfique, dans cette ambiance noire, elle ne savait pas ce qu'il était devenu et son premier réflexe fut de vouloir transplaner aussi loin de lui que possible. Mais elle remarqua bien vite qu'il avait le dos courbé et qu'il se tenait l'épaule, elle vit aussi deux plaies à la base de son cou et elle fronça les sourcils. Il était blessé. Elle s'empressa d'allumer la lumière, pour mieux tenir compte de son état et resta une nouvelle fois figée devant lui. Il avait changé, il n'avait plus vraiment l'air du jeune homme de dix-sept ans qu'elle avait connu. Elle inspira et lui demanda, rapidement. « Qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ? » Elle était en droit de poser ses questions, après tout, elle avait été la première dans la maison, elle avait la priorité sur lui, malgré tout ce qu'il pourrait dire. Elle ne savait pas comment se comporter exactement, il avait toujours eu de tels à priori sur les nés-moldus qu'elle pouvait presque supposer la raison pour laquelle il était ainsi blessé. Pourtant, Ezra avait été une personne qu'elle avait apprécié, malgré tous les préjugés qui s'étaient glissés entre eux à l'époque, malgré le caractère changement du jeune homme et l'influence de son frère sur son esprit. Lyla avait fini par le considérer comme un ami, sans savoir si la réciproque avait un jour été vrai mais pour le moment, elle ne pouvait se résoudre à le laisser agoniser sur le tapis. Elle s'avança, aussi prudemment que possible, comme s'il s'agissait d'un animal sauvage blessé, comme s'il allait l'attaquer à tout moment. Elle avait un grand cœur mais elle savait rester prudente et elle plongea ses yeux dans les siens pour lui parler doucement. Elle pouvait l'aider, elle était médicomage. Elle l'était, avant la chute du ministère, elle l'avait été pendant deux mois mais elle avait dû fuir, ce qui n'enlevait en rien ce qu'elle était aujourd'hui. Elle continua d'avancer pour mieux prendre connaissance de ses blessures et finalement, elle s'arrêta tout près de lui, ignorant qu'elle ne pouvait pas transplaner s'il se faisait menaçant, ce qu'elle avait exactement en tête à cet instant précis et c'était bien la seule raison pour laquelle elle s'était approchée de lui. « Je sais que tu dois t'en douter, mais tu es pas mal amoché et je préfèrerais éviter d'avoir à faire trop de ménage en sortant de cette maison et donc que tu te vides de ton sang sur le sol. Laisses-moi t'aider. » Elle parlait d'une voix plus légère qu'elle ne s'en pensait capable quand la tension qui l'habitait aurait dû la rendre légèrement tremblante. Elle voulait garder l'air sûre d'elle pour éviter d'avoir l'apparence d'une proie facile et d'une bonne petite née-moldue qu'il serait aisé de capturer vivante ou morte. Elle porta sa main à son bras, comme pour l'inciter à bouger et désigna le canapé d'un bref coup de menton pour qu'il s'y dirige, dans l'hypothèse où il accepterait de rester maintenant qu'il savait la maison occupée.